Le jury des Résidences Par Quatre Chemins a dévoilé, ce lundi 6 octobre 2025, les noms des trois artistes retenus pour la 11ᵉ édition du programme. Cette annonce marque une nouvelle étape dans la dynamique de soutien à la création contemporaine en Haïti.
Ainsi, trois artistes issus d’horizons et de disciplines variés participeront à cette résidence de recherche et de création : Mide Steffi Médard (Résonnances féminines / Peinture), originaire de Jacmel ; Jhon Woodly Louis Jeune (Mak bwa, Mak moun / Gravure–mix média), originaire de Dame-Marie ; et Manon Lavaud (Retour à l’expéditeur / Cinéma), originaire de Jérémie.
« Nous nous réjouissons de vous communiquer les noms des lauréat·e·s de la 11ᵉ édition des Résidences Par Quatre Chemins, après délibération du jury. […] Nous avons une pensée spéciale pour tou·te·s les créateur·trice·s qui ont soumis leurs candidatures et nous tenons à remercier chaleureusement les membres du jury pour leur soutien indéfectible dans la sélection des projets », peut-on lire sur les réseaux sociaux du Festival Quatre Chemins.
Cette année encore, les projets retenus témoignent de la diversité des démarches artistiques observées en Haïti. Mide Steffi Médard propose “Résonnances féminines“, une série de douze tableaux consacrés à la représentation des femmes dans leur complexité. À travers la peinture, elle aborde des thèmes tels que la force, la fragilité, la douleur, la sensualité ou encore la renaissance. Cette série constitue, selon elle, « une marche symbolique vers l’acceptation, la sororité et la lumière », tout en rendant hommage aux luttes silencieuses et aux victoires visibles des femmes haïtiennes.
Ensuite, Jhon Woodly Louis Jeune, connu sous le nom de Trevart, présente “Mak bwa, Mak moun“, une recherche autour de la mémoire des matières et des corps. En associant gravure et techniques mixtes, il questionne les traces inscrites dans le temps et établit un lien entre matière, parole et mémoire. Ce travail, fondé sur des récits recueillis auprès de femmes de Dame-Marie, propose une représentation visuelle de leurs expériences et s’inscrit dans une dynamique de création collective.
Enfin, Manon Lavaud engage un travail cinématographique plus introspectif avec “Retour à l’expéditeur“, un moyen-métrage documentaire effleurant l’expérimental. Dans cette œuvre, elle questionne la mémoire familiale, les exils et les silences autour de ses origines haïtiennes. Grandie en France, loin de l’histoire de son grand-père et de ses racines, elle tente de recomposer une mémoire fragmentée. Son projet, explique-t-elle, vise à « retracer une histoire d’assimilation et rassembler les pièces du puzzle disséminées dans des lieux que personne n’a répertoriés pour elle ».
En outre, les Résidences Par Quatre Chemins se présentent comme un laboratoire artistique, où l’expérimentation et la réflexion occupent une place centrale. Ce programme, en favorisant la rencontre entre disciplines et territoires, contribue à soutenir des démarches innovantes. De fait, cette 11ᵉ édition s’inscrit dans la continuité d’un travail d’accompagnement engagé depuis plusieurs années pour valoriser les pratiques artistiques contemporaines en Haïti.
À propos des lauréat.e.s
Manon Lavaud, productrice, réalisatrice et scénariste franco-haïtienne, s’est formée aux Films d’Ici avant de co-fonder à Marseille la société Muja Films, dédiée aux cinéastes du Sud global et de leurs diasporas. Son projet Retour à l’expéditeur s’inscrit dans une démarche personnelle, entre mémoire, exil et transmission.

Mide Steffi Médard, quant à elle, est plasticienne et chanteuse. Diplômée de l’École Nationale des Arts, elle s’engage aussi dans plusieurs actions communautaires. Vice-présidente de l’Association de Femmes Haïtiennes en Mouvement (AFHEM), elle œuvre à l’alphabétisation des femmes et à la formation artistique des enfants. Son projet Résonnances féminines s’inscrit dans cette continuité, alliant art et engagement social.

Enfin, Jhon Woodly Louis Jeune, architecte et artiste plasticien, combine depuis plusieurs années peinture, gravure sur bois et sculpture. À travers ses œuvres, il met en lumière les récits collectifs et les valeurs culturelles haïtiennes. Son projet Mak Bwa, Mak Moun illustre cette volonté de transmission, en plaçant les voix féminines de Dame-Marie au cœur de sa démarche artistique.

© Chokarella