La chanteuse haïtiano-canadienne Jessie Simmons, originaire d’Ottawa et issue d’une famille haïtienne, s’impose progressivement dans le paysage afro-caribéen du Canada. Cette année, elle célèbre dix ans de carrière musicale. À cette occasion, elle s’est confiée à Chokarella sur son parcours, son identité artistique, ses influences et ses projets.
Née au Canada de parents haïtiens, Jessie Simmons a grandi dans un environnement où culture, langues et valeurs familiales ont façonné son identité. « Ma mère me répétait souvent qu’il fallait se souvenir d’où l’on vient, tout en appréciant les privilèges d’être née au Canada », raconte-t-elle. Ce double héritage est devenu une source d’inspiration et un moteur dans son travail artistique. Aujourd’hui, elle chante aussi bien en français, en anglais qu’en créole.
Dès l’enfance, la musique occupe une place centrale dans sa vie. Jessie Simmons fait ses premiers pas dans les églises, participe à des festivals scolaires, des comédies musicales, avant de se produire en solo. « Depuis mon plus jeune âge, la musique a toujours fait partie de ma vie. En tant que femme noire évoluant dans l’univers musical, j’ai toujours cherché à créer un espace où mes racines, mes valeurs et mes émotions puissent s’exprimer librement à travers ma voix et mes créations », confie-t-elle.
Un programme coopératif en musique, intégré en 12e année, confirme sa vocation. « Cette immersion dans le quotidien d’une artiste m’a confirmé que c’était ma voie », poursuit-elle. Après ses études secondaires, elle s’investit dans la promotion d’événements, ce qui lui offre ses premières scènes. En 2014, elle sort son premier single Fly Away. Depuis, elle enchaîne productions et scènes, avec notamment son album Amoni paru en 2023 et plusieurs singles et EP tels que Distans, For You, Plus jamais seul, Wisdom, ou encore Always on My Mind.
Son parcours est marqué par les obstacles, qu’elle aborde avec lucidité. « Il faut savoir rester humble et ouvert à l’apprentissage. Le talent peut vous ouvrir des portes, mais c’est le travail et la constance qui vous y maintiennent », confie-t-elle. En 2023, elle reçoit le prix de “l’Album de l’année” aux Kilimanjaro Music Awards pour Amoni. Elle organise la même année un concert à guichets fermés pour célébrer ce projet.
L’année suivante, elle se produit à Halifax avec DJ Velvet dans le cadre du week-end des Prix Juno, un événement musical d’envergure au Canada. Jessie Simmons participe également à Ayiti Déplogé, à Brooklyn, avant de fêter, en 2025, ses dix ans de carrière sur la scène du Centre National des Arts d’Ottawa. « J’ai célébré mes 10 ans de carrière en remplissant la prestigieuse scène du Centre National des Arts qui était aussi guichets fermés », souligne-t-elle.
L’été 2025 s’annonce tout aussi dense. Jessie Simmons se produira au Ottawa Bluesfest avec son groupe. Un rendez-vous qu’elle attend avec impatience : « Et cet été, en juillet 2025, je me produirai au Ottawa Bluesfest avec mon groupe complet, un rêve devenu réalité », confie-t-elle.
Un univers musical aux influences croisées
Jessie Simmons développe un style musical à son image : métissé et pluriel. « Je chante de la musique afro-caribéenne, un mélange vibrant d’afrobeats, de konpa, de zouk, avec une touche de R&B », explique-t-elle. Sa musique s’inscrit dans une fusion des genres et des langues : le français, l’anglais et le créole.
Ses influences musicales sont variées. Parmi elles, des artistes haïtiens et internationaux : Rutshelle Guillaume, Oswald, Beyoncé, Dener Ceide, En Vogue, Jazmine Sullivan. « Ce sont des artistes qui m’ont influencée par leur puissance vocale, leur authenticité et leur capacité à raconter une histoire à travers la musique », détaille-t-elle.
Quant à son processus de création, Jessie Simmons mise sur l’émotion et la spontanéité. « J’aime que chaque chanson reflète vraiment qui je suis », précise-t-elle. Ces derniers temps, elle préfère partager avec ses producteurs une ambiance ou un “vibe” qu’elle souhaite donner à ses morceaux. Les instrumentales lui sont généralement envoyées, qu’elle prend le temps d’écouter la nuit. L’écriture suit, parfois en collaboration. « J’adore aussi les séances d’écriture collaborative, où l’on crée ensemble. En studio, je prends mon temps », poursuit-elle.
Au-delà de la scène, un engagement pour la jeunesse
En dehors de ses activités artistiques, Jessie Simmons s’implique dans des projets communautaires. En 2023, elle initie un programme de mentorat destiné aux jeunes femmes noires d’Ottawa. « En 2023, j’ai lancé ce programme parce que je me souviens d’où je viens. J’ai grandi dans des logements communautaires et j’ai participé à plusieurs programmes pour les jeunes : clubs de devoirs, cours de danse, camps d’été, ces espaces m’ont aidée à me forger une identité », explique-t-elle.
Consciente des obstacles auxquels sont confrontées les femmes noires dans l’industrie musicale — notamment le manque de ressources, de représentation et de mentorat — elle souhaite aujourd’hui transmettre et soutenir. « En tant que femme noire dans l’industrie musicale, j’ai souvent été confrontée à des obstacles », observe-t-elle. « Aujourd’hui, après dix ans de carrière, j’ai envie de tendre la main à la prochaine génération ». L’artiste envisage même d’élargir ce programme dans les prochaines années : « Et oui, je souhaite absolument le poursuivre et même l’élargir dans les années à venir », affirme-t-elle.
Un équilibre personnel recherché
Jessie Simmons cultive d’autres passions en parallèle de la musique. Le bien-être et le fitness occupent une place importante dans son quotidien. « Prendre soin de moi physiquement, émotionnellement et mentalement est devenu essentiel », indique-t-elle. Elle consacre aussi du temps à la lecture, au sport, à l’écoute musicale et à la gestion de projets. L’engagement communautaire reste également une de ses priorités. « Donner en retour à ma communauté est une valeur fondamentale pour moi », insiste-t-elle.
Plus d’informations sur l’artiste et son travail sont disponibles sur son site officiel : www.jessiesimmonsmusic.com
Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella
