Le chanteur haïtien Jeff Prosper marque son retour sur la scène musicale avec la sortie de son nouvel album Direction, disponible depuis ce lundi 22 décembre sur l’ensemble des plateformes de streaming. À travers cet opus de 11 titres, l’artiste semble amorcer un changement de cap après une période marquée par des difficultés personnelles et artistiques.
Chanteur, musicien, compositeur et producteur, Jeff Prosper explique que ce projet s’inscrit dans une volonté de redéfinir son parcours après deux années de pause. Selon lui, cette période a été influencée par des épisodes de dépression survenus après la sortie du morceau Pou Kont Mwen. Dans une interview accordée à notre rédaction, l’interprète de Inosan revient sur cette phase de son parcours : « La sortie de cette chanson marque une étape importante dans ma vie, c’était une manière de dire à tout le monde je suis là, bien que je ne sois pas au top, j’avais pris un moment pour me soigner, mais à présent tout va bien », confie-t-il.
L’artiste avait initialement annoncé la sortie d’un nouveau titre, mais le décès d’un proche l’a contraint à observer une nouvelle pause. De cette période est née la chanson Move Tan, dans laquelle Jeff Prosper évoque plusieurs thèmes, notamment la dépression, la trahison, l’abandon et la prise de décision. Ces éléments sont mis en avant à travers une écriture symbolique, visible sur un tableau blanc présenté dans le décor du clip.
« Move Tan c’est l’un de mes coups de cœur sur mon album, dans cette musique j’ai fait que répondre à certaines questions qu’on me pose depuis toujours à travers une nouvelle proposition artistique, qui inclut la couleur, une vision naturelle et ma nouvelle version après avoir pris ce recul », explique-t-il.
Avec Direction, Jeff Prosper propose son premier album dans un registre musical hybride, mêlant R&B, compas et d’autres influences qu’il dit explorer au fil de ses sessions en studio. Un projet mûri sur plus de deux ans, un délai qu’il justifie par son souci du détail et sa volonté de répondre aux attentes de son public.
« C’est mon premier album, j’ai pris mon temps pour le peaufiner durant la période qu’on pensait que je dormais, explique Jeff. Il revêt d’une importance cruciale pour moi car c’est l’ultime occasion pour moi de faire découvrir ma nouvelle version ; d’offrir quelque chose qui est à la hauteur de l’attente de mes fans », souligne-t-il, précisant que cet album lui permet également d’exposer sa vision artistique et l’orientation qu’il souhaite donner à sa carrière.
Pour la réalisation de cet album, Jeff Prosper a collaboré avec plusieurs producteurs, parmi lesquels Jorvins Keys, Haspen, T Ness ou encore Vivo Beatz. Le projet compte aussi des collaborations avec des artistes tels que Rutshelle Guillaume, Steve J Bryan et Leonidas.
« Je suis toujours à la recherche de la perfection dans mes projets malgré parfois j’ai dû confronter des problèmes très graves comme le manque d’inspiration, le stress, trop de joie également, réjouit-il, mais une chose est sûre nous sommes arrivés à accoucher un chef-d’œuvre », déclare-t-il.
Fidèle à son univers, Jeff Prosper continue d’explorer des thématiques liées aux émotions, aux relations sentimentales et aux périodes de fragilité. Il estime que de nombreuses personnes traversent des moments difficiles sans pouvoir exprimer ce qu’elles ressentent. « Lorsque nous sommes dans des situations difficiles il faut que nous nous exprimions, ces textes traduisent le vécu douloureux de toutes les personnes qui ont eu une rupture fracassante, entre autres », affirme-t-il.
Pour l’artiste, Direction dépasse le cadre d’un simple album. Il le présente comme un projet centré sur l’acceptation et la résilience. Il annonce également le lancement d’un nouveau concept baptisé 2050. « C’est un concept, un nouveau brand qui symbolise notre longueur d’avance sur le temps, la musique et tous ce que nous sommes en train de produire en ce moment », explique l’auteur de Mwen Anvi.
Âgé de 32 ans, Jeff Prosper est originaire de Port-au-Prince, bien que ses parents soient des Cayes. Il fait ses débuts dans la musique dès l’âge de six ans au sein d’une chorale d’enfants dans une église de la capitale, avant d’intégrer le chœur principal de sa congrégation. Il grandit à Pétion-Ville et poursuit ses études classiques dans deux établissements.
« Je fréquentais l’institution IMICH, communément appelé Kay Pasteur Narcisse, après avoir laissé cet établissement j’allais au Lycée Benoit Batraville à Meyotte afin de boucler mes études classiques contre vents et marée », raconte-t-il.
Le compositeur évoque une enfance partagée entre stabilité et difficultés, malgré le soutien constant de ses parents. Après le séisme du 12 janvier 2010, il traverse une période particulièrement difficile, au cours de laquelle la musique devient un repère central. « Je me consacre à la musique en tant que professionnel après le séisme du 12 janvier 2010, durant cette période tout paraissait hyper difficile dans ma vie. La musique était tout mon seul refuge », confie-t-il, ajoutant que cette décision lui a permis d’exprimer ses émotions et son vécu.
Le grand public découvre Jeff Prosper grâce au titre Inosan, bien qu’il ait déjà sorti plusieurs projets auparavant, dont Yo ale en 2015 et Noël, en collaboration avec Stanley Georges. « Avant de publier mon premier morceau en ligne, j’avais l’habitude de produire d’autres chansons mais c’était par pure folie », explique-t-il, soulignant que les encouragements du public l’ont poussé à prendre sa carrière plus au sérieux.
Depuis le succès de Inosan, l’artiste affirme s’être donné pour mission de ne pas décevoir ses auditeurs. « Inosan est mon premier titre qui a eu un grand succès, à travers ce texte j’ai chanté mon vécu, les émotions qui me traversent », précise-t-il.
Jeff Prosper prépare actuellement la sortie de plusieurs visuels et envisage déjà de nouveaux projets pour accompagner la promotion de Direction. « Après la sortie de cet opus, j’aimerais être plus actif pour mon public, beaucoup plus productif, faire des tournées, des collaborations pourquoi pas un concert », conclut-il.
Par Youbens Cupidon © Chokarella
