Le journaliste et écrivain haïtien Philomé Robert publie le mardi 2 septembre son troisième roman, Port-au-Prince Cotonou – Un écho sans retour, aux éditions Caraïbéditions.
Léonce et Nortilia, dite Titi, se jurent adolescents de bâtir la gloire d’Haïti. Leur histoire prend toutefois racine loin de leur pays natal, dans l’Afrique indépendante des années 1960, où ils s’expatrient comme cadres de mission pour l’UNESCO.
Sélectionné parmi les 484 romans de la rentrée littéraire, ce récit de 168 pages propose une plongée à la fois historique et poétique dans les liens profonds entre Haïti et l’Afrique. Années 1940. Haïti tente de se relever de la violente Occupation américaine, tandis que la Seconde Guerre mondiale embrase la planète. Dans ce contexte, Léonce et Nortilia nourrissent un rêve : quitter l’île et retrouver, en Afrique, des racines et un avenir qui semblent leur échapper sur leur terre natale. Guidés par un personnage mystérieux, leur itinéraire croise les grandes convulsions de l’époque : l’ombre des fascistes duvaliéristes, la montée des idéaux d’indépendance et les soubresauts d’un monde en quête de liberté.
“Port-au-Prince Cotonou – Un écho sans retour” dépasse le cadre du roman pour éclairer une page méconnue de l’histoire : le rôle des Haïtiens dans les luttes d’indépendance africaines. À travers le parcours de ses personnages, Philomé Robert interroge le lien profond qui unit Haïti à l’Afrique, « un lien de mémoire, de douleur et d’espérance ».
Le roman met en lumière le destin de cadres haïtiens qui, dans les premières décennies des indépendances africaines, ont contribué à former les élites du Rwanda, du Tchad, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, de la République démocratique du Congo, du Congo et d’autres pays. À travers une fresque inspirée de faits réels, l’ouvrage rend hommage à ces passeurs de savoirs et rappelle le rôle d’Haïti dans la transmission des connaissances. Il s’agit d’un récit transatlantique portant sur l’exil, l’amour, la mémoire et la résistance, qui souligne la force des rêves ancrés dans une quête collective.
« Léonce et Nortilia ne sont pas de gens ordinaires, ce sont des gens qui font partie d’une aventure extraordinaire, tel que j’ai voulu les présenter », explique Philomé Robert. « Ce sont des gens dont la jeunesse a fait le vœu, guidés par un personnage assez fantasque, de se tourner vers l’Afrique. Et pour cela, ils vont le faire, parce qu’ils se sentent un peu poussés, une sorte de redevance envers leur pays. Mais ils n’ont pas la formation nécessaire pour cela. Donc, guidés par ce personnage, ils décident de faire le voyage en Afrique, d’aller se former et d’aller finalement, au bout du compte, aider les premières générations d’Africains post-indépendances. Puis c’est aussi le cœur du livre : pouvoir se construire, pouvoir se construire un avenir », […] a-t-il poursuivi.

Avec ce troisième roman, après Les Lumières d’Afriques et “Le Temps d’un détour“, Philomé Robert confirme sa capacité à mêler journalisme et littérature. Son écriture conjugue rigueur documentaire et imaginaire, proposant une réflexion sur les silences de l’histoire et sur les ponts entre continents.
Né le 20 août 1975 à Limbé, en Haïti, Philomé Robert est journaliste, romancier et essayiste. Formé en linguistique, droit, sciences politiques et communication à Port-au-Prince, à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et à Sciences Po Paris, il a travaillé sur les ondes de Radio Vision 2000, puis à Radio France Internationale. Depuis 2008, il est l’un des visages de France 24, où il présente la matinale du week-end et couvre l’actualité internationale.
Son premier roman, “Exil au crépuscule” (2011, coédité par RFI), explore les fractures de l’exil et les silences de l’histoire. Il a également contribué à plusieurs ouvrages collectifs, dont “Haïti, réinventer l’avenir (MSH/UEH)”, “Comprendre l’Haïti contemporaine (2021)”, et “Jeunes Africains et Caribéens face à l’avenir (L’Harmattan)”.
Depuis 2022, il est éditorialiste pour le journal haïtien Ansanm Ansanm, qu’il a dirigé en tant que rédacteur en chef. Journaliste international, il a réalisé des reportages depuis Haïti, la France, les États-Unis, l’Autriche, la République dominicaine et plusieurs pays africains. Il a également formé de nombreux journalistes, au CESTI de Dakar et pour des médias haïtiens.
Parallèlement à son activité journalistique, Philomé Robert poursuit sa carrière littéraire avec Vagabondages éphémères (2022, Caraïbéditions) et prépare un recueil d’éditoriaux. Présent dans de nombreux festivals littéraires à Paris, Bruxelles, Genève, Miami, Rabat, Johannesburg ou Bamako, il participe à des rencontres où littérature et engagement se croisent.
Philomé Robert est également actif dans le domaine des droits humains, membre bénévole du Bureau des Droits Humains en Haïti et inscrit au barreau des Côteaux. Entre télévision, écrits et formation, il cherche à relier information, mémoire et création, poursuivant sa mission de « dire vrai » et d’éclairer le présent par les mots.
Par Ravensley Boisrond, éditeur en chef de Chokarella