Gilles Malval revient sur vingt-huit ans de carrière dans la musique et l’événementiel

Le disc-jockey et fondateur de Noctem Entertainment, Gilles Malval, évolue sur la scène musicale haïtienne depuis plus de vingt-huit ans. Parmi les Djs qui ont choisi de s’aventurer dans l’house musique, il se distingue comme l’un des premiers à le faire dans le pays, à une époque où ce choix était perçu comme risqué. Lors d’un entretien accordé à notre rédaction, il est revenu sur son parcours, marqué par la passion et la persévérance.

Depuis son adolescence, Gilles Malval a grandi dans un environnement musical diversifié. Fils d’un musicien, il s’intéressait à la musique au point de réaliser des cassettes pour ses camarades, disposant d’une discographie riche. Toutefois, il explique qu’il n’avait pas envisagé de devenir DJ. Sa curiosité et sa passion pour la musique l’ont conduit à interroger Power Mix lors d’une prestation avant de prendre le contrôle des platines.

« Je ne me souviens plus de l’année exacte, mais je me souviens du lieu. C’était au club RAW à Kenscoff. Je lui ai posé quelques questions sur son matériel, il me l’a expliqué, puis m’a demandé si j’avais compris. J’ai dit oui, et il a répondu : OK, maintenant vas-y, je ne mixe plus, la fête est à toi ! » raconte-t-il.

Le quadragénaire se souvient avoir commis quelques erreurs lors de cette première expérience, mais se dit satisfait : « je m’en suis plutôt bien sorti ! L’émotion ressentie en voyant la réaction du public était vraiment incroyable et je ne l’oublierai jamais ». Il a ensuite poursuivi son apprentissage progressivement, en animant certains événements de son lycée. « Pendant mes études universitaires à Miami, j’ai acheté mes premiers équipements de DJ professionnel et j’ai animé quelques soirées privées », ajoute-t-il.

Son premier contrat professionnel survient en décembre 1997, aux côtés de T-Vice à l’Infini de Kenscoff. « Mon premier contrat de DJ professionnel a eu lieu en décembre 1997, aux côtés de T-Vice à l’Infini de Kenscoff », précise-t-il.

Vers l’an 2000, Gilles Malval élargit son activité pour devenir organisateur et promoteur d’événements. « Mon amour pour l’organisation événementielle s’est développé parce que je sentais que je pouvais apporter beaucoup à l’industrie grâce à ma créativité et mon éthique de travail », dit-il. Il a produit de nombreux événements tels que Noche Buena et Le Getaway. « De là, j’ai eu l’honneur de collaborer avec certains des artistes les plus talentueux de notre pays et d’accueillir également d’incroyables talents internationaux », indique le DJ.

Entre Haïti et les États-Unis, Gilles poursuit son aventure musicale, en s’intéressant particulièrement à la musique électronique autour de 2003-2004. Il se spécialise dans ce registre pour diversifier la scène festive haïtienne. « Je suivais les tendances, mais je veillais toujours à faire découvrir de nouveaux morceaux et de nouveaux artistes », explique-t-il, précisant qu’il n’a jamais eu de style strictement défini.

Selon Gilles, son métier exige une capacité d’observation et d’adaptation : « Je préfère observer le public et essayer d’imaginer ce qui lui plaît et qui correspond à l’ambiance du moment. Pour moi, il n’y a pas vraiment de frontière, tout est question d’émotion ». L’improvisation tient un rôle central dans ses prestations. « Si un DJ ne sait pas improviser, cela signifie que son seul but est de passer sa sélection sans se soucier du public », souligne-t-il.

En 2012, il décide d’arrêter ses activités de DJ pour se consacrer exclusivement à l’événementiel. « J’ai arrêté d’être DJ professionnel pour me consacrer exclusivement à l’événementiel, car il était devenu très difficile de concilier les deux », explique-t-il. Cette décision répond à une logique professionnelle : le nombre d’événements qu’il organisait nécessitait beaucoup de temps et d’énergie.

Malgré cette orientation, Gilles souligne que la passion a guidé sa carrière dès le départ. « Il est impossible de savoir si une carrière sera longue ou non. Si ma passion est toujours là et que les gens apprécient mon travail, je continue. C’est aussi simple que ça », affirme-t-il.

Il revient sur les contraintes de son métier : « Après certains événements, je me demande parfois comment je tiens encore debout. Mais la réponse est très simple : j’aime ce que je fais et je ferai toujours de mon mieux pour ne jamais décevoir les personnes qui paient pour venir me voir jouer ou soutenir les événements que j’organise ».

Gilles insiste sur l’importance de la discipline et de l’amour pour la musique comme moteur principal. « Mon amour pour la musique et le bonheur des personnes qui assistent à mes événements », résume-t-il. Il évoque également le projet Getaway comme un moment clé de sa carrière. « Mes associés, Gardy et Laurie Girault et moi, nous avions eu cette idée, et elle était avant tout une histoire de passion et d’amour pour notre pays. Nous étions conscients des risques et savions que nous perdrions probablement de l’argent lors de ses premières éditions », raconte-t-il.

Aujourd’hui, Gilles Malval continue de suivre la scène musicale haïtienne. « Ce qui est formidable à mes yeux, c’est que, grâce à cette évolution, nos artistes et producteurs locaux ont développé leur propre style en fusionnant les tendances actuelles avec une touche haïtienne. Malgré cette évolution, nous n’avons jamais perdu notre identité culturelle », conclut-il.

Concernant ses projets futurs, il se montre prudent face à la situation du pays : « Elle est tellement instable que j’ai arrêté de travailler sur de nouveaux plans. J’ai déjà beaucoup d’idées et de projets sur mon ordinateur, mais je préfère avancer au jour le jour et faire de mon mieux avec la réalité dans laquelle on se trouve, tout en espérant que notre pays connaisse bientôt des jours meilleurs », espère-t-il.

Par Youbens Cupidon © Chokarella

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