Carel In The Morning : Le diplomate Barry Junker évoque la nouvelle stratégie américaine pour la sécurité en Haïti

Le diplomate américain Barry Junker était l’invité de Carel Pedre le vendredi 24 octobre 2025, dans l’émission “Carel In The Morning“. L’entretien a porté sur la situation sécuritaire en Haïti, la lutte contre les gangs armés, les efforts de la communauté internationale pour rétablir la stabilité dans le pays et les élections. Le diplomate est revenu sur la coopération entre les États-Unis, la Police nationale d’Haïti et le gouvernement de transition, tout en détaillant des mesures mises en œuvre au bénéfice du peuple haïtien.

« Les États-Unis adoptent une posture ferme face aux gangs en Haïti. Depuis plusieurs mois, nous diffusons régulièrement des messages condamnant ces groupes, et nous répétons souvent : “L’ère de l’impunité est terminée », a déclaré Barry Junker.

Il a insisté sur l’importance d’une position publique, claire et ferme, précisant : « Les mesures que nous avons mises en œuvre ces derniers mois confirment notre engagement. Nous avons procédé à l’arrestation et à la mise en examen de personnes impliquées dans le trafic d’armes et de stupéfiants, enquêté sur les circuits d’achat et de vente d’armes, et mis en place des primes pour toute information menant à l’arrestation de Jimmy Cherizier, alias Barbecue, ainsi que d’autres bandits. »

Le diplomate a ajouté que plusieurs cargaisons d’armes avaient été interceptées avant leur arrivée en Haïti. Selon lui, ces actions traduisent une nouvelle approche américaine, « plus proactive et plus visible qu’auparavant ». Les États-Unis affirment désormais adopter une stratégie plus offensive et plus transparente, visant à désorganiser les activités criminelles tout en démontrant un engagement concret.

« Il est important d’avoir une approche globale, a-t-il poursuivi. La sécurité ne dépend pas d’un seul secteur : c’est un effort commun qui doit impliquer tous les niveaux de la société, aux États-Unis comme en Haïti. Nous devons sanctionner tous ceux qui participent à des activités illicites. L’ère de l’impunité est finie pour tous », a-t-il insisté.

Entre 2022 et 2025, plusieurs personnalités haïtiennes ont déjà été sanctionnées par les États-Unis, parmi lesquelles Joseph Lambert, Youri Latortue, Prophane Victor, Luckson Elan, Dimitri Hérard, Kempes Sanon et Jimmy “Barbecue” Chérizier. Ces mesures incluent des sanctions financières et des restrictions de voyage pour les personnes soupçonnées de financer ou d’armer les gangs. On note notamment la récompense de cinq millions de dollars offerte pour toute information menant à l’arrestation de Chérizier, l’arrestation de Bazile Richardson aux États-Unis en juillet 2025, ainsi que la poursuite de Vitel’Homme, toujours recherché, avec une prime de deux millions de dollars.

Interrogé sur les causes profondes de l’insécurité, Barry Junker a expliqué : « Pour l’instant, nous nous concentrons sur la sécurité. Il est impossible de restaurer un cadre humanitaire ou de relancer l’économie sans stabilité. En tant que voisin d’Haïti, notre priorité est la stabilisation. »

Le diplomate a également tenu à distinguer la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) de la nouvelle Global Security Force (GSF). La MSS, initialement destinée à appuyer la Police nationale d’Haïti, ne comptait qu’environ 1 000 membres sur les 2 500 prévus. Mais la résolution S/RES/2793, adoptée le 30 septembre 2025 par le Conseil de sécurité de l’ONU, a transformé la mission en GSF, désormais dotée d’un mandat renforcé, d’un effectif de 5 000 à 5 500 membres et d’un appui logistique et financier accru de l’ONU, avec la participation des États-Unis, du Canada et de la Jamaïque.

Comme l’a précisé Junker : « La mission est désormais davantage militaire. L’ONU assurera une partie du financement. Le nouveau mandat vise à atteindre l’objectif de 5 000 personnels déployés dans les six prochains mois, selon la disponibilité des fonds et des effectifs militaires. »

Sur la question de la souveraineté haïtienne, le diplomate a affirmé que les États-Unis travaillaient en étroite collaboration avec les autorités du pays : « Nous informons le Conseil présidentiel de transition et le Premier ministre à chaque étape. Ils sont consultés. Il faut saluer les efforts du gouvernement de transition, qui collabore avec les partenaires internationaux. Le rôle central de la Police nationale d’Haïti demeure essentiel : malgré la présence du GSF, nous sommes là pour la soutenir. Sans une police efficace, rien ne changera. »

La question des élections a également été abordée, alors que 2026 marquera dix ans sans scrutin national.
« Le peuple haïtien doit avoir la possibilité d’élire ses dirigeants. Nous en discutons avec le Conseil présidentiel de transition, mais c’est au peuple haïtien de tracer son avenir », a déclaré Barry Junker.

Le diplomate a enfin souligné la dimension régionale du défi sécuritaire : « La sécurité concerne toute la région. La CARICOM et l’OEA soutiennent pleinement Haïti. »

Pour conclure, il a adressé un message au peuple haïtien : « Vos voisins sont là. Même si tout semble trop lent, nous sommes présents et nous œuvrons pour rétablir la sécurité en Haïti. »

Regardez l’interview complète de Carel Pedre avec le diplomate Barry Junker sur la chaîne YouTube de Chokarella ci-dessous : 

Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella

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