Stella Jean : la mode repensée depuis Cap-Haïtien et d’autres marges du monde

« What if the future of fashion began where no one looks? » La question posée par Stella Jean résonne comme une invitation à déplacer le regard. Dans une publication diffusée ce mercredi 10 septembre 2025 sur Instagram, la créatrice italo-haïtienne a partagé un extrait de son journal de voyage lié à sa collection automne-hiver 2025-2026, “Buffalo Soldiers“. Elle y évoque des lieux tels que Cap-Haïtien, en Haïti ; Okahandja, en Namibie ; Moramanga, à Madagascar ; ou encore Bichkek, au Kirghizistan, affirmant que l’avenir de la mode pourrait se dessiner à la marge des grandes cartes et en dehors des capitales établies.

Cette approche s’inscrit dans une réflexion plus large menée par la styliste depuis plusieurs années. Fille d’un père italien et d’une mère haïtienne, Stella Jean a toujours défendu l’idée d’une mode nourrie par la diversité culturelle et par la valorisation des savoir-faire locaux. Sa démarche met en avant des territoires souvent tenus à l’écart du récit global, considérés pourtant comme des espaces de créativité et d’innovation.

En Haïti, ce discours a trouvé un écho particulier lors de sa venue en juillet 2025. Invitée d’honneur de la première édition de HAIFEX, le Salon de l’entrepreneuriat féminin, Stella Jean a participé à deux jours d’échanges organisés les 5 et 6 juillet au Centre de convention NH Haïti El Rancho, à Port-au-Prince. L’événement, centré sur le rôle des femmes dans les industries créatives, lui a permis de présenter son parcours et de partager son expérience avec un public composé de jeunes entrepreneures, d’artisans et d’acteurs culturels.

Au cours de son intervention, la styliste a insisté sur l’importance de créer des passerelles entre tradition et modernité, entre local et global. Elle a rappelé que la mode ne se limite pas à une production esthétique, mais qu’elle peut également être un outil économique et culturel, contribuant à la reconnaissance d’identités multiples.

La présence de Stella Jean en Haïti s’inscrit aussi dans une continuité. En 2024, elle avait déjà marqué l’actualité internationale en habillant la délégation haïtienne lors des Jeux Olympiques de Paris. Ce geste avait permis de mettre en lumière la richesse du patrimoine culturel haïtien à travers un événement mondialement suivi.

Aujourd’hui, à travers son projet “Buffalo Soldiers” et ses écrits, la créatrice confirme son intention de poursuivre ce dialogue entre les marges et le centre, en proposant une vision où la mode ne se limite plus aux grandes capitales mais s’invente aussi dans des villes éloignées des circuits habituels. Une manière de redessiner la carte de la création en donnant une place à des territoires longtemps restés en dehors du champ.

Par Ravensley Boisrond, éditeur en chef de Chokarella

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