Invité du podcast De Tout et De Rien, animé par Carel Pedre et DJ K9, le mercredi 5 novembre 2025, le chanteur haïtien Paska a livré sa vision sur l’état actuel de la musique haïtienne. Selon lui, le secteur connaît une période charnière marquée par de profondes mutations dans la création et la diffusion musicales.
« L’industrie musicale haïtienne traverse actuellement une phase de transition. Pour moi, cela signifie que de nombreux artistes et producteurs revoient leurs stratégies, repensent la direction qu’ils souhaitent prendre, non seulement dans leur manière de produire la musique, mais aussi dans la manière dont ils ciblent leur public », explique Paska.
À l’en croire, cette évolution favorise l’émergence de nouvelles figures musicales prêtes à redéfinir les codes du marché. « On assiste aujourd’hui à l’émergence d’une nouvelle génération de talent, ce qui est extrêmement bénéfique pour l’industrie. Des artistes, comme Teddy Hashtag, L-Won, Mebel Brun, basé en Haïti, frayent un chemin avec détermination et créativité en ces temps difficiles, je suis fier d’eux », ajoute-t-il.
Le chanteur estime par ailleurs que le konpa atteint aujourd’hui une nouvelle dimension. « Je ne fais pas uniquement du konpa, mais j’aime profondément la direction que le genre prend aujourd’hui. La reconnaissance qu’il reçoit lui permet de devenir de plus en plus exportable », poursuit-il.
Interrogé sur son processus créatif, Paska confie que ses chansons naissent avant tout d’une émotion qu’il transforme ensuite en œuvre musicale. « Tout part d’un ressenti que je transforme en création, c’est ainsi que naît mon inspiration musicale », explique-t-il, mettant en lumière la part personnelle de sa démarche artistique.
Dans la continuité de ses projets, l’artiste prépare un second voyage en Afrique, plus précisément au Kenya, où il participera à l’événement « Konpa Watamu ». « Je pars au Kenya la semaine prochaine pour participer à un évènement Konpa Watamu. Depuis deux mois, il a organisé des ateliers sur le compas. Nous y donnons trois showcases et un séminaire à l’Alliance française pour raconter l’histoire du compas et créer des beats en live », annonce-t-il.
Le festival Konpa Watamu, qui se déroule sur la côte kényane, s’annonce comme une rencontre autour de la musique, de la danse et de la culture haïtienne. Pour Paska, ce type d’initiative illustre la capacité de la musique à relier les peuples : « ce type de projet incarne l’une des plus belles dimensions de la musique, bâtir des ponts entre les nations, où l’émotion dépasse la barrière des langues et crée une connexion universelle. »
En parallèle, l’artiste travaille sur la sortie prochaine de son film Cicatrices d’Amour, prévue pour le mois de décembre. « Le film sera disponible en décembre », précise-t-il. Acteur dans ce long-métrage, Paska revient sur les conditions du tournage : « il m’est souvent arrivé de devoir rejouer plusieurs scènes jusqu’à obtenir la meilleure réaction possible », confie-t-il, avant d’ajouter que « le film a nécessité une année complète de tournage ». Il mentionne également la participation du chanteur Roody Roodboy, qu’il remercie pour son appui : « il m’a beaucoup soutenu dans cette aventure », souligne-t-il.
Enfin, cette étape marque pour Paska la clôture d’un cycle créatif. Avant la sortie du film, l’artiste met un terme à la série de vidéos issues de son EP “Cicatrices d’Amour“, amorcée plusieurs mois plus tôt, confirmant ainsi la fin d’un chapitre important de son parcours musical.
Regardez l’intégralité du podcast sur la chaîne YouTube de Chokarella :
Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella
