Près de trois cents spectateurs ont assisté, le samedi 25 octobre 2025, à la représentation de “Zantray” 2025 à la Cinquième Salle de la Place des Arts à Montréal. Orchestré par l’Espace Culturel Vertières, cet événement en était à sa deuxième édition et portait le titre « Anacaona : mémoire autochtone et identité créole ». Il s’inscrivait dans le cadre du mois créole célébré à Montréal.
Sous la direction de Paul-Harry Grégoire, metteur en scène et directeur artistique de l’Espace Culturel Vertières, “Zantray” 2025 a proposé au public un spectacle à la croisée du théâtre, de la musique, de la danse et de la poésie. L’œuvre s’inspire de la figure d’Anacaona, reine de l’île d’Haïti avant la colonisation, devenue symbole de résistance et de dignité.
« Nous avons choisi Anacaona parce qu’elle incarne la mémoire, la dignité et la résistance. À travers elle, nous voulions revisiter les origines de la culture haïtienne et créole caribéenne, en rendant hommage aux voix autochtones souvent oubliées », confie Paul-Harry Grégoire à Chokarella. Ce choix, explique-t-il, relève d’une volonté de proposer « un art porteur de sens qui éclaire le passé tout en inspirant le présent. »

Le processus de création s’est construit autour d’une approche collective. L’écriture des textes poétiques, véritable fil narratif du spectacle, en a constitué la première étape. Puis, la musique de Dickens Princivil, interprétée par l’ensemble Oktoécho, a apporté la dimension spirituelle et émotionnelle de l’œuvre. La chanteuse Rebecca Jean a assuré une interprétation nuancée, reliant les différentes disciplines, tandis que la troupe de danse Ekspresyon a traduit en mouvement les émotions fondamentales du récit : douleur, dignité, révolte et espérance.

« Enfin, les comédiens, pour la plupart des amateurs, ont incarné avec sincérité et engagement les personnages du récit », a ajouté l’initiateur du projet.
Selon Paul-Harry Grégoire, « le premier défi a été de rassembler des artistes de disciplines, de culture et d’expérience différentes autour d’une même vision. » À cela se sont ajoutées des contraintes budgétaires et logistiques, surmontées grâce à « une équipe unie et passionnée ». Au-delà des limites techniques, c’est la force du collectif qui a permis de donner souffle au projet :
« Nous avons proposé une forme artistique différente qui sort des cadres traditionnels du théâtre », affirme le metteur en scène, convaincu que Zantray est avant tout « une mission culturelle et spirituelle. »
La représentation s’est ouverte sur une ambiance sonore et visuelle évoquant l’univers mystique des Taïnos, première civilisation de l’île d’Haïti. Dès les premières notes, le public a été plongé dans un voyage poétique et dramatique.
La voix de Norah Trouillot, incarnant Anacaona, se mêlait aux harmonies d’Oktoécho, à celle de Rebecca Jean et aux mouvements d’Ekspresyon, créant une expérience immersive.

« Dès les premières harmonies, on sentait une émotion collective », raconte Paul-Harry Grégoire. « L’énergie du public était exceptionnelle : une écoute profonde, une curiosité sincère et, à la fin, une vibration commune. »
La représentation s’est conclue sur les mots projetés à l’écran « À suivre… », une manière explicite d’annoncer la continuité du projet artistique et mémoriel, précise-t-il.
Avec plus de trois cents spectateurs, la soirée a rencontré une forte adhésion du public, attentif à saluer la dimension artistique et symbolique du spectacle. Certains ont été touchés par sa portée spirituelle, d’autres par la cohérence du propos et la sincérité des interprétations.
Grégoire dit retenir de cette expérience « la puissance du collectif ». Pour lui, « la diversité n’est pas un défi à surmonter, mais une force créative à célébrer. »

Cette deuxième édition lui inspire un enseignement essentiel : la nécessité de consolider les partenariats et d’élargir la portée de Zantray, afin qu’il continue de grandir et de toucher un public plus vaste.
« Zantray n’est pas un simple événement, mais une vision à long terme, un chemin de mémoire et de création que nous comptons poursuivre dans les années à venir », précise-t-il. Le metteur en scène souhaite d’ailleurs que le projet puisse voyager au-delà du Canada, « vers Haïti et la Caraïbe », pour renforcer les ponts culturels et symboliques entre les peuples.

En définitive, Zantray 2025 se présente comme une œuvre où la mémoire se fait action. Paul-Harry Grégoire résume cette aventure en trois mots :
« Courage, Dialogue, Lumière », trois valeurs qui, à l’image d’Anacaona, rappellent que la création peut être à la fois acte de mémoire et promesse d’avenir.

Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella



