De Tout et De Rien : De Martissant à Wonda Music, Colmix s’ouvre à l’international

Le DJ et producteur haïtien Collason Fortuné, connu sous le nom de scène Colmix, poursuit son parcours artistique comme il l’avait annoncé. Installé aux États-Unis, il entame une nouvelle étape dans sa carrière, passant de beatmaker au sein de Ruggar Record à producteur pour le label new-yorkais Wonda Music. Invité du podcast « De Tout et De Rien », l’artiste de 32 ans est revenu sur son parcours, son catalogue musical et sur l’évolution du Rabòday.

Colmix a fait ses débuts dans la musique en 2015 comme disc-jockey, avec le soutien de son cousin Very-Mix, déjà actif dans ce domaine. Il découvre rapidement les difficultés du milieu et la nécessité d’avoir une équipe solide pour se faire un nom. Ce constat le pousse à se perfectionner dans la production instrumentale, notamment dans le rap, un genre prisé par les jeunes.

« C’était vraiment difficile de trouver les logiciels pour me lancer dans la production au début, car je n’avais personne dans mon entourage qui excellait dans ce domaine. Jusqu’à ce que je rencontre mon cousin, qui les a partagés avec moi », raconte-t-il. Dès lors, il s’investit pleinement dans la production tout en assurant des prestations comme DJ à Port-au-Prince, en particulier dans son quartier natal de Martissant.

Colmix

À ses débuts, il produit principalement des beats de rap avant d’être influencé par G-Dolph, producteur haïtien reconnu pour ses compositions Rabòday. « À cette époque, il était au-devant de la scène, puis je me suis dit que j’aimerais produire des instrumentales comme G-Dolph », confie-t-il. Ce dernier le guide en partageant avec lui ses propres sons Rabòday. »

Pour tester ses acquis, Colmix a remixé le morceau “Deh Pon Mi Way” du chanteur jamaïcain Demarco. « Cette chanson cartonnait beaucoup durant cette période. Je l’ai prise, puis j’ai ajouté une mélodie guitare issue du Rabòday là-dedans. Et lorsque j’ai mis ma version disponible sur le marché, tous les DJs l’ont jouée lors de leurs prestations », se souvient-il. »

Ce succès attire l’attention du public et des médias. Plusieurs figures du milieu, dont Carel Pedre et Tony Mix, l’invitent en interview. « Suite à ces entretiens, je me suis fait connaître dans l’industrie, j’ai fondé mon studio dans la rue de la Réunion dans le but de me lancer complètement dans la production des artistes », explique-t-il.

Colmix Et Carel Pedre

En parallèle, il cherche à se démarquer en adoptant un gimmick. Il sollicite Zoe Nas, un animateur hip-hop, pour en créer un. « Il rentre dans le studio, derrière le micro il prononçait cette phrase : “DJ Colmix Madada”. Puis je le demandais la signification du dernier mot, il m’avait dit que c’est un argot jamaïcain. Et moi je le définis comme vibe des vibes », précise-t-il.

En 2018, dans son premier studio, il compose le titre « Madada », connu du grand public sous le nom « Kote Plezi a Ye M Prale ». « Un jour, un ami m’avait suggéré de faire un son avec mon gimmick, puis j’ai commencé à composer une chanson avec mon animateur d’alors. Nous avons produit un son dénommé « Madada », et c’est avec ce titre que j’ai fait mon premier hit dans le studio et le plus grand tube de ma carrière », indique-t-il.

Il multiplie ensuite les collaborations, notamment avec DJ Tony Mix, pour qui il produit et remixe plusieurs titres. L’un de ses proches, Prince Madada, propose alors de créer un collectif autour de ce succès. « Prince Madada me disait qu’on doit faire quelque chose avec ce nom car il était motivé par notre succès. À l’époque le mot team était en vogue dans le pays. On le prenait afin de l’ajouter devant le mot madada juste pour former le nom de notre équipe, sans pour autant l’officialiser », explique-t-il.

Giuliano Puzo (K9)

Sous cette appellation, il enchaîne plusieurs morceaux populaires comme « Mate l Bou m, Pa gen on goud » et « E Cheve w Manmi ». « Dans toutes ces chansons, nous citons le nom de Team Madada en tant que nom de notre groupe d’amis, mais ce n’était pas pour le business, car je ne me voyais toujours pas comme un artiste », ajoute-t-il.

Arrivé aux États-Unis grâce au programme Humanitarian Parole du président Joe Biden, Colmix s’insère progressivement dans le marché musical américain, notamment auprès du public haïtien. Un ami lui permet de rencontrer Jerry Wonda, producteur haïtien lauréat d’un Grammy Award. Celui-ci lui demande d’écouter ses productions. Après une séance d’écoute, Wonda lui confie le titre « Party » pour qu’il y ajoute une nouvelle sonorité.

« En ce moment, le monde est à la recherche d’un nouveau son. Lorsque je lui ai remis la version finale, Wonda était content. Puis deux semaines plus tard, il m’a appelé pour que je vienne signer mon premier contrat avec son label Wonda Music », précise Colmix.

Aujourd’hui, il s’oriente vers le konpa gouyad pour toucher un public plus large au sein de la diaspora haïtienne. Il prépare actuellement un EP composé de sept titres.

Par Youbens Cupidon © Chokarella

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