Après l’obtention de son diplôme en droit, la chanteuse haïtiano-américaine Rebecca Zama revient sur le devant de la scène avec Game Over, un single produit par Troubleboy et dévoilé le 14 août 2025, accompagné d’un vidéoclip. Invitée ce mercredi 3 septembre de l’émission Carel in the Morning, elle est revenue sur son parcours, ses choix de carrière, ses initiatives communautaires et la place des femmes dans l’industrie musicale haïtienne.
Dans un premier temps, l’artiste, connue sous le nom de scène ZAMA, avait choisi de mettre sa carrière en suspens afin de se concentrer sur ses études. « J’ai fait des études de droit, j’ai été diplômée, je me suis concentrée sur mes études. Maintenant, je me consacre à 100 % à la musique », dit-elle. Ce choix, précise-t-elle, est lié aux conseils reçus dans son entourage : « Ce n’était pas un rêve, mais une opportunité qui pouvait me servir dans la vie, ainsi qu’à mes amis et à ma communauté. »
Ainsi, sa formation nourrit aujourd’hui son travail artistique et social. Comme elle l’explique : « Je crois profondément en l’éducation, je la valorise beaucoup. » Dès lors, ses études lui ont permis d’élargir son champ d’action, notamment dans l’accompagnement communautaire. Ayant grandi à Boston, elle s’est impliquée très tôt dans sa communauté, que ce soit à travers l’organisation de cliniques juridiques, des campagnes de sensibilisation contre la désinformation ou encore des actions de dons. « Je ressentais une responsabilité d’agir », souligne-t-elle.

Par ailleurs, son implication ne date pas d’hier. Dès son adolescence, elle s’était investie auprès de l’Asile, soutenant des enfants et contribuant à la création d’une petite école de musique. Aujourd’hui encore, elle poursuit cette démarche puisqu’une levée de fonds est en préparation pour relancer les classes : « Nous avons une équipe sur place qui s’occupe de tout », indique-t-elle.
En outre, dans son entretien, elle évoque les difficultés rencontrées par les artistes haïtiens vivant à Boston, où les opportunités sont limitées. Toutefois, elle cite aussi des expériences positives, comme sa participation à Bayo : « C’était extraordinaire, je n’ai pas les mots pour décrire ce que je ressentais. Bayo est une belle initiative et une expérience incroyable. »

Sur le plan artistique, Rebecca Zama se situe à la croisée de plusieurs influences. Active depuis 2016, elle conjugue chant, piano et théâtre dans un univers marqué par son double héritage culturel. « Je ne me limite pas à un seul genre musical. Étant américano-haïtienne, j’ai grandi en écoutant beaucoup de styles différents. Je suis le produit de deux cultures », explique-t-elle.
Dès lors, son choix de revenir par le kompa n’est pas anodin : « Le Konpa représente ma culture, et j’aime profondément cette musique. Nous avons commencé à travailler sur Game Over en janvier 2025. La chanson, écrite par Troubleboy Hitmaker, de son vrai nom Lord Wensky Jolissaint, dégageait une énergie particulière dès sa création. »

En ce sens, elle décrit également le message du morceau : « Cette chanson vise à transmettre force et amour de soi à tous ceux qui traversent une situation qui ne leur convient plus. » La sortie de Game Over est aussi le fruit d’un travail de longue date avec son producteur : « Depuis notre première rencontre en 2018, il n’a cessé de me pousser. Aujourd’hui, ce projet voit enfin le jour. C’est un excellent collaborateur. » De cette complicité naîtra bientôt un EP, actuellement en préparation.
Par ailleurs, au micro de Carel Pedre, Rebecca Zama insiste sur la place croissante des femmes dans l’industrie musicale haïtienne. « C’est difficile d’avancer quand on est une femme, surtout dans cette industrie », constate-t-elle. Cependant, elle relève une évolution notable : « Je suis heureuse qu’il y ait aujourd’hui beaucoup de femmes au-devant de la scène dans l’industrie musicale haïtienne. Quand on les voit briller, c’est parce qu’elles ont enfin une plateforme pour montrer ce qu’elles savent vraiment faire. »
Ainsi, selon elle, ces dynamiques transforment progressivement la perception du public et de l’industrie, tout en offrant davantage de visibilité et de reconnaissance aux artistes féminines.

Enfin, face à ces changements, Rebecca Zama adopte une stratégie claire : maintenir une présence continue. « Avant la sortie de mon EP, je veux rester présente, familiariser le public avec mon univers », explique-t-elle. Son objectif est de proposer un projet qui reflète pleinement son identité artistique : « Mon objectif est de proposer un projet 100 % Zama. »
De cette manière, l’artiste souhaite inscrire son travail dans la durée, entre ambitions musicales, engagement communautaire et affirmation dans une industrie en mutation.
Regardez l’interview complète de Carel Pedre avec Rebecca Zama sur la chaîne YouTube de Chokarella ci-dessous :
Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella