Chrystelha dévoile le visualiser de son titre « Papa Demisyone » et revient sur son parcours

La chanteuse haïtienne Chrystelha a dévoilé, le jeudi 9 octobre, le visualizer de son titre « Papa Demisyone » sur sa page YouTube. Ce morceau s’inscrit dans la continuité de ses compositions à portée sociale et se veut, selon l’artiste, « un autre cri de cœur à l’ère contemporaine pour dénoncer les actes irresponsables des pères vis-à-vis de leurs progénitures ».

Selon Chrystelha, son nouveau single est inspiré d’un poème du poète Gregory Vilmont, écrit il y a quelques années. « Dès ma première lecture, je me suis immédiatement sentie connectée à l’histoire et j’ai commencé à entendre des mélodies dans ma tête », explique-t-elle à Chokarella. « J’ai arrangé la musique, ajouté des mélodies et composé le refrain, puis je l’ai développée pour en faire une chanson complète. »

L’auteure de « Lanmou Sakre » confie avoir pris du temps avant de sortir « Papa Demisyone », bien qu’elle en ait trouvé la mélodie et la structure en une journée. « La production complète a pris plus de temps, j’ai enregistré les voix il y a environ deux ans, après j’ai laissé la chanson reposer un moment pour être sûre d’être prête à la chanter avec l’émotion qu’il fallait », raconte-t-elle.

Pour produire ce morceau, en collaboration avec le producteur haïtien Milot, basé en République dominicaine, elle évoque un travail minutieux. « Je suis exigeante en matière de son, cela a pris du temps, mais ça en valait la peine : ses chansons sont toujours destinées à être partagées au bon moment », affirme-t-elle.

À travers « Papa Demisyone », Chrystelha dit vouloir raconter l’histoire d’un père qui quitte sa famille et l’impact émotionnel que cela laisse, notamment sur l’enfant et la mère célibataire. « Cette musique parle également d’absence, de douleur et des blessures émotionnelles qui accompagnent ce genre de perte », indique-t-elle. Elle précise avoir travaillé avec XMD Productions, Gregory Vilmont, Ketler Macome et Milot Joseph « afin de donner la parole à ceux qui continuent à vivre cette expérience douloureuse en silence ».

La chanteuse espère que ses auditeurs trouveront dans ce morceau un message d’espoir et de guérison. « Je veux qu’ils sachent qu’ils ne sont pas seuls […] Même lorsque la vie semble injuste, on peut surmonter ce qui nous a blessés. Et pour tous ceux qui deviennent parents, souvenez-vous de ce que l’absence peut représenter et choisissez de briser ce cycle », souhaite-t-elle.

Chrystelha précise toutefois que son propre père a toujours été présent, mais qu’elle a voulu aborder un thème qui touche de nombreuses familles. « J’utilise ma voix pour raconter des histoires qui ne sont peut-être pas les miennes, mais qui méritent d’être entendues. Voir des personnes que j’aime lutter contre ce genre de douleur m’a inspirée à chanter “Papa Demisyone” avec honnêteté et compassion », poursuit-elle.

Chrystelha a fait ses premiers pas dans la musique au sein de la chorale de son église en Haïti, où elle a également appris à jouer de plusieurs instruments. « C’est là que mon amour pour la musique est né, entouré de voix, de mélodies et du sentiment d’appartenance que seule la musique d’église procure », explique-t-elle. La musique, présente dans sa famille maternelle, a aussi été nourrie par les chansons entendues dans les discothèques de son quartier. « Mais c’est l’église qui m’a véritablement façonnée en tant qu’artiste », dit-elle.

Elle garde le souvenir d’une enfance rythmée par la musique : « J’allais à l’école de musique le week-end et, en semaine, nous avions la chorale d’enfants qui répétait plusieurs fois. Le samedi était un moment privilégié : on entendait des enfants jouer de la flûte ou du saxophone partout, car notre église avait une école de musique. La musique faisait partie intégrante de la communauté et de mon quotidien », confie-t-elle.

Après le séisme du 12 janvier 2010, elle s’installe aux États-Unis avec sa famille. « Cette transition a joué un rôle important dans la personne que je suis aujourd’hui, tant en tant que personne qu’en tant qu’artiste », estime-t-elle. À son arrivée, elle espérait poursuivre ses études à la Berklee College of Music, mais a dû s’orienter vers la biologie. « J’ai finalement opté pour des études de biologie. Dans notre communauté, dire qu’on veut être musicienne est une chose, mais dire qu’on veut étudier la musique paraît presque fou. Pourtant, mes études de biologie m’ont appris la patience et le souci du détail, des qualités que j’applique aujourd’hui à mon processus créatif. Cependant, une partie de moi y aspire encore un jour », raconte-t-elle.

Même sans formation musicale universitaire, Chrystelha a commencé sa carrière en 2022 avec « Pa Tounen », sa première chanson, également sortie en version anglaise. Depuis, elle enchaîne de petits contrats et affirme : « Mais je peux honnêtement dire que 2025 semble être l’année où les gens commencent vraiment à me découvrir en tant qu’artiste. »

Polyvalente, elle ne se limite à aucun style. Elle se produit aussi bien sur des sonorités zouk, afro-soul, reggae ou encore des ballades. « Je pense que ne pas être catégorisée est une bonne chose. Cela me permet de rester originale et d’exprimer toutes les facettes de moi-même à travers la musique », estime-t-elle.

Ses influences vont de Lauryn Hill à Whitney Houston, en passant par Céline Dion et la chanteuse haïtienne Tifane. « Cette dernière était une personne que j’admirais beaucoup pour sa voix et son esthétique ; sa force m’a inspirée », précise-t-elle.

Pour Chrystelha, son plus grand défi reste la patience. « En musique, il est facile de se comparer ou d’avoir l’impression de ne pas avancer assez vite. J’ai appris que l’évolution prend du temps. Chaque chanson, chaque performance, même chaque retard, a un but. Tout cela fait partie du voyage », explique-t-elle.

Elle espère que son public ressentira de véritables émotions en écoutant ses chansons. « Que ce soit de la joie, de l’amour, de la guérison ou même de la tristesse. Je veux que ma musique touche le cœur et reste en eux longtemps après la fin du morceau », confie-t-elle. « Si quelqu’un peut écouter ma musique et se sentir compris, ma mission est accomplie. »

Après « Papa Demisyone », la chanteuse prépare de nouveaux projets et des collaborations. « Mon objectif principal est de continuer à créer des chansons qui touchent profondément les gens, une musique authentique, apaisante et intemporelle », conclut-elle.

Par Youbens Cupidon © Chokarella

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