Papi Jay confie à Chokarella la préparation de son deuxième album et de nouvelles collaborations

Révélé en 2022 lors de la neuvième saison de « La Voix », au sein de l’équipe de Corneille, Papi Jay, de son vrai nom Jefferson Milce, poursuit son parcours musical entre quête identitaire et affirmation artistique. L’artiste québécois d’origine haïtienne annonce la préparation de nouveaux projets, dont un second album, plusieurs singles, un concert prévu au Club Soda en septembre et un mini-film inspiré des morceaux « Holy Home et Sucre Noir ». Des collaborations avec Drey Soul, Greezy, Nico du groupe Enposib et un nouveau lancement de sa marque « Debouya Since 1804 » figurent également à son agenda.

Auteur, compositeur-interprète et entrepreneur, Papi Jay conçoit la musique comme un espace de spiritualité, de mémoire et d’affirmation personnelle. « J’ai toujours su, au fond de moi, que la musique serait ma voie », confie-t-il. Né et élevé en Haïti, il grandit dans un environnement où l’expression artistique est peu valorisée. « Mes parents espéraient que je devienne pilote, ingénieur, médecin ou avocat, des professions “stables” et “respectables”. La musique, elle, était perçue comme un passe-temps incertain », se souvient-il.

Avant de véritablement s’investir dans la musique, il envisage de participer au concours « Digicel Stars », sans aller au bout de cette idée. C’est en 2015, après son installation au Canada, qu’il renoue avec cette passion. Il participe à un concours de chant dans son établissement scolaire, avant de tenter à trois reprises l’aventure « La Voix ». « La musique revenait me chercher. J’ai participé à un concours de chant à l’école, puis à « La Voix ». Après deux tentatives infructueuses, la troisième fut la bonne : j’ai terminé 2e », raconte-t-il.

Un tournant survient lorsqu’il publie sur Instagram une vidéo où il interprète « Lanmou D’Antan », une chanson en créole composée à l’occasion d’un événement hommage aux artistes noirs. « Corneille est tombé dessus. Il m’a contacté à travers son partenaire Martin, et… le reste appartient à l’histoire », explique l’artiste. Cette rencontre marque le début d’une collaboration artistique et débouche sur un contrat de production. Deux ans plus tard, Papi Jay rejoint officiellement le label de Corneille.

Le 15 novembre 2024, il publie « Debouya », un premier album de 11 titres dans lequel il explore les tensions et les rapprochements entre ses identités culturelle et spirituelle. L’album, écrit en un mois et demi, mêle R&B, soul, konpa, rara et afro. « Mon style musical est une fusion de l’âme haïtienne, des vibrations du R&B, de la douceur du konpa, et de la profondeur spirituelle de la diaspora noire », déclare-t-il.

Plusieurs artistes tels qu’Imposs, Raccoon, Corneille et Naate NK prennent part à cet album. Pour Papi Jay, Debouya constitue « un vrai milestone ». Il poursuit : « Je mélange les langues, les rythmes et les émotions comme un alchimiste. Mon univers est un sanctuaire sonore, un espace entre la terre et l’esprit. » L’artiste considère sa musique comme un acte spirituel et mémoriel. « Mon art est une offrande. Un pont entre ceux qu’on a perdus et ceux qu’on devient. Une manière de dire : “Nou la. Nou pa pèdi.” », précise-t-il.

Son esthétique visuelle traduit également cette volonté de relier héritage spirituel, tradition et urbanité contemporaine. Les thématiques qui traversent son œuvre gravitent autour de la foi, l’amour, la résilience, l’identité, la communauté et l’évolution personnelle. « La musique, c’est tout. C’est un langage, un pont, un exutoire, un portail, un guérisseur. Elle peut autant construire que détruire. Elle m’a sauvé. Elle m’a permis de me reconnecter à moi-même, à mes ancêtres, à mes rêves. », affirme-t-il dans cet entretien.

La création musicale de Papi Jay repose sur une approche instinctive. Elle naît d’émotions, d’images ou de sons qui émergent de manière spontanée. « Tout part d’une idée, d’une image mentale, d’une émotion. Parfois une instru m’inspire, parfois une mélodie me vient sans prévenir. Parfois encore, tout est dans ma tête du début à la fin : paroles, ambiance, rythme. Je me laisse guider. », détaille-t-il.

Ce processus donne naissance à des morceaux qu’il souhaite à la fois sincères et intenses. « Je veux qu’on retienne l’intensité, la sincérité, la résilience. Je veux qu’on comprenne qu’on a le droit de ressentir. Que les émotions sont faites pour être vécues, pas étouffées. Je veux que les gens se sentent vus à travers ma musique. » Un moment décisif reste son interprétation d’une chanson konpa lors de « La Voix », devant un public majoritairement québécois. « Le moment où j’ai chanté du konpa à « La Voix » et vu l’impact que ça a eu sur le public… Ce fut un déclic. », se rappelle-t-il.

Cette prise de conscience le conduit à façonner un style singulier, à la croisée des cultures et des sensibilités. « Mon style musical est une fusion de l’âme haïtienne, des vibrations du R&B, de la douceur du konpa, et de la profondeur spirituelle de la diaspora noire. Je mélange les langues, les rythmes et les émotions comme un alchimiste. Mon univers est un sanctuaire sonore, un espace entre la terre et l’esprit. », déclare-t-il à nouveau.

De nouveaux projets à venir

Aujourd’hui, Papi Jay estime franchir une étape importante de sa trajectoire. « Je suis à une étape clé. Je sens que mon message commence à toucher, que mon identité artistique est de plus en plus claire. Je commence à impacter vraiment les gens, et ce n’est que le début. » Parmi ses projets à court terme : un spectacle prévu en septembre au Club Soda, un mini-film inspiré des titres Holy Home et Sucre Noir, de nouveaux singles en préparation, des collaborations avec Drey Soul, Greezy et Nico du groupe Enposib, ainsi qu’un second lancement de sa marque Debouya Since 1804. Il travaille également à un deuxième album. « Il sera encore plus personnel, plus affirmé. Sur le plan narratif, je travaille un format visuel avec un mini-film autour de « Holy Home et Sucre Noir ». Ce sera à la fois intime, ancestral et cinématographique. », précise-t-il.

En parallèle, il cultive plusieurs centres d’intérêt, de la peinture à la course à pied, en passant par la lecture, le design et l’entrepreneuriat. « J’aime courir, peindre, créer, lire, réfléchir à des concepts business. La mode, le design, l’entrepreneuriat nourrissent aussi ma créativité. », indique-t-il.

À travers ses projets musicaux, visuels et entrepreneuriaux, Papi Jay poursuit la construction d’un univers personnel, en lien étroit avec ses racines et les aspirations de sa génération.

Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella

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