Yanick Lahens dans la dernière sélection du “Grand Prix du roman” de l’Académie française

L’écrivaine haïtienne Yanick Lahens figure dans la dernière sélection du “Grand Prix du roman” de l’Académie française, annoncée jeudi 16 octobre. Son roman « Passagères de nuit », publié chez Sabine Wespieser, est en compétition avec « Un pont sur la Seine » de Pauline Dreyfus (Grasset) et Le « Crépuscule des hommes » d’Alfred de Montesquiou (Robert Laffont). Le ou la lauréat·e sera désigné·e le 30 octobre, lors d’une séance sous la coupole du Palais de l’Institut de France, siège de l’Académie française, à Paris.

La veille, mercredi 15 octobre, Yanick Lahens a présenté et signé son ouvrage à la librairie La Pléiade, en Haïti. Cette rencontre s’inscrivait dans la continuité d’une rentrée littéraire particulièrement active pour l’autrice, dont « Passagères de nuit » est également en compétition pour le prix Goncourt et le prix Jean-Giono, deux distinctions majeures de la saison.

Dans ce roman, Yanick Lahens suit le parcours de deux femmes à des époques différentes, reliées par la mémoire et l’héritage familial. L’histoire débute à La Nouvelle-Orléans, en 1818, avec Élizabeth, une jeune femme marquée par les violences et les contraintes de son époque. Inspirée par sa grand-mère, une ancienne esclave haïtienne devenue commerçante, Élizabeth cherche à s’affirmer et quitte les États-Unis pour s’installer à Port-au-Prince, où elle trace sa propre voie au sein d’une société en transformation. 

Un demi-siècle plus tard, le récit se poursuit avec Régina, issue d’un milieu défavorisé. Sa rencontre avec le général Léonard Corvaseau bouleverse son existence et l’entraîne vers d’autres horizons. À travers ces deux destins, Yanick Lahens met en parallèle les itinéraires individuels et les bouleversements d’un pays marqué par les luttes sociales, la transmission et les mutations historiques. 

Par ailleurs, la présence de Yanick Lahens dans cette sélection intervient dans un contexte où la littérature haïtienne connaît une reconnaissance croissante au sein des grandes institutions francophones. Depuis sa création en 1914, le Grand Prix du roman distingue chaque année un roman d’expression française jugé par les membres de l’Académie comme l’un des plus marquants de l’année. En 2024, le prix avait été attribué à Miguel Bonnefoy pour « Le Rêve du jaguar » (Rivages).

De leur côté, les deux autres finalistes abordent des thématiques historiques distinctes. Dans « Un pont sur la Seine », Pauline Dreyfus décrit la vie de deux villages français séparés par un fleuve, symbole des divisions et des solidarités d’une époque. Alfred de Montesquiou, dans « Le Crépuscule des hommes », s’intéresse au procès de Nuremberg de 1945 et aux questions de justice et de responsabilité qui en découlent. 

Ainsi, en retirant de leur première sélection sept auteurs, dont Emmanuel Carrère et Nathacha Appanah, les membres de l’Académie française ont recentré leur choix sur trois récits ancrés dans l’histoire et la réflexion sur les trajectoires humaines. Le verdict attendu le 30 octobre précédera de quelques jours la remise des prix Femina, Goncourt et Renaudot, clôturant ainsi la saison des grands prix littéraires d’automne.

À propos de Yanick Lahens

Née à Port-au-Prince le 22 décembre 1953, Yanick Lahens a effectué ses études secondaires et universitaires en France avant de revenir enseigner à l’École Normale Supérieure de l’Université d’État d’Haïti. Lauréate du prix Femina 2014 pour « Bain de lune », elle poursuit une œuvre qui interroge les fractures sociales, les traces de l’histoire et les mémoires collectives d’Haïti. Ses romans, traduits à l’étranger, participent activement à la visibilité des lettres haïtiennes dans l’espace francophone.

© Chokarella

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