Ayiti AI Hackathon : Haïti accueille son premier marathon technologique dédié à l’intelligence artificielle

Port-au-Prince s’apprête à accueillir, du 28 au 30 novembre 2025, le premier hackathon consacré à l’intelligence artificielle, baptisé “Ayiti AI Hackathon”. L’événement, organisé par Syntax Studio et Akademi, rassemblera pendant quarante-huit heures dix équipes de jeunes développeurs haïtiens autour du thème : Applications d’IA ayant un impact réel pour Haïti.

Dès le départ, les initiateurs du projet affirment, dans une entrevue avec la rédaction de Chokarella, avoir voulu créer un espace d’expérimentation accessible et ancré dans le contexte local. Selon eux, l’intelligence artificielle ne doit pas être réservée aux grandes puissances technologiques, mais ouverte à tous ceux qui souhaitent comprendre et utiliser ces outils pour répondre à des besoins concrets.

« L’idée est née d’une conviction simple : l’intelligence artificielle ne doit pas être réservée aux grandes puissances technologiques. Nous avons voulu créer un espace où les jeunes talents haïtiens puissent comprendre, expérimenter et créer avec l’IA à partir de leurs propres réalités », expliquent les organisateurs.

Ainsi, Haïti s’est imposée naturellement comme le point de départ de cette initiative. D’une part, parce que la communauté technologique du pays connaît une dynamique croissante ; d’autre part, parce qu’elle rassemble de nombreux jeunes talents qui, souvent, manquent simplement d’occasions pour mettre leurs compétences en valeur. Comme le résument les organisateurs : « Nous savons qu’il existe ici un vivier de compétences et d’énergie. Ce qu’il manque souvent, c’est une plateforme structurée pour s’exprimer à travers la technologie. »

Dans cette optique, l’Ayiti AI Hackathon n’a pas été conçu comme une simple compétition, mais comme un cadre d’apprentissage collectif. En effet, les participants bénéficieront, avant même la phase intensive du week-end, de quatre samedis de formation en ligne sur les bases de l’intelligence artificielle et sur l’usage des outils modernes de développement. Ces séances préparatoires permettront à chacun d’arriver mieux armé pour la compétition. Par ailleurs, pendant les deux jours du hackathon, les équipes auront accès à un environnement de travail complet à Port-au-Prince : connexion Internet, électricité, repas et accompagnement technique.

« l’objectif est simple : permettre aux participants de se concentrer uniquement sur leur code, sans se soucier du reste », précisent les organisateurs,

Afin de donner une direction claire aux travaux, six thèmes ont été définis. Ils concernent la santé, l’éducation, l’art et la culture, l’IA générative, les solutions communautaires et l’innovation ouverte. Ces axes, expliquent les organisateurs, ont été choisis selon deux critères : l’urgence des besoins dans le pays et le potentiel d’impact concret de l’intelligence artificielle. « Les six thèmes ont été choisis en fonction de deux critères : là où l’IA peut avoir un impact concret rapidement, et là où les besoins sont les plus urgents en Haïti », détaillent-ils. Ainsi, les équipes seront invitées à concevoir des prototypes susceptibles d’apporter des réponses simples et pragmatiques à des problématiques locales, qu’il s’agisse de santé publique, d’éducation numérique ou encore d’accès à la culture.

En ce sens, le hackathon s’inscrit dans une démarche plus large de formation et d’autonomisation technologique. Les organisateurs insistent sur la volonté d’encourager la créativité et la rigueur, tout en valorisant la collaboration. « On ne cherche pas le projet le plus complexe techniquement, mais celui qui résout un vrai problème de manière intelligente », précisent-ils. Cette approche illustre la volonté de privilégier la pertinence des idées plutôt que leur sophistication technique.

Pour participer à l’Ayiti AI Hackathon, les candidats doivent former une équipe de deux à trois personnes et soumettre leur dossier avant le 15 octobre 2025. Après cette date, aucune candidature ne sera acceptée. Le processus est simple : chaque équipe remplit un formulaire d’inscription, fournit les informations sur ses membres, décrit brièvement son idée de projet et précise le thème visé. Les candidatures sont ensuite évaluées selon trois critères principaux : la capacité technique de l’équipe (au moins un membre doit savoir coder), la pertinence de l’idée par rapport aux thèmes proposés, et la motivation à consacrer 48 heures intensives à la réalisation du projet.

Dix équipes seront sélectionnées et notifiées par email. Ces dernières auront ensuite accès à quatre samedis de formation en ligne pré-hackathon, à partir de fin octobre, afin de se préparer au week-end de compétition. Les organisateurs insistent sur le fait que le nombre de candidatures attendu dépassera celui des places disponibles, et qu’il est donc conseillé de ne pas tarder à postuler pour être pris en compte.

À l’issue des quarante-huit heures de compétition, trois équipes lauréates seront récompensées. Toutefois, les prix n’auront pas vocation à flatter ou à impressionner, mais plutôt à soutenir le développement professionnel des participants. « Nous envisageons des récompenses utiles pour les développeurs : du matériel technologique, des licences logicielles ou des crédits API. Mais au-delà des prix, la vraie valeur est dans ce que les participants vont construire et apprendre », précisent les organisateurs.

Cette première édition du hackathon constitue, selon eux, une étape symbolique mais importante. En effet, elle marque la volonté de construire un écosystème local où la technologie devient un outil d’émancipation et non un privilège. Comme ils le rappellent : « Un hackathon ne va pas mettre Haïti sur la carte mondiale de l’IA du jour au lendemain. Mais il plante une graine. Ce qu’on fait, c’est créer un précédent. »

À plus long terme, les initiateurs espèrent faire de cet événement un rendez-vous régulier pour les jeunes acteurs du numérique. « Si cette édition est réussie et qu’on trouve les ressources, on fera tout pour continuer. L’idée à long terme, c’est de contribuer à construire une vraie communauté de développeurs IA en Haïti », affirment-ils. Cette perspective s’inscrit dans une vision plus large : celle de voir émerger un réseau de professionnels capables de travailler sur des projets innovants, tout en restant ancrés dans leur pays.

Enfin, pour les organisateurs, l’objectif dépasse le cadre d’un simple concours. Il s’agit de montrer que les jeunes Haïtiens peuvent être partie prenante de la transformation numérique mondiale, sans devoir quitter leur terre natale pour exister professionnellement. « Notre rêve, c’est simple : qu’un jeune en Haïti qui aime coder n’ait plus à partir pour se réaliser. Qu’il puisse apprendre, créer, collaborer et même travailler pour des clients internationaux depuis Port-au-Prince », concluent-ils.

Par Ravensley Boisrond, éditeur en chef de Chokarella

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.