Le rappeur haïtien King Street, de son vrai nom Pierre Louis Kendy, a dévoilé le 6 septembre 2025 un nouveau single intitulé “M sonje w“. Trois mois après son précédent titre, l’artiste change de registre et propose une œuvre marquée par l’intimité, centrée sur la perte de sa mère et sur son affrontement avec la dépression. Le morceau est accompagné d’un vidéoclip.
Dans ce projet produit par Magic Touch, Pierre Louis Kendy exprime à la fois la douleur du deuil et le poids de la maladie. « M kontan pataje istwa m avè nou », avait-il déclaré le 6 août dernier sur Instagram, annonçant la sortie du titre. Dès l’introduction, il décrit l’absence maternelle et le vide laissé derrière elle : « Depresyon vin pi bon Zanmi m, m gen doulè yon Blese ki san mak, yon moman ki make nan vi m… ». Ces mots traduisent une mise à nu, où l’artiste ne dissimule ni sa vulnérabilité ni ses larmes.
Le texte oscille constamment entre frustration et culpabilité. La colère et l’incompréhension s’expriment dans la phrase : « Fistrasyon m se ou menm ak lavi ki chwazi pouse m yon gwo kou ». À l’inverse, les regrets se révèlent dans l’aveu : « M regret lè w te la, m pat konn bò chak minit, chak segond », où il reconnaît ne pas avoir pleinement profité du temps passé avec sa mère.
L’épuisement émotionnel est également présent dans les paroles : « Mwen santi m pa kapab A chak fwa santi m nan fènwa ou Stil toujou fè m santi w la, m kriye trop, m sonje w ! ». Par « Mwen santi m pa kapab », il exprime l’impossibilité de supporter le poids du deuil, qui dépasse la simple tristesse pour se transformer en un état de dissolution psychique. « A chak fwa santi m nan fènwa ou » évoque un deuil assimilé à l’obscurité, où l’absence prend la forme d’une ombre constante. La formule « Stil toujou fè m santi w la » souligne un paradoxe : même disparue, la mère reste présente dans la mémoire de l’artiste, comme une figure persistante. Enfin, « M kriye trop, m sonje w » conclut ce cycle où les pleurs et les souvenirs s’entrelacent, dessinant une spirale où la douleur et la mémoire se nourrissent mutuellement.
À travers ce titre, King Street construit un témoignage qui documente son expérience personnelle du deuil et de la dépression. M sonje w retrace ainsi un parcours émotionnel marqué par la perte et montre la manière dont il choisit de transformer cette douleur en matière artistique.
Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella