L’Académie française a dévoilé, le jeudi 2 octobre 2025, la première sélection de son Grand Prix du Roman 2025. Au cœur de cette liste de dix romans figure « Passagères de nuit », le dernier ouvrage de l’écrivaine haïtienne Yanick JP Lahens. Paru le 28 août, ce roman attire déjà l’attention, en France comme en Haïti, et figure également parmi les prétendants au Goncourt et au prix Jean Giono.
Depuis sa création en 1914, le Grand Prix du Roman distingue chaque année « l’auteur du roman que l’Académie a jugé le meilleur de l’année ». L’annonce du lauréat est attendue pour le 30 octobre, sous la coupole, après la publication d’une seconde sélection le 16 octobre. Cette première liste fait apparaître des auteurs confirmés, tels Emmanuel Carrère (Kolkhoze), Nathacha Appanah (La Nuit au cœur) et Alfred de Montesquiou (Le Crépuscule des hommes), mais aussi des voix nouvelles, comme Ramsès Kéfi avec Quatre jours sans ma mère.
La présence de “Passagères de nuit” dans cette sélection confirme le rôle de Yanick JP Lahens dans le paysage littéraire francophone. Lauréate du prix Femina en 2014 pour “Bain de lune“, l’écrivaine poursuit avec ce roman l’exploration des trajectoires féminines et de l’histoire haïtienne, tout en donnant à ses personnages une résonance universelle.

« Passagères de nuit » suit le parcours de deux femmes à travers le temps et les générations. Le récit commence en 1818 à La Nouvelle-Orléans avec Élizabeth, jeune femme marquée par les violences masculines mais affermie par l’exemple de sa grand-mère, ancienne esclave venue d’Haïti. Cette aïeule, devenue commerçante respectée, incarne la liberté conquise et le refus de toute soumission. Initiée aux mystères du vaudou, Élizabeth puise dans cette tradition une énergie vitale qui la guide jusqu’à Port-au-Prince, où elle devient maîtresse de son destin et mère d’un fils dont le parcours traverse l’histoire haïtienne.
Un demi-siècle plus tard, Régina, née dans la misère, prend le relais. Sa rencontre avec le général Léonard Corvaseau bouleverse son existence et ouvre pour elle de nouveaux chemins d’émancipation. À travers ces trajectoires, Yanick JP Lahens revisite son héritage familial et l’histoire de son pays, tissant un récit où mémoire, résilience et liberté se répondent.
La maison d’édition Sabine Wespieser a salué cette sélection sur Facebook : « Nous en sommes heureux et honorés », tandis que la librairie La Pléiade a annoncé que l’ouvrage sera prochainement disponible dans ses rayons. Pour Yanick JP Lahens, cette reconnaissance s’ajoute à un parcours déjà marqué par des prix et une œuvre traduite et saluée bien au-delà d’Haïti. Née le 22 décembre 1953, elle a fait ses études en France avant de revenir enseigner à l’École Normale Supérieure de l’Université d’État d’Haïti. Son œuvre explore les drames politiques, sociaux et intimes du pays, tout en leur donnant une portée universelle.
La première sélection du Grand Prix du Roman 2025 comprend :
- Le ciel est immense, Feurat Alani (JC Lattès)
- La Nuit au cœur, Nathacha Appanah (Gallimard)
- Finistère, Anne Berest (Albin Michel)
- Kolkhoze, Emmanuel Carrère (P.O.L)
- Aimer, Sarah Chiche (Julliard)
- Un pont sur la Seine, Pauline Dreyfus (Grasset)
- Comme en amour, Alice Ferney (Actes Sud)
- Quatre jours sans ma mère, Ramsès Kéfi (Philippe Rey)
- Passagères de nuit, Yanick JP Lahens (Sabine Wespieser)
- Le Crépuscule des hommes, Alfred de Montesquiou (Robert Laffont)
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