Formé à New York à la suite de la rencontre de musiciens issus de parcours distincts, KHASH s’inscrit dans une dynamique de renouvellement du Konpa, sans rupture avec ses fondations. Le groupe revendique une identité sonore construite à partir de l’héritage haïtien, d’influences contemporaines et d’une volonté d’inscription durable dans l’industrie musicale.
Dans un entretien accordé à Chokarella, les membres de KHASH reviennent sur leurs débuts, leur parcours et leur vision musicale. Ils expliquent notamment que « KHASH offre une nouvelle sonorité au Konpa traditionnel tout en préservant les éléments clés qui définissent ce genre. » Une déclaration qui résume l’orientation du groupe depuis ses débuts, marqué par une approche méthodique, consciente de l’histoire du compas et déterminée à y apporter une touche personnelle.
« Notre musique est chargée d’énergie, portée par des mélodies douces à l’oreille et des grooves contagieux », précisent-ils, en évoquant un travail collectif fondé sur la rigueur et l’évolution constante.
L’histoire de KHASH prend forme à la croisée de deux trajectoires en transition. Kevin, connu sous le nom de DwètMedamYo, venait de quitter son ancien groupe Enpekab lorsqu’il décide de relancer un nouveau projet musical. « J’avais besoin de repartir sur de nouvelles bases », confie-t-il à travers le récit collectif. Il fait alors appel à Alex Legrand, lui aussi récemment séparé de son ancien groupe, Extasy.
Les premiers échanges se font à distance. « On a commencé à travailler sur notre premier morceau, Dezòd, via FaceTime », expliquent-ils. En parallèle, DwètMedamYo rassemble progressivement une formation composée de Watchou (batterie/voix), Billy (basse), Woolphy B (guitare), Ti Nelly (percussions) et T-Alex (conga). Lorsque Alex Legrand prend pleinement conscience de la solidité du projet, il fait un choix déterminant en déménageant à New York pour rejoindre le groupe. KHASH prend alors sa forme définitive.
Dès ses débuts, le groupe assume clairement ses références musicales. « Tropicana d’Haïti, Septentrional, CaRiMi, Harmonik, Zenglen (Reginald Cange) et Djakout ont profondément influencé notre discipline, notre parcours en tant que musiciens et notre manière de mixer nos voix », expliquent les membres.
Pour DwètMedamYo et Watchou, la vocation s’est imposée très tôt. Ils évoquent un souvenir fondateur : un concert de Tropicana au collège de Brooklyn, vécu avec leurs parents. « La réaction du public, la connexion que les musiciens ont réussi à créer, l’arrangement musical, et le bonheur que cette musique apportait », racontent-ils, avant de conclure : « À ce moment-là, nous avons su que c’était exactement ce que nous voulions faire pour le reste de notre vie. »
Alex Legrand évoque également son déclic personnel : « L’album Rezilta de Zenglen a été une grande source de motivation pour moi. » Il ajoute : « À l’époque, je pensais déjà poursuivre une carrière musicale, mais cet album m’a donné encore plus de détermination pour en faire une véritable profession. »
Sur le plan musical, KHASH se positionne dans une logique de continuité maîtrisée. « Nous offrons une nouvelle sonorité au Konpa traditionnel tout en préservant les éléments clés qui définissent ce genre », réaffirment-ils.
La singularité du groupe repose aussi sur le croisement des influences. « Nous faisons de notre mieux pour préserver notre sonorité en mélangeant le R&B, la pop et les sonorités traditionnelles du Konpa », expliquent-ils, « tout en y ajoutant de nouvelles textures musicales et des mélodies fraîches. » Les thématiques abordées se veulent universelles : « Notre musique parle d’amour, d’intimité, de romance, de chagrins d’amour », précisent-ils, tout en soulignant qu’elle traduit également « notre manière de profiter pleinement de la vie. »
L’identité de KHASH repose sur la complémentarité entre ses membres. « Oui, chaque membre apporte sa touche unique », insistent-ils. T-Alex se distingue par « sa façon de jouer du conga tout en animant le public en même temps ». Billy, à la basse, « peut faire vibrer n’importe quelle salle de spectacle ». DwètMedamYo imprime sa marque à travers « une manière bien à lui d’arranger nos morceaux ». Ti Nelly apporte une dimension scénique reconnaissable : « Si vous n’êtes pas attentifs, vous risquez de manquer ses pas de danse », plaisantent-ils. Quant à Woolphy B, « sa guitare fait bouger les bassins sans même qu’on s’en rende compte ».
Sur le plan créatif, Alex Legrand, T-Alex et Watchou occupent un rôle central. « Nous trouvons des idées et des paroles très rapidement pour nos compositions », expliquent-ils, en précisant qu’ils proposent aussi « des concepts pour nos performances ». Le fonctionnement du groupe repose sur une règle simple : « On partage nos idées, on s’écoute et on se motive pour devenir, jour après jour, de meilleurs musiciens professionnels. »
La première grande apparition scénique de KHASH constitue un moment charnière. Initialement prévue en avril 2020, elle est reportée en raison de la pandémie. Reprogrammée en mai 2021, elle est finalement déplacée à la fête des Mères. « On craignait que notre public ne se déplace pas », reconnaissent-ils. Malgré une météo défavorable, la réponse dépasse leurs attentes. « La salle était remplie à craquer », racontent-ils. « Certaines personnes n’ont même pas pu entrer. » Un épisode vécu comme une confirmation du lien établi avec le public.
KHASH a sorti son premier album, « The Intro », le 17 juin 2022. Un album live suit le 25 juin 2025. Le groupe compte également cinq vidéoclips : Dezòd, Nou te ka, Video, Decirte et Good Good. Sur scène, KHASH s’est produit à New York, Montréal, Paris, en Floride, à Boston, dans le New Jersey, le Connecticut, le Maryland et à Atlanta, notamment lors de La Nuit des Jeunes, du Haitian Labor Day Festival (à deux reprises), du Festival international Mizik Kreyolet et du Haitian Compas Festival.
Actuellement, le groupe travaille sur la sortie d’un nouveau single et prépare son prochain album. « Un nouvel album est prévu dans le futur », précisent-ils. Des collaborations sont également en préparation, sans plus de détails. Leur vision est clairement affichée : « Notre objectif est de faire de notre musique une véritable référence dans le milieu du konpa », affirment-ils, tout en souhaitant « inspiré notre tour celles et ceux qui nous écoutent ». Pour KHASH, « le Konpa est le prochain genre musical destiné à dominer l’industrie à travers le monde ».
Le groupe conclut : « Nous sommes ravis de vous avoir avec nous. Continuez à nous soutenir et à partager notre art avec vos proches. Merci de faire partie de la famille Khash pendant que nous travaillons avec acharnement pour passer au niveau supérieur. Konpa to the world! Pa gen mouvman san KHASH! »
Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella
