L’artiste haïtiano-américain Patrick Eugène distingué à Miami pour sa collaboration avec Dior et se confie à Carel Pedre

L’artiste peintre haïtiano-américain Patrick Eugène a été distingué par cinq proclamations officielles et la remise de la clé de la ville de Little Haiti, à l’occasion de la présentation de son sac à main Lady Dior à la communauté haïtienne, le vendredi 5 décembre, lors d’Art Beat Miami. Ces reconnaissances, attribuées par les représentants de plusieurs municipalités floridiennes, saluent son travail dans le développement de l’art haïtien sur la scène internationale, en particulier sa collaboration avec la marque Dior pour la dixième édition de ce sac.

Sur son compte Instagram, Patrick Eugène a écrit : “J’ai eu l’honneur de recevoir cinq proclamations officielles du comté de Miami-Dade (maire et commissaires), de la ville de Miami, de la ville de North Miami, de la ville de North Miami Beach et du représentant de l’État de Floride Wallace Aristide du district 7 ainsi que la clé de la ville de Little Haiti. Un moment historique pour moi en tant que fils de deux immigrants haïtiens. Je reçois cet honneur avec une profonde gratitude et fierté.”

Lors de l’événement, le peintre autodidacte, qui a lancé sa carrière à 27 ans, s’est entretenu avec le journaliste Carel Pedre pour évoquer sa collaboration avec Dior. “Dieu est incroyable, Dieu est magnifique […]. J’ai été approché par Dior pour réaliser ce projet international. J’ai tout de suite remarqué que c’était une opportunité pour faire briller notre peuple et notre héritage”, explique-t-il.

Dès le début, Patrick Eugène savait que Dior viserait un résultat à la hauteur de sa réputation, ce qui l’a incité à mettre la culture haïtienne au premier plan. “C’était important d’être intentionnel et de travailler avec la communauté haïtienne”, souligne-t-il.

L’artiste, avec plus de dix ans de carrière, a précisé avoir été confronté à un choix difficile. Il raconte : “J’ai pensé que je pouvais simplement griffonner certaines de mes peintures sur le sac, ce qui a été fait plusieurs fois auparavant, soit respecter l’artisanat et respecter Haïti d’une manière où je l’ai fait plus que moi-même.” Lors de la réalisation de cette œuvre, il a mis en avant la culture caribéenne, et en particulier haïtienne.

“Il y avait donc beaucoup de corrélation entre Haïti étant appelée la perle des Antilles par les Français à un moment donné en tant que colonisateurs. Et donc je voulais récupérer cela pour notre peuple”, poursuit-il. Pour cette dixième édition, Patrick Eugène propose une vision panoramique de l’héritage haïtien.

“C’est donc juste une sorte d’indication du paysage d’Haïti, qui est très vallonné et montagneux comme nous le savons. Puis je dessine des palettes de couleurs à partir de mes peintures. J’utilise naturellement beaucoup de tons de terre dans mes œuvres. La plupart des femmes dans mes peintures portent des perles autour du cou”, raconte l’artiste.

Après avoir achevé cette réalisation qui valorise Haïti et l’Afrique, il s’est tourné vers la maison Dior. “Je l’ai présenté à Dior, ils ont dit, d’accord, faisons-en trois”, indique Patrick Eugène. Il précise également avoir été honoré de cette présentation.

“J’utilise du raphia que nous utilisons sur l’île et en Afrique dans le sac. Certains des autres sacs ont des perles”, relève-t-il. Chaque sac comporte une perle, Dior a intégré le gold et le cuir, et l’artiste explique : “Et donc j’incorpore tout cela ensemble et essaie de parler de l’histoire de notre peuple et de l’honorer et de faire savoir au monde que nous sommes une telle culture élevée.”

Pour cette édition, Patrick Eugène a confectionné trois modèles pour Dior, chacun représentant le paysage haïtien et vendu environ 30 000 dollars. La marque a ensuite choisi de les présenter à Art Basel Paris. “Après la présentation, les retours du public sont vraiment incroyables […]. Nous pouvons voyager à travers le monde et avoir ce type de conversation, les clients et les personnels de Dior vont vous dire qu’ils aiment ce que j’ai fait”, ajoute-t-il.

L’artiste souligne que cette collaboration a représenté un processus différent de son travail habituel. “J’ai utilisé des matériels que je n’avais jamais utilisés auparavant. Et naturellement je commence à m’embêter dans mon studio pour savoir ce que je vais faire […]”, déclare-t-il.

Enfin, Patrick Eugène ambitionne de renforcer ses liens avec la communauté haïtienne à travers de nouveaux projets impliquant Haïti et sa diaspora. “La communauté artistique est importante pour moi. Être là pour voir les artistes dans toutes les différentes parties de leur aventure à travers la diaspora, c’est ce qui me fait bouger. […] Je veux travailler avec les enfants qui sont dans les écoles d’art et emmener les artistes haïtiano-américains qui ne sont jamais allés en Haïti sur l’île”, confie-t-il.

Par Youbens Cupidon © Chokarella

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