Yanick Lahens écartée du Goncourt mais toujours dans la course au Grand Prix du roman et au prix Jean-Giono

L’écrivaine haïtienne Yanick JP Lahens a été écartée de la dernière sélection du prix Goncourt 2025, rendue publique ce mardi 28 octobre. Son roman “Passagères de nuit“, publié chez Sabine Wespieser, figurait pourtant dans la première liste annoncée début septembre. Elle reste néanmoins en lice pour deux distinctions majeures de la saison : le Grand Prix du roman de l’Académie française et le prix Jean-Giono.

Après une première sélection de seize titres, les académiciens du Goncourt avaient réduit la liste à huit ouvrages le 7 octobre, avant de publier, ce 28 octobre, la liste finale des quatre finalistes. S’y trouvent Nathacha Appanah (La nuit au cœur, Gallimard), Emmanuel Carrère (Kolkhoze, P.O.L), Caroline Lamarche (Le bel obscur, Seuil) et Laurent Mauvignier (La maison vide, Minuit). Passagères de nuit, de Yanick Lahens, n’y figure plus. Cette absence met un terme à son parcours pour le Goncourt, sans pour autant effacer la place qu’elle occupe dans cette rentrée littéraire.

En 2024, le prix avait été attribué à Kamel Daoud pour Houris (Gallimard), un roman qui s’est vendu à plus de quatre cent cinquante mille exemplaires, selon NielsenIQ Bookdata.

Toujours en lice pour le Grand Prix du roman de l’Académie française

Si l’aventure Goncourt s’arrête là, Yanick Lahens reste en compétition pour le Grand Prix du roman de l’Académie française, dont la proclamation est prévue le 30 octobre. “Passagères de nuit” y affronte Un pont sur la Seine de Pauline Dreyfus (Grasset) et Le Crépuscule des hommes d’Alfred de Montesquiou (Robert Laffont).

Cette sélection, annoncée le 16 octobre, témoigne de l’attention que lui porte le monde littéraire francophone. Le prix, créé en 1914, distingue chaque année une œuvre d’expression française considérée par les académiciens comme l’une des plus marquantes de la saison.

En amont de cette annonce, Yanick Lahens a multiplié les échanges autour de son livre. Le 15 octobre, elle a présenté “Passagères de nuit” lors d’une séance de signature à la librairie La Pléiade, à Port-au-Prince. Cette rencontre s’inscrivait dans la continuité d’une rentrée littéraire particulièrement dense, marquée par sa présence dans plusieurs sélections et une série de débats autour de la littérature haïtienne contemporaine.

Deux femmes, deux époques, une mémoire partagée

Dans Passagères de nuit, Yanick Lahens met en parallèle deux destins féminins séparés par un siècle. Le récit s’ouvre à La Nouvelle-Orléans, en 1818, avec Élizabeth, jeune femme inspirée par sa grand-mère, une ancienne esclave haïtienne devenue commerçante. Élizabeth quitte les États-Unis pour Port-au-Prince, où elle tente de construire une vie indépendante dans un contexte de bouleversements sociaux. Un demi-siècle plus tard, une autre femme, Régina, issue d’un milieu modeste, croise la route du général Léonard Corvaseau, un homme qui changera le cours de son existence. À travers ces deux voix, Yanick Lahens interroge la mémoire, la transmission et les transformations d’une société haïtienne en mutation.

Née à Port-au-Prince le 22 décembre 1953, Yanick Lahens a effectué ses études secondaires et universitaires en France avant de revenir enseigner à l’École normale supérieure de l’Université d’État d’Haïti. Elle s’est fait connaître par une œuvre exigeante, où l’histoire, la mémoire collective et les fractures sociales occupent une place centrale.
Lauréate du prix Femina en 2014 pour Bain de lune, elle poursuit un travail d’écriture qui relie l’individuel et le collectif, l’intime et l’historique.

Une saison littéraire encore ouverte

Alors que le prix Goncourt sera attribué le 4 novembre, Yanick Lahens attend désormais le verdict du Grand Prix du roman de l’Académie française, prévu le 30 octobre, avant celui du prix Jean-Giono, qui sera remis le 13 novembre.
Quel que soit le résultat, sa présence dans ces sélections confirme l’intérêt persistant porté à son œuvre et à la littérature haïtienne dans les grands rendez-vous littéraires d’automne.

Par Ravensley Boisrond, éditeur en chef de Chokarella

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