Près de deux mois après la sortie du premier chapitre de sa série intitulée “Ti dezòd”, la rappeuse haïtienne Niska Garoute, dite Kanis, a dévoilé le 24 octobre 2025 son nouveau single “TiTato”. Le morceau aborde un amour déséquilibré et addictif, où douleur et passion coexistent.
La sortie avait été annoncée sur Instagram le 19 octobre par une courte vidéo, dans laquelle Kanis déclare : « Mwen te konn panse si m pèdi w m ta p pèdi tèt Mwen. Men se nan pèdi w m finalman jwenn lapè. O kòmansman se te X ak O, anbrase ak bo, aprèsa lanmou nou tounen yon jwèt kiyès nan nou ki pa care mwens, kiyès ki ka kenbe silans lan pi lontan, jiskaske m trase liy lan, m te bouke. M reyalize sa pa lanmou se te yon sik, yon sik ki fèt ak ego, silans, kontwòl, yon sik m te oblige pèdi pou m te ka genyen, sa se chapit 2, trèfle la. »
Par cette publication, Kanis a donné le ton de “TiTato”, présenté comme un chapitre de plus dans une série conceptuelle où chaque titre porte le nom d’un symbole de carte, traduisant une étape émotionnelle. Le trèfle évoque ici les différentes facettes de l’amour et les cycles qu’il engendre. Si le premier volet, “Ti dezòd”, représentait le Pik et questionnait la flamme et la légèreté du sentiment naissant, “TiTato” explore le revers du jeu : la dépendance et la perte de soi.

Les paroles du morceau illustrent une relation en déséquilibre : « Pouki anndan tèt mwen, wa p jwe Titato, Pran batri kè m, ou mete l low, Ou ban m plis pase yon blow ». Kanis décrit un amour épuisant où le cœur devient une batterie que l’autre vide, une énergie dont l’autre se nourrit. La chanteuse dresse ainsi le portrait d’une femme partagée entre passion et épuisement, consciente du danger et incapable de rompre : « Malgre sa m pa ka chanje, kè m vle plonje ».
Le morceau aborde également des réalités contemporaines : la toxicité amoureuse, la surexposition des conflits sur les réseaux sociaux et la paranoïa qu’engendre la rupture. « Ple de pale m mal, chache rezon sou rezo, Kounya m paranoid, paranoid-ay ». Ces lignes reflètent une époque où la vie sentimentale n’échappe plus au regard public. Kanis met en scène la vulnérabilité d’une femme confrontée à la trahison, à la honte et au regard numérique des autres.
Avec “TiTato”, la rappeuse confirme la construction d’un univers narratif cohérent où chaque chanson devient un fragment d’histoire. Ce deuxième chapitre, qu’elle qualifie de trèfle, prolonge le récit initié par “Ti dezòd” et en renverse la perspective. Si le premier titre évoquait la confusion du désir, le second explore les conséquences de l’attachement, la perte de repères, la solitude et la lente reconquête de soi. Le choix du trèfle, symbole de chance mais aussi de cycle, suggère que Kanis entrevoit une sortie du « sik », ce cercle d’ego, de silence et de contrôle qu’elle décrit dans sa publication.
Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella
Crédit photo couverture : Valérie Gassien



