La structure culturelle « Productions Théâtre Toupatou » a donné le coup d’envoi de la 10e édition de la Quinzaine Internationale Handicap et Culture lors d’une conférence de presse organisée le mercredi 1er octobre à la Bibliothèque Michèle Tardieu. Cette manifestation, prévue du 1er au 15 octobre, se déroule cette année sous le thème « An n wè on lot jan » et entend mettre en avant la capacité artistique des non-voyants.
Le directeur artistique du festival, Johny Zéphirin, a expliqué les conditions particulières de cette édition : « Cette année nous lançons la dixième édition de la Quinzaine dans un contexte très difficile, car la situation du pays n’est pas propice pour réalisation d’une telle activité. Etant donné que nous avons une équipe dynamique qui est dévouée […] et la culture c’est notre arme, c’est ce qui nous pousse à réaliser cette édition », a-t-il indiqué.
Il a également précisé le choix du thème : « C’est une façon pour nous d’attirer l’attention des gens sur les artistes qui ont des déficiences visuelles. Cependant il va au-delà de cela, parce qu’il invite à tout un chacun de voir le pays, les rapports entre les personnes ainsi qu’avec l’environnement une autre façon », a-t-il poursuivi.

Pour sa part, Gertrude Séjour, responsable de la Fondation Maurice Sixto, partenaire de l’événement, a rappelé l’importance du travail accompli depuis une décennie : « Depuis 10 ans Handicap et Culture est en train de travailler dans le pays pour favoriser l’inclusion des personnes en situation d’handicap dans la société. Nous avons pour habitude de reléguer ces personnes dans notre communauté et la structure nous montre que l’handicap n’est pas un fait néfaste en soi », a-t-elle affirmé.
Elle a aussi mis en avant une dimension particulière de cette édition, liée à la ratification du traité de Marrakech, signé par Haïti mais non encore intégré dans la législation nationale. « Nous voulons mettre une lumière sur ce traité parce qu’il est vraiment important pour les personnes en situation d’handicap parce qu’il facilite l’accès des aveugles et déficients visuels aux livres », a-t-elle précisé. Une journée entière sera ainsi consacrée à ce sujet, sous la direction du Dr Paillant, afin de sensibiliser le public. Par ailleurs, les organisateurs souhaitent inciter artistes et auteurs à traduire leurs œuvres en braille pour favoriser l’accès des non-voyants.

La conteuse non-voyante Cindy Pierre Louis a, quant à elle, témoigné de l’impact du festival sur sa carrière : « Je peux dire que je suis le produit de ce festival car je suis avec eux depuis la deuxième édition et c’est à ce moment que j’allais découvrir mes talents que le théâtre et conteur pourrait être un métier. Avant cette expérience je ne savais pas cela », a-t-elle confié. Elle ajoute : « J’ai réalisé plein de choses avec la structure notamment on a fait des tournées scolaires et des tournées internationales car j’allais en France sur leur direction pour jouer j’ai vengé ma race de Maurice Sixto. J’ai un très beau parcours avec ce festival et il m’a permis de me découvrir réellement ».

Enfin, les organisateurs ont reconnu faire face à de nombreuses difficultés. « Premièrement, nous avons un problème d’ordre économique qui nous empêchent de réaliser ce que nous avons l’habitude de faire dans les éditions précédentes, nous n’avons même pas les moyens pour faire des T-shirts. Deuxièmement l’insécurité reste un défi majeur pour nous, entre autres », a conclu Johny Zéphirin.
Par Youbens Cupidon © Chokarella