La structure Gèrye Jwa a clôturé, le samedi 5 octobre, la deuxième édition de son atelier d’écriture intitulé « Sérénade Poétique ». La cérémonie s’est tenue dans les locaux du CESAH, à Delmas 83. Cette activité vise à amener les participants à mieux comprendre l’importance de l’écriture dans leur quotidien et à encourager l’émergence de nouveaux écrivains dans le pays.
Selon Pierre Jonas Romain, l’un des responsables de l’organisation, « cet atelier d’écriture a pour principal objectif de faire connaître les bienfaits de l’écriture dans la guérison des gens mais aussi de renforcer le rapport que les gens, plus particulièrement les enseignants, développent avec l’écriture ».
L’institution dit vouloir, à travers cette initiative, former des personnes capables de transmettre une approche positive à l’égard des enfants afin de les aider à surmonter les difficultés du quotidien. « Nous intervenons dans la formation psychosociale de toute personne en contact avec des enfants. De ce fait, toutes nos activités se penchent sur le fonctionnement du cerveau de l’enfant, sur les jeux et sur tout ce qui peut servir de thérapie pour les gens », poursuit Romain.
Six séances d’ateliers ont été réalisées durant cette édition, dans un format hybride comprenant environ 10 à 15 heures à distance et 20 heures en présentiel. L’objectif était de renforcer les capacités d’écriture des enseignants, qui pourront ensuite transmettre ces acquis à leurs élèves. « Nous avons utilisé une méthode pas à pas en passant par l’imitation, l’observation, par des mots béquilles et par imagination. Tout ceci a amené les participants à progresser tout au long des séances et aussi à être à l’aise à partager leur production avec tout le groupe », ajoute le responsable.
Parmi les participants, Jegadlin Cadelly, bénéficiaire de l’atelier, explique comment cette expérience, animée par Pierre Jonas Romain, Adelson Elias et Jean Guerson Sanon, a influencé son approche de l’écriture. « J’ai appris à structurer mes idées plus clairement, à mieux gérer le rythme d’un texte, et surtout à écrire avec plus d’authenticité. J’ai aussi découvert l’importance de la réécriture et des retours des autres participants. »
Shelove Louis, une autre participante, souligne pour sa part que « l’ambiance était favorable à l’apprentissage ». Elle confie : « Je trouve que cette initiative est très enrichissante. Elle m’a permis de donner vie à mes émotions, de mettre des mots sur des sentiments profonds et parfois difficiles à partager, et de découvrir la force de l’écriture pour exprimer ce que l’on ressent. »
Durant les ateliers, deux poètes confirmés ont été invités à échanger avec les participants autour de leur parcours, de leur style et de leur routine d’écriture. « Les témoignages de certains participants exposés lors de la clôture sont la preuve qu’ils ont amplement bénéficié de cette session d’ateliers d’écriture créative poétique », souligne Romain.
Pour cette deuxième édition, Gèrye Jwa a réuni une quinzaine de participants, dont deux encore à l’école classique. Lors de la première édition, le nombre de participants avait été plus élevé. « Nous avons lancé les inscriptions à la fin du mois de juin. Vu la situation du pays, certaines écoles ont dû fermer leurs portes plus tard que prévu, soit en juillet. Et certains enseignants disponibles ont été sollicités pour donner des leçons à des enfants, ce qui leur a empêché de participer à la deuxième édition », explique Romain.
Malgré la diminution du nombre de participants, cette édition a été la plus productive selon les organisateurs. « À la première édition, il n’y a eu qu’un seul animateur. Les exigences en quantité de textes individuels à produire n’étaient pas strictes. Pour la deuxième édition, malgré la réduction de l’effectif, il y a eu plus de productions et les séances étaient plus variées », indique Romain.
Lors de la clôture, une mini-vente signature a permis de mettre en valeur les productions des participants. Plus de soixante textes, individuels et collectifs, ont été présentés. « C’était une façon de leur faire vivre l’ambiance qui règne lorsqu’un écrivain signe son livre et reçoit des félicitations venant de ses lecteurs », commente un membre de l’équipe.
Jegadlin confie que l’atelier lui a permis de sortir de sa zone de confort et de s’exprimer librement. « J’aime les défis créatifs, je savais que cet atelier allait m’apporter de nouvelles perspectives. C’est une belle expérience humaine et artistique », souligne-t-il.
De son côté, Sherlove estime que cette expérience lui a donné l’occasion d’exprimer ses sentiments et de développer sa créativité. Elle a présenté trois textes lors de la cérémonie de clôture, chacun abordant une thématique différente. « Le premier était pour ma mère, pour exprimer tout l’amour que j’ai pour elle et les sacrifices qu’elle a faits pour moi. Le deuxième était pour mon frère, décédé en 2022, pour garder sa mémoire vivante et exprimer la douleur de son absence. Le dernier était pour l’État de mon pays, où j’ai comparé sa situation à un flambeau sans lumière, pour dénoncer tout ce qui ne va pas et partager mon souhait de voir un vrai changement », confie-t-elle.
Le concours de poésie prévu lors de la restitution a été reporté, et la date de soumission des textes prolongée jusqu’au 27 novembre prochain. Les résultats seront publiés à l’occasion du premier anniversaire de Sérénade Poétique, prévu le 27 décembre.
Les membres de Gèrye Jwa affirment leur volonté de voir la culture littéraire haïtienne continuer à accueillir de nouveaux talents poétiques capables de contribuer à l’histoire nationale du pays.
Par Youbens Cupidon © Chokarella