Sophie Lynnsha Jordier Martély, connue sous le nom de scène Lynnsha, est une chanteuse française d’origine martiniquaise, reconnue sur la scène caribéenne pour son style mêlant Zouk et RNB. Invitée de Carel Pedre dans l’émission “Carel in The Morning“, ce vendredi 31 octobre 2025, la chanteuse est revenue sur plus de vingt ans de carrière, ses collaborations, notamment avec Carlo Vieux, ses tournées internationales, ainsi que ses nouveaux projets, parmi lesquels la production cinématographique.
Née en France dans une famille originaire de la Martinique, Lynnsha grandit dans un environnement où la musique occupe une place centrale. « Depuis toute petite je chante. Toute ma famille chante, que ce soit du zouk, du RNB ou encore du Gospel », confie-t-elle. L’église joue un rôle fondateur dans sa formation : « Comme beaucoup d’artistes, j’ai commencé à l’église. Ma famille est adventiste, on allait à l’église le samedi, on chantait et mon père était directeur de chorale », raconte-t-elle à Carel Pedre.
Très tôt, elle développe une aisance scénique. À quatorze ans, elle forme son premier groupe avec des amies, avec des titres qui connaissent un certain succès lors des fêtes communales et des mariages. « C’est là qu’on a commencé à être rémunérées », se souvient-elle. À dix-neuf ans, la musique devient son métier à part entière : « C’est devenu une évidence », ajoute-t-elle.

Lynnsha est repérée en 2001 par Lord Kossity, qui lui propose un duo sur « Lova Girllova Girl ». Le morceau devient un hit et marque un tournant dans sa carrière : « C’est là que tout a commencé ». Peu après, elle rencontre Kaysha, puis signe avec Passi sur le label ISSAP Productions. Son premier album éponyme, « Lynnsha », sort en 2004 et lui ouvre les portes du grand public.
Son style, décrit comme un pont entre zouk, RNB, pop et gospel, reflète son identité plurielle. Ce mélange musical devient sa signature, consolidé par des collaborations avec Jacob Desvarieux, Sweety, mais aussi Craig David, Passi, Wyclef Jean ou Fally Ipupa. « J’aime énormément mélanger les courants musicaux, c’est pourquoi j’ai beaucoup de duos, parfois des styles où on ne m’attend pas et faits pour être partagés », indique-t-elle.
Au fil des années, la voix de Lynnsha s’impose. Elle enchaîne les succès, dont Hommes Femmes feat DÂ Dy et Ma rivale avec Sweety. Ses albums “Elle et moi” (2008), “Île et moi” (2013) et Over & Other traduisent une évolution constante. Sur scène, elle se remémore ses performances en Afrique : « J’ai eu de très beaux souvenirs, surtout quand je performais devant des milliers de personnes qui connaissaient mes chansons, j’ai eu les larmes aux yeux ». Ses tournées internationales, de l’Afrique aux Caraïbes en passant par l’Europe, ont façonné son rapport au public : « Ma musique a traversé des générations », affirme-t-elle.

Actuellement en Floride, Lynnsha prépare une nouvelle collaboration avec Carlo Vieux, figure du groupe CaRiMi, qui prépare la sortie de son album solo : « Je suis super honorée et contente, parce qu’il est très attendu. C’est une très belle chanson et je chante en créole haïtien ».
Au cours de l’entretien, elle évoque son rapport à la création : « On se trouve, on se cherche. À présent, je fais de la musique quand j’ai des choses à dire. Et quand on me propose des collaborations de dingue ». Elle vient également de proposer une version complète de son classique “Je veux que tu me mentes“, écrit par Singuila et sorti le 12 juin 2025 avec Jazzykey : « J’aime le compas, ce son m’a bercé en tant que Caribéenne », explique-t-elle, en référence à la diversité musicale de la région.
Interrogée sur l’évolution du milieu, Lynnsha se montre lucide : « L’industrie musicale a totalement changé. J’aurais aimé être entre les deux époques. On était très tributaires des labels, télévision et radio. Maintenant tout va vite, énormément de visibilité, mais il n’y a plus le même attachement émotionnel. Les chansons se noient dans la masse ». Depuis 2018, elle se consacre davantage à sa vie de mère : « Je voulais être plus présente ». Pour autant, elle n’a jamais cessé de créer : « Je continue de tourner, mais je sens un album seulement quand j’ai quelque chose à dire, parfois même quand je suis triste ».
Au-delà de la musique, Lynnsha explore d’autres formes d’expression artistique : « Je fais aussi de la production, de la publicité, du court-métrage. J’ai même tourné dans un film pour faire un peu d’acting ». Cette diversification témoigne de sa volonté de raconter autrement et de mettre son regard de femme et d’artiste au service d’histoires plus larges. Toujours connectée à la scène actuelle, elle observe avec intérêt la relève : « J’écoute tout ce qui se fait, il y a beaucoup de styles, il y en a pour tous les goûts ». L’artiste annonce par ailleurs un album prévu pour l’année prochaine, précédé d’un single d’ici la fin de 2025.

La discussion avec Carel Pedre s’est conclue sur la vie, l’amour, le mensonge et la maturité artistique. Lynnsha a partagé sa réflexion : « On chante ce que l’on vit et on comprend mieux certaines choses de la vie avec l’âge, la maturité et le recul ». À propos de son titre revisité Mentir, elle ajoute : « Mentir n’est pas bien dans une relation, certains mensonges sont acceptables pour le bien-être du couple ».
Regardez l’interview complète de Carel Pedre avec Sophie Lynnsha Jordier Martély sur la chaîne YouTube de Chokarella ci-dessous :
Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella



