Ces artistes de moins de 25 ans qui font bouger la scène musicale haïtienne

Une nouvelle génération d’artistes, âgés de moins de 25 ans, s’impose peu à peu sur la scène musicale haïtienne. Qu’ils soient chanteurs, rappeurs, producteurs ou musiciens, ils multiplient les initiatives pour se faire une place dans une industrie en pleine mutation. Entre studios, concerts et plateformes numériques, ces jeunes talents façonnent le son d’aujourd’hui et participent à la redéfinition du paysage musical du pays.

Parmi eux, plusieurs noms se distinguent déjà : Adams Beat, Teddy Hashtag, King Street, Watson-G, BGarmel et Loutchina Décius, jeune voix du gospel haïtien. Tous incarnent, à leur manière, la vitalité d’une scène artistique qui ne cesse de se renouveler.

Loutchina Décius, la voix du gospel haïtien

Âgée de 23 ans, Loutchina Décius, née à Tabarre, est aujourd’hui l’une des jeunes figures du gospel haïtien. Elle commence à chanter à six ans dans les campagnes évangéliques organisées par son père. À dix ans, elle remporte le concours Soleil d’Été de Télé Soleil, puis, en 2018, celui de la chanson francophone de l’Institut Français et de l’Ambassade de France en Haïti.

En 2023, elle sort “Lanmou Sensè“, un album qui mêle gospel, afro, dancehall et konpa. En 2024, elle se produit à Paris avant de participer, aux Bahamas, au festival Caribbean Worshippers. Ses titres Eben Ezer, Mwen Nan Plan Bondye, Kèk Fwa Nou Jwenn et Benediksyon Bondye marquent la diversité de son répertoire. Son dernier single, Mizerikòd ou, sorti le 5 septembre 2025, illustre l’évolution constante de son parcours.

BGarmel, une voix précoce

Jean Garmel Rosambert Buteau, dit BGarmel, est né à Carrefour le 4 septembre 2008. Il se fait connaître après avoir remporté le concours Noël Caraïbes de la Radio Télévision Caraïbes. En 2020, il collabore avec K-Dilak sur Yo pa kapab ankò, une chanson sur les enfants de rue, vue plus de 12 millions de fois sur YouTube.

Il enchaîne ensuite avec “Tann mwen” et “Pito nou pa grandi”, cumulant plusieurs millions de vues. Avec B-Jay Boy, il dénonce la violence des gangs dans Nou pa merite sa. En mai 2024, il a dévoilé “Ou Manke m” qui a attiré quatre millions sept cent soixante-cinq mille sept cent quatre-vingts vues.

Adams Beat, le beatmaker de Gros-Morne

Damus Adams Lee, connu sous le nom d’Adams Beat, n’a que 19 ans. Originaire de Gros-Morne et étudiant en beaux-arts au Campus Henry Christophe de Limonade, il s’impose progressivement comme l’un des jeunes producteurs les plus actifs du moment. De janvier à octobre 2025, il a signé près d’une vingtaine de productions, confirmant une présence constante sur la scène du beatmaking haïtien.

Son nom figure derrière plusieurs morceaux remarqués : Benediskyon de Toby Anbake, Oh Mezanmi de Trouble Boy, Leave Me Alone de ZiLE, ou encore E Moun Ou avec Tracy Magic Girls. Il a aussi sorti son propre titre, Ou menm ki mete m nan sa, repris ensuite en collaboration avec Andybeatz, Kenny Haiti, Steves J Bryan et Durkheim.

Adams Beat a également travaillé sur Pi Bon Zanmi, Clandestina, Ou Konn Sa w Fè a et d’autres titres de Toby Anbake, tout en prêtant sa touche à Mebel Brun, Baky, Hendrixx Kid et Paska. Son empreinte s’étend jusqu’à Limye Lapenn, Bay Dio, BETIZ avec Andybeatz et Toutouni de L-Won.

Teddy Hashtag, constance et évolution

Né à Port-au-Prince, Tedd Harry Beaufort, alias Teddy Hashtag, a 21 ans. Depuis ses débuts le 3 août 2022 avec Ou Marem, il s’est illustré par la régularité de ses sorties. Entre 2023 et 2024, il enchaîne les titres : Finaleman, M Pa Fasil, Lanmou Fè Pam ou encore Sa W Vle m Baw, qui dépasse rapidement les trois millions de vues.

Le 23 octobre 2024, il sort un premier EP de six titres, dont Ti Kè m Pwòp, Lanmo Sa Dwòl, Kite’m Ale (feat. Danola), Pilot et Kimoun Ou Ye (feat. L-Won). Ces deux derniers morceaux franchissent la barre des cinq millions de vues.
En mars 2025, il s’envole pour la France où il donne une série de concerts à Paris. Un an après cet EP, Teddy Hashtag devoile son premier album, “Ready“, composé de douze titres.

King Street, la drill made in Haïti

Pierre Louis Kendy, alias King Street, 22 ans, vient de Port-à-Piment. Il entre dans la musique avec Tèt Kale Pull Up en novembre 2021. Son style, inspiré de la drill, s’est imposé progressivement dans le paysage rap haïtien.
Le 5 juillet 2024, il publie un premier EP en collaboration avec Magic Touch et multiplie les featurings avec Bourik de Latalay, Fantom, Izolan, Durkheim et Magic Touch.

Son titre Ki plan w pou mwen dépasse les 11 millions de vues sur YouTube, tandis que E kounya, enregistré avec Durkheim et Magic Touch, franchit les 20 millions. En 2025, il propose M vle avè w avec Fatima Altieri, puis M sonje w, un morceau introspectif sorti le 6 septembre 2025. Polyvalent, il joue également dans le film July 7 de Robenson Lauvince, inspiré de l’assassinat du président Jovenel Moïse.

Watson-G, du rap à la musique urbaine

Originaire de Trou-du-Nord, Watson-G, 23 ans, s’est d’abord fait connaître dans le rap avant d’élargir son univers à la pop africaine et au compas. Il aborde des thèmes sociaux et personnels, tout en affirmant son ancrage haïtien.

Son titre M nan san, en collaboration avec Wenly Jay, a atteint les 10 millions de vues, tandis que Nèg Andeyò, sorti le 21 mars 2025, dépasse déjà les deux millions. Watson-G multiplie aujourd’hui les collaborations avec des artistes comme Toby, confirmant sa présence parmi les jeunes voix qui montent.

Une scène en plein renouvellement

Ces jeunes artistes de moins de 25 ans reflètent une génération marquée par les réalités d’un pays en mutation. En explorant des styles variés, du gospel à la drill, du R&B au konpa, ils participent à l’évolution de la musique haïtienne contemporaine.

Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella

 

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