Anna Pierre, la voix de « Mete Suk Sou Bonbon m », s’est éteinte à 68 ans

Anna Pierre, chanteuse haïtienne connue du grand public pour le titre konpa « Mete Suk Sou Bonbon-m », est décédée mardi à l’âge de 68 ans, dans un hôpital de Plantation, en Floride. L’annonce a été rendue publique par sa famille à travers une déclaration publiée sur sa page Facebook.

Dans ce message, les proches de l’artiste ont demandé au public de faire preuve de compréhension, de patience et de respect pendant cette période de deuil. Ils ont également remercié les nombreuses personnes qui ont adressé des messages de soutien, des prières et des témoignages de sympathie, tout en rappelant l’attachement dont bénéficiait Anna Pierre auprès de ses proches, de ses amis et de sa communauté, en Haïti comme à l’étranger.

Surnommée « l’infirmière chanteuse », Anna Pierre a mené une trajectoire à la fois artistique et professionnelle marquée par un engagement dans le domaine de la santé communautaire. Née en Haïti et élevée au Cap-Haïtien, elle était la troisième d’une fratrie de neuf enfants. Elle immigre aux États-Unis en 1981 et s’installe dans le sud de la Floride, où elle poursuit parallèlement ses activités musicales et ses études.

Après une formation en soins infirmiers, elle obtient son diplôme d’infirmière en 1987, avant de se spécialiser en administration de la santé et en santé publique, selon des archives publiques. Cette double orientation, artistique et sanitaire, restera au cœur de son parcours.

Sur le plan musical, Anna Pierre se fait connaître à la fin des années 1980 avec « Mete Suk Sou Bonbon-m », une chanson à thème amoureux interprétée en créole, portée par une voix féminine dans un univers konpa alors largement dominé par les hommes. Sorti en 1989, le titre rencontre un large écho en Haïti et au sein de la diaspora, et demeure, plusieurs décennies plus tard, régulièrement cité par les amateurs et les historiens de la musique haïtienne.

Elle publie par la suite plusieurs albums et enregistre d’autres chansons, parmi lesquelles « Pa Vin Rete Kè m », « Pa Fè m Sa Konsa » ou encore « Papa m Se Wa », explorant différents registres tout en conservant une base musicale ancrée dans les sonorités haïtiennes.

En dehors des studios et des scènes, Anna Pierre s’investit durablement dans l’action communautaire. En 1990, elle fonde le Centre d’éducation sanitaire Anna Pierre (APHEC International), destiné à promouvoir l’éducation à la santé et l’accès aux soins au sein de la communauté immigrée haïtienne. En 2003, elle ouvre la Clinique du Peuple, un centre de soins primaires qu’elle finance personnellement afin de répondre aux besoins sanitaires jugés urgents dans son environnement local.

Son engagement la conduit également sur le terrain civique. En 2013, elle se présente aux élections municipales à North Miami. Si cette candidature n’aboutit pas, elle s’inscrit dans une volonté affirmée de participation à la vie publique et au leadership communautaire.

La disparition d’Anna Pierre a suscité de nombreuses réactions dans la communauté haïtienne et parmi ses auditeurs à l’international. Des personnalités publiques, des collaborateurs et des amis de longue date ont publié des messages sur les réseaux sociaux. L’ancienne sénatrice d’État Daphney Campbell a notamment fait part de sa tristesse dans une publication, évoquant le souvenir d’une femme engagée à la fois dans la musique et dans le soin aux autres.

Sur la page Facebook de l’artiste, de multiples témoignages continuent d’être partagés, rappelant les différentes dimensions de son parcours, entre création musicale, profession infirmière et implication communautaire.

© Chokarella

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