EPASI fait son entrée sur la scène sociale haïtienne

Le diplomate Wilson-Sidney Joseph a présenté, le mardi 18 novembre au restaurant Gizli à Pétion-Ville, la nouvelle organisation à but non lucratif « Éveil Patriotique d’Action Sociale et Intellectuelle » (EPASI). Cette structure, lancée sous le thème « Yon Jèn ! Yon Ayiti ! », entend s’adresser aux jeunes dans un contexte national marqué par de profondes difficultés sociales. L’initiative vise à rassembler de petites communautés pour réfléchir à des pistes de solutions durables face aux défis quotidiens.

Après plusieurs années d’observations sur les réalités du pays, Wilson-Sidney Joseph dit avoir constaté le poids de l’absence de l’État dans les zones reculées, où une grande partie de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Avec un groupe d’amis, il a ainsi fondé EPASI pour intervenir sur des enjeux qu’il considère comme déterminants pour l’avenir de la jeunesse. « J’ai cherché d’abord à comprendre au mieux cette réalité, qui, pour beaucoup, est un véritable frein au développement communautaire. Face à l’absence des actions concrètes, alors j’ai choisi de créer une organisation qui soit amène d’apporter un profond changement pour l’ensemble des personnes affectés par ces problèmes dits “sociaux” », déclare le coordonnateur national.

Attaché depuis son adolescence aux questions de cohésion sociale, Wilson-Sidney souligne l’importance de l’implication des jeunes dans les débats publics. En collaboration avec son équipe, il a choisi le 18 novembre pour présenter EPASI, une date qui symbolise selon lui la détermination du peuple haïtien. « Vertières est un lieu de culte pour tous Haïtiens désireux de s’inventer un rituel historique, c’est le symbolisme d’un peuple vaillant qui n’a rien à envier à d’autres nations », précise-t-il. Il rappelle aussi que les jeunes d’aujourd’hui doivent, selon lui, s’inspirer de l’engagement des ancêtres face aux défis de leur époque. « Aujourd’hui, il y a un manque d’engagement de la jeunesse, dont il est primordial qu’ils s’imprègnent de ces valeurs », poursuit-il.

Le diplomate voit dans cette date un point d’ancrage pour encourager l’unité et renforcer la solidarité. Il estime que « la force des Haïtiens provient de l’union et qu’aucun sacrifice n’est assez grand ». À travers EPASI, il souhaite mobiliser les jeunes autour d’actions positives, en valorisant l’entraide comme moteur de cohésion sociale. « Préconiser l’entraide – c’est placer la cohésion sociale au cœur de nos communautés et hisser la devise nationale à son summum […], ce qui peut favoriser une plus saine coopération sociale entre les différentes couches de la communauté », soutient-il.

L’organisation multiplie déjà les collaborations avec de jeunes professionnels, des étudiants et des associations partageant les mêmes valeurs. L’objectif, selon Wilson-Sidney, est de permettre à des groupes locaux de mieux comprendre les réalités de leurs quartiers en créant des cellules EPASI capables d’intervenir de manière ciblée. Il reconnaît toutefois que la situation économique complique l’engagement communautaire. « Ils constituent un véritable handicap pour des jeunes souvent dépourvus des moyens nécessaires pour dynamiser la vie communautaire, les empêchant de remplir pleinement leur devoir », dit-il. EPASI souhaite ainsi aller à la rencontre de ces jeunes pour recueillir leurs préoccupations et les intégrer dans des commissions appelées à formuler des propositions.

Wilson-Sidney décrit EPASI comme « un pont générationnel » destiné à renforcer la coopération entre milieux urbains et ruraux. Cette démarche découle de ses observations dans les quartiers populaires, où il dit constater l’exclusion fréquente des jeunes, parfois poussés vers la violence ou la délinquance. Pour redonner des perspectives, il mise sur les trois piliers de l’organisation : « Élan – Engagement – Enracinement ». Selon lui, l’Éveil Patriotique d’Action Sociale et Intellectuelle entend faire du social et de l’intellectuel des axes centraux pour accompagner l’évolution de la jeunesse. « Ce qui nous pousse à garder au quotidien une constance d’intégrité et d’humilité, tout en cherchant à contribuer activement au développement de la société haïtienne », affirme-t-il.

Inspiré par l’historien Michel Soukar et le journaliste Clarens Renoir, le jeune diplomate annonce plusieurs projets. Il prévoit l’organisation prochaine d’une clinique mobile destinée aux personnes vivant dans des camps de fortune. « Notre priorité ce sont : les femmes et les filles qui sont les plus vulnérables et qui sont confrontées à des situations de grande précarité », précise-t-il. Une visite à la prison civile pour femmes est également envisagée, afin de proposer un programme d’accompagnement. « Ce sera un moyen d’implanter un programme aux femmes incarcérées, et nous avons tant d’autres projets à réaliser au cours de l’année 2026 », conclut Wilson-Sidney Joseph.

Par Youbens Cupidon © Chokarella

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