Yanick Lahens remporte le “Grand Prix du roman” de l’Académie française 2025 pour son roman “Passagères de nuit”

L’écrivaine haïtienne Yanick Lahens remporte le “Grand Prix du roman” de l’Académie française 2025. L’annonce a été faite ce jeudi 30 octobre pour son ouvrage “Passagères de nuit“, publié aux éditions Sabine Wespieser. Le roman, qui retrace la mémoire et la résistance des femmes de sa lignée entre La Nouvelle-Orléans et Port-au-Prince, figure au palmarès annuel de cette distinction, dotée de 10 000 euros.

Yanick Lahens l’a emporté au troisième tour de scrutin, obtenant onze voix contre dix face à Pauline Dreyfus pour “Un pont sur la Seine” (Grasset). Alfred de Montesquiou figurait également dans la sélection finale avec son roman “Le Crépuscule des hommes” (Robert Laffont).

« Je reçois cette distinction avec d’autant plus de surprise qu’il s’agit d’un roman écrit à des milliers de kilomètres de Paris et qui évoque la Nouvelle-Orléans et Port-au-Prince au XIXᵉ siècle. Cette distinction me conforte dans l’idée que la littérature possède encore un pouvoir immense : celui de transcender le temps et l’espace, de dépasser les frontières qui nous enferment pour nous faire grandir », peut-on lire dans un extrait du discours lu pour elle par Sabine Wespieser. L’écrivaine n’a pu être présente en raison de difficultés administratives la retenant sur le continent américain.

Paru le 28 août 2025, “Passagères de nuit” s’est, à ce jour, écoulé à trois mille six cent neuf exemplaires, selon NielsenIQ BookData. Le livre avait aussi figuré dans la première et la deuxième sélection du prix Goncourt, avant d’être écarté lors de la sélection finale.

Le Grand Prix du roman de l’Académie française, doté de 10 000 euros, récompense chaque année une œuvre jugée exemplaire par les académiciens.

Dans “Passagères de nuit“, Yanick Lahens tisse un récit traversé par la mémoire et la résistance des femmes de sa lignée. De La Nouvelle-Orléans à Port-au-Prince, Élizabeth, née en 1818, refuse la soumission et trace sa route, guidée par la force d’une grand-mère affranchie et commerçante, initiée aux mystères du vaudou. En miroir, Régina, en 1867, s’arrache à la misère pour vivre libre auprès du général Corvaseau. Par ces deux destins entrecroisés, la romancière haïtienne met en lumière la parole de femmes que l’histoire a souvent voulu réduire au silence.

Née à Port-au-Prince en 1953, Yanick Lahens est professeure, essayiste et militante. Son œuvre, centrée sur Haïti et la condition féminine, interroge la mémoire, la dignité et les héritages culturels caribéens. Lauréate du prix Femina 2014 pour Bain de lune, elle a également reçu le Prix Carbet pour l’ensemble de son œuvre. À travers ses publications chez Sabine Wespieser, elle poursuit une écriture ancrée dans la réalité haïtienne et la complexité des voix créoles.

L’an dernier, la distinction avait été attribuée à Miguel Bonnefoy pour son roman “Le Rêve du jaguar“, publié aux éditions Rivages.

Par Ravensley Boisrond, éditeur en chef de Chokarella

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