La chanteuse haïtienne Jeejee, de son vrai nom Marie Rosekande Rozilme, a dévoilé son tout premier morceau de rap le dimanche 31 août. Intitulé « Fanm… Eksplike m », le titre est accompagné d’un visualiseur disponible sur Youtube. L’artiste y propose un plaidoyer sur la disparité entre hommes et femmes dans la société.
« Ce titre parle de la perception des hommes quand ils pensent aux femmes, limitées, dépendantes, mais au fond quand on y pense vraiment, tous les problèmes commencent avec la décision d’un homme qui pense avoir le pouvoir et que le pouvoir », affirme l’interprète de “ n egal”.
Pour Jeejee, il existe une raison simple qui justifie de donner plus de place aux femmes. « Paske se fanm ki bay lavi e ki konn sa k rele lavi », clame-t-elle dans les premiers vers de son morceau. Elle ajoute que certaines femmes peuvent faire tout aussi bien, voire mieux que les hommes, car elles disposent des mêmes capacités sur plusieurs sujets.
Si l’écriture et la composition du texte n’ont pris que dix minutes, il a fallu davantage de temps pour trouver la mélodie appropriée. « Le défi était de rapper a cappella pour que le producteur EL MAGICO produise le son”, explique Jeejee. Elle confie avoir franchi une étape importante dans sa carrière : “Mon premier morceau rap, j’ai eu l’audace de le partager, ça veut dire beaucoup pour moi. Cela me prouve que je peux faire ce que je veux avec et dans ma musique. »
Le public connaît Jeejee pour sa capacité à naviguer entre plusieurs styles musicaux, mais peu s’attendaient à la voir s’orienter vers le rap. Selon elle, ce choix s’est imposé par le contenu du texte : « J’ai commencé à écrire ce texte et j’ai réalisé que le slam ou le rap serait la meilleure façon de le délivrer », souligne-t-elle.
Avec Fanm… Eksplike m, elle met en lumière les obstacles qui marginalisent les femmes dans une société qu’elle considère comme sexiste. « Il y a toujours de la confusion, des questions sans réponses, des normes carrément anormales et superficielles au détriment des femmes et on sait que la société en est pour beaucoup », estime-t-elle.
Originaire du Sud d’Haïti, plus précisément de la ville des Cayes, Jeejee est la benjamine d’une fratrie de trois filles. Comme de nombreux artistes de sa génération, elle a fait ses débuts dans son église. En 2010, après le séisme qui a frappé Haïti, elle sort son premier morceau Yon Ti Chans. Deux ans plus tard, elle participe à la compétition Digicel Stars, où elle termine troisième. « J’ai été 3ᵉ au concours Digicel Stars, mais c’est mon premier morceau ainsi que ma passion qui motive à continuer », raconte-t-elle.
Après ce concours, elle s’installe à l’étranger, ce qui interrompt sa production musicale. « J’ai pris 6 ans pour m’installer aux États-Unis et j’ai recommencé en 2022 avec ma carrière », précise-t-elle. Depuis, elle dit travailler à perfectionner son art, afin de mieux maîtriser différents genres musicaux. « J’aime l’Afro, c’est en moi, je pense que si le beat est afro, je trouverai toujours des mélodies, mais je rappe, je chante du compas, slow, RnB, tous les genres, si c’est la musique, vous pouvez compter sur moi », affirme-t-elle.
Dans un milieu encore largement dominé par les hommes, elle déclare avoir du respect pour ses pairs, en particulier pour ceux qui se distinguent par leur créativité. « Tous les artistes m’influencent, mais les artistes qui peuvent créer sont les meilleurs, je les respecte beaucoup plus », confie-t-elle.
La chanteuse veut continuer à enrichir sa discographie avec de nouvelles productions. « Moun Pa Kriye Pou Moun Ankò, Vin Kouri Sou Mwen, Koniflét, N’egal. Je pense que MPKPMA m’a confirmé beaucoup de choses que je préfère pas en parler pour le bien de protéger mon esprit de créativité, mais chacun d’entre eux reste spécial pour moi », avance-t-elle.
Elle précise avoir plusieurs morceaux déjà finalisés mais qui ne seront dévoilés qu’au moment opportun. « J’ai des collaborations, des singles qui sont déjà prêts, et c’est pour très bientôt », conclut Jeejee.
Par Youbens Cupidon © Chokarella
