Les fêtes patronales en Haïti: un potentiel touristique à mieux exploiter

En Haïti, sous fond de messes d’action de grâce et d’autres événements culturels, les habitants des communes et des sections communales célèbrent chaque année leur saint patron.

Il s’agit en effet des fameuses fêtes patronales auxquelles s’invitent nombre de pèlerins, de petits marchands, de mendiants, d’autorités publiques et de propriétaires des jeux de hasard. Durant la saison estivale, les fêtes patronales et les fêtes champêtres se confondent fort souvent. Si la première s’associe aux pélérinages religieux des chrétiens catholiques et des vodouisants, la deuxième quant à elle se refère aux activités de divertissements telles que: les tournois de football, les baignades à la plage et dans les eaux douces, les foires gastronomiques, les bals, les spectacles de vélo acrobatique, les spectacles de danses populaires et de théâtre en plein air, etc.

Les fêtes patronales se déroulent sur toute l’année. Certaines communes ou sections communales ont en commun le même saint patron. Par exemple, c’est le cas de Arniquet, de Bas-limbé, de Capotille, de Cayes-jacmel et de Saut d’Eau qui célèbrent le Mont Carmel au sein de leur paroisse respective tous les 16 juillet. Cependant, les fêtes champêtres débutent généralement à la mi-juin et terminent au mois de septembre. Les plus populaires se tiennent dans le département du nord. Chaque année, à l’occasion du Saint Jacques, de la Sainte Anne et de la Sainte Philomène, les Campinordais, les Limonadiens et les habitants du Bord de mer de Limonade accueillent des milliers de visiteurs et de pèlerins locaux et de la diaspora. La commune de la Plaine du nord abrite l’un des sites les plus mythiques d’Haïti: le bassin Saint Jacques. Tous les jeudis et particulièrement le 25 juillet, des jeunes et des vieux vont y jeter leurs incantations et leurs offrandes dans l’espoir de trouver guérison, fortune, visa de voyage, emploi, etc.


Paradoxalement, la célébration de ces festivités représente un défi pour diverses zones. D’un point de vue social, se pose le problème de la tolérance, et/ou de l’éducation. Par exemple, à Plaine du Nord, il est déjà arrivé que de zélés protestants, bible en main, se sont présentés sur les sites dans le but ultime d’evangeliser les pratiquants à coups de slogans. Et n’était-ce l’intervention des locaux, la situation s’aggraverait.

D’un point de vue environnemental, l’enjeu est aussi de taille. Toujours après le départ des pèlerins, les déchets en matière plastique jonchent les rues et les sites de cérémonie. Or les autorités municipales disposent de faibles ressources financières et matérielles pour les nettoyer dans un délain convenable. La plupart du temps, deux options s’imposent. Soit l’environnement s’en charge lui-même quand il pleut, soit des comités de quartier s’en occupent avec les moyens du bord.

Les fêtes patronales et champêtres sont une invitation à découvrir les fils d’une même nation dans la diversité de leurs expressions culturelles. Malgré l’attraction que suscite leur déroulement, elles ne constituent guère une source d’enrichissement fiable pour les mairies et les populations locales. Et le pire, les paroisses et une partie du secteur informel récoltent au mieux les recettes qu’elles génèrent. Néanmoins, au cas où elles feraient l’objet d’une politique de développement efficace, des visiteurs des quatre coins du monde pourraient s’y interesser, comme le pélérinage à la basilique de Higuey en République Dominicaine.

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