L’histoire du groupe “Reyèl” commence sous un autre nom. En mars 2007, en République dominicaine, un groupe de jeunes étudiants et musiciens passionnés décide de se lancer dans la musique. À l’époque, le groupe s’appelait “Zile” et comptait parmi ses membres Gerald, Joderson, Junior, Chachou, Celestino, Baby Boy, John et Wileme. Ces premiers musiciens partagent la même énergie et le même désir de créer, mais les années et la distance vont transformer leur parcours.
Le tournant survient le 8 juillet 2018. Les membres initiaux décident de changer le nom du groupe et d’accueillir de nouveaux musiciens. Le nom choisi, “Reyèl”, est chargé de sens. « Nous avons choisi Reyèl parce que nous voulions un nom plus proche de nous, qui reflète notre réalité et nos combats en tant que groupe. Pour nous, Reyèl signifie être de bons combattants et avoir confiance les uns envers les autres, que ce soit pour la musique ou l’amitié », explique Celestino, un des membres du groupe à notre rédaction.
L’arrivée aux États-Unis constitue une nouvelle étape. Certains musiciens restent en République dominicaine et de nouveaux membres rejoignent l’aventure. La formation actuelle inclut Madokeys et Yvens aux claviers, T-Lou à la basse, Emman à la batterie, Marco aux percussions, Dee au gong, ainsi que Junior-B et Celestino au chant. Cette évolution témoigne d’une capacité d’adaptation, tout en conservant l’esprit du groupe.
Avant leur engagement dans Reyèl, plusieurs membres avaient déjà un parcours musical riche. « Avant de rejoindre Reyèl, je faisais du rap et du ragga à Haïti avec des groupes comme Vision Kids et Move Haiti à Carrefour. Puis, je suis tombé amoureux du konpa », raconte Celestino. Cette rencontre entre héritage haïtien et ouverture à d’autres genres sera déterminante pour l’identité musicale du groupe.
Depuis leur transformation, le groupe a publié trois singles qui ont marqué leur parcours. Le premier, « Lanmou Maltrete m », en collaboration avec le rappeur P-Jay, est sorti en septembre 2019. Le morceau, qui mêle konpa et influences urbaines, a permis au groupe de se faire connaître. Le deuxième single, « Mwen Jalou », écrit par Jonas Lindor, est paru en août 2023, tandis que le troisième, « M Geri Kounye a », également écrit par Jonas Lindor, a été publié en mai 2025. « Pour M Geri Kounye a, la production a été très facile. Jonas m’a envoyé les paroles et le contact de Nello Ville, un excellent producteur. Quand j’ai commencé à chanter, Nello m’a dit : ‘Wow, sa tou goal !’ », se souvient Celestino. La contribution de Shedly Abraham aux percussions et de l’équipe d’Abdias Laguerre pour la réalisation des vidéos a également été essentielle.
Le style de Reyèl se distingue par son éclectisme. Le groupe puise dans le konpa love, le konpa direk, l’afrokonpa, le konpa zouk, mais n’hésite pas à explorer d’autres genres musicaux. « J’écoute tous types de musiques : konpa, rap, reggae, zouk, racine, reggaeton, salsa… La musique n’a pas de frontière », affirme le chanteur. Cette diversité se reflète dans leur production et dans l’accueil du public. La sortie de M’Geri Kounyea a même attiré l’attention d’un comité de festival américain, qui a contacté le groupe pour une participation en solo.
La dynamique de Reyèl repose sur une collaboration étroite entre les musiciens. « Jonas Lindor écrit les chansons et tous les musiciens participent à la production », explique un membre. Les rôles sont partagés et chacun apporte sa créativité, ce qui permet au groupe de maintenir une cohérence musicale tout en explorant de nouvelles sonorités.
Pour l’avenir, Reyèl prévoit de continuer à publier des singles avant de se lancer dans un album complet. Le groupe se prépare également pour des tournées en Haïti et dans la Caraïbe, sans dates encore définies. Concernant la scène musicale haïtienne, les membres observent la montée de jeunes talents et de nouveaux groupes. « Le konpa est en train de tracer son chemin. Il y a de très jolies chansons et albums », note Celestino, soulignant la vitalité de cette scène.
Parmi les artistes et groupes qu’ils admirent, ils citent Michael Guirand, Kai, Zafem, Medji Enposib, Harmonik Klass ou Ekip. Mais au-delà de l’influence, c’est la capacité de travailler en équipe et de livrer un produit cohérent qui guide Reyèl. « Franchement, c’est un travail d’équipe, et avoir une équipe solide est essentiel pour produire de la musique », explique un membre.
Le message du groupe à son public est simple et direct : « Soutenez toujours nos projets et restez connectés avec Reyèl pour découvrir nos nouveaux projets », conclut-il. Entre fidélité aux racines haïtiennes et ouverture aux influences américaines, Reyèl poursuit son chemin, porté par la volonté de créer une musique qui reflète autant la réalité de ses membres que les émotions de leurs auditeurs.
Par Ravensley Boisrond, éditeur en chef de Chokarella