Après trois années loin de la scène, la chanteuse haïtiano-américaine Mickael Marabou revient avec « Pran Plezim », un single sorti le 12 septembre. Écrit par l’artiste et produit par AndyBeatz, ce morceau s’inscrit dans l’univers du Rabòday. À travers ce titre, elle invite à préserver des instants de joie malgré les difficultés du quotidien.
Depuis 2022, année marquée par sa collaboration avec le Nigérian Davido, Mickael Marabou n’avait pas publié de nouveau titre. « Après cela, j’ai travaillé sur un projet destiné à une considération aux Grammy Awards, mais je ne l’ai pas promu publiquement car il était destiné à un label », précise-t-elle. En parallèle, elle est restée active en coulisses, menant des projets dans le marketing, les relations publiques, le booking international et la production télévisée, tout en accompagnant d’autres artistes vers des contrats de distribution.
Aujourd’hui, elle explique que ce retour s’est imposé. « La musique vit en moi, c’est un rappel constant de ma mission sur cette terre », confie-t-elle à Chokarella. Et d’ajouter : « Je ne suis pas seulement une artiste individuelle, je suis une marque avec une équipe derrière moi. Ils attendaient ce projet depuis le début de l’année. »
Pour Mickael Marabou, “Pran Plezim” répond à une nécessité personnelle et collective. « Le titre reflète ce dont j’ai personnellement besoin. Je m’inquiète beaucoup pour Haïti… mais j’ai dû comprendre que certaines choses échappent à mon contrôle », dit-elle. Dans ses paroles, elle dresse un constat : « notre pays est malade, les choses ne vont pas bien », mais appelle malgré tout à préserver des moments de joie.
« Cela ne veut pas dire que nous avons oublié, cela veut dire que nous survivons, que nous restons connectés à nos racines et que nous trouvons encore des moments pour nous sentir vivants », poursuit-elle.
Enregistré à New York, le morceau s’est construit dans une atmosphère qu’elle décrit comme « une libération ». Il traduit la nostalgie d’Haïti et la difficulté de composer avec ses blessures. « Le manque d’Haïti, le sentiment que les choses ne vont pas bien, et pourtant des amis qui me disent “sortons quand même” », raconte-t-elle.
Contrairement à ses habitudes, elle a choisi de ne pas multiplier les collaborations. « Je suis connue pour mes collaborations, mais cette fois je voulais revenir en force toute seule. »
Trois années de recul
Cette période d’éloignement lui a permis de porter un regard différent sur l’industrie musicale, marquée par la pandémie et le rôle accru de la diaspora. « Haïti n’est plus le seul centre de notre son, et la diaspora a changé la manière dont les artistes sont présentés et packagés », observe-t-elle. Elle affirme aussi avoir assoupli son approche : « J’ai toujours été perfectionniste et orientée business, mais aujourd’hui je comprends que la musique doit aussi être synonyme de plaisir. Parfois, il vaut mieux finir et partager que de tout retenir en attendant le parfait. »
Née à Brooklyn de parents originaires de Léogâne et du Cap-Haïtien, Mickael Marabou revendique une identité qu’elle qualifie d’« Afro-Kréyol ». « Bonjour, je m’appelle Mickael Marabou. Je suis une artiste dans tous les sens — mes mots, mes mouvements, mon regard, ma musique. Je suis mélodie, rythme et rime. Je suis l’expression de soi », explique-t-elle.
Ses débuts remontent à l’écriture. « J’ai commencé comme parolière, fascinée par les textes et les métaphores. Puis c’est devenu du hip-hop, puis de la mélodie », se rappelle-t-elle. Son premier titre Bel Fanm s’était fait remarquer par son clip avant-gardiste, suivi de Fever avec Skales et les Ghetto Kids, considéré comme l’un des premiers Afrobeats haïtiens. Avec Mamma, en collaboration avec BM, elle accède à une reconnaissance internationale, renforcée par son projet avec Davido. « Chaque étape a construit mon identité Afro-Kréyol », résume-t-elle.
Nouveaux projets
Avec Pran Plezim, Mickael Marabou ouvre un nouveau chapitre. Un clip est prévu, suivi de plusieurs singles et d’un album en préparation. Des collaborations anciennes et récentes devraient aussi voir le jour. Elle annonce que la scène sera au centre de cette nouvelle étape : « Ce prochain chapitre sera le plus puissant parce qu’il s’agit d’amener la musique directement au public. »
À moyen terme, elle affiche une ambition claire : « Je veux être l’artiste qui amènera notre culture plus loin sur la scène mondiale. »
Elle conclut par un mot de reconnaissance : « Je suis excitée d’être là, enthousiaste de partager, et reconnaissante que vous me permettiez de grandir tout en partageant mes expériences à travers ma musique et ma marque. »
Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella