Déjà remarquée dans la deuxième sélection du prix Goncourt 2025, Yanick Lahens confirme sa présence dans les grands rendez-vous littéraires de la rentrée. Son roman Passagères de nuit, paru le 28 août dernier aux éditions Sabine Wespieser, figure également dans la deuxième sélection du prix Jean Giono 2025, dévoilée le mercredi 8 octobre au restaurant Drouant, à Paris.
Le jury du prix, réuni autour de Paule Constant, Metin Arditi, Tahar Ben Jelloun, David Foenkinos, Franz-Olivier Giesbert, Sylvie Giono, Robert Kopp, Emmanuelle Lambert, Vera Michalski, Étienne de Montety et Marianne Payot, a retenu huit titres pour cette nouvelle étape. Une dernière liste sera annoncée le 5 novembre, avant la proclamation du lauréat le 13 novembre.
Les huit titres en lice
- Cantique du chaos de Mathieu Belezi (Robert Laffont)
- Les Ombres du monde de Michel Bussi (Presses de la Cité)
- Un pont sur la Seine de Pauline Dreyfus (Grasset)
- Nous n’avons rien à envier au reste du monde de Nicolas Gaudemet (L’Observatoire)
- Passagères de nuit de Yanick Lahens (Sabine Wespieser)
- La Maison vide de Laurent Mauvignier (Minuit)
- Notre part féroce de Sophie Pointurier (Phébus)
- Haute-Folie d’Antoine Wauters (Gallimard)
Huit romans demeurent donc en compétition pour ce prix qui récompense chaque année « le meilleur raconteur d’histoires ».
Créé en 1990, le prix Jean Giono distingue un ouvrage écrit en français mettant en valeur la puissance du récit et l’imaginaire. Il est doté de 10 000 euros et bénéficie du soutien de la Fondation Jan Michalski. L’an dernier, le prix avait été attribué à Olivier Norek pour Les Guerriers de l’hiver (Michel Lafon).
Dans Passagères de nuit, Yanick Lahens remonte le fil de son héritage pour redonner voix aux femmes de sa lignée. Le récit s’ouvre en 1818, à La Nouvelle-Orléans, autour d’Élizabeth, jeune femme marquée par les violences masculines mais portée par la force de sa grand-mère, une ancienne esclave haïtienne devenue commerçante respectée.
Initiée aux mystères du vaudou, Élizabeth trouve dans cette énergie spirituelle la force de se libérer et de tracer sa voie. Son parcours la conduit jusqu’à Port-au-Prince, où elle devient mère d’un fils promis à un destin singulier. Un demi-siècle plus tard, en 1867, Régina, née dans la misère, reprend le flambeau. Sa rencontre avec le général Léonard Corvaseau bouleverse sa vie et ouvre la voie à une quête d’émancipation.
Née à Port-au-Prince le 22 décembre 1953, Yanick Lahens a poursuivi ses études secondaires et universitaires en France avant de revenir enseigner à l’École Normale Supérieure de l’Université d’État d’Haïti.
Lauréate du prix Femina 2014 pour Bain de lune, elle explore dans son œuvre les tensions entre mémoire, identité et résistance à travers des récits ancrés dans la réalité haïtienne. Ses livres, traduits et reconnus à l’international, occupent une place importante dans la littérature francophone contemporaine.
© Chokarella