Le patrimoine culturel d’Haïti a été mis en avant à la Barbade lors de la 15ᵉ édition du Festival des arts de la Caraïbe (CARIFESTA XV), organisée du 22 au 31 août sous le thème « Caribbean Roots… Global Excellence ».
Dès l’ouverture, la délégation haïtienne a présenté l’identité du pays à travers la musique, la danse, la gastronomie et l’artisanat. Ainsi, des tenues en tissu carabela et des créations inspirées des traditions afro-haïtiennes ont côtoyé des sandales, sacs et bijoux artisanaux, ce qui a permis de mettre en évidence la diversité des savoir-faire haïtiens.
« Nous sommes si heureux de pouvoir partager notre belle culture », a indiqué la délégation haïtienne dans un communiqué publié sur Instagram. « Haïti à la CARIFESTA Barbade 2025 présente fièrement la richesse de notre artisanat. Des vêtements et sandales aux sacs, chaque création reflète le talent, l’identité et la créativité de notre peuple. »
Par ailleurs, dans une note diffusée le 28 août, le ministère de la Communication et de la Culture (MCC) a précisé que la participation d’Haïti s’articulait autour du thème « Nos origines, nos réalisations, notre avenir ». De ce fait, trois volets complémentaires ont été mis en avant :
- Origines : rendre hommage au patrimoine et aux traditions afro-caribéennes à travers des performances artistiques ;
- Réalisations : valoriser la production haïtienne dans la musique, la mode et la gastronomie ;
- Avenir : souligner la résilience et les perspectives durables face aux défis mondiaux.
En conséquence, plusieurs ateliers et expositions tels que Gout Dlo et Maison d’Escale ont été organisés, accompagnés de prestations où musique et spiritualité se sont entremêlées.
La délégation, conduite par le chanteur et ethnologue Erol Josué, directeur de la Faculté d’ethnologie de l’Université d’État d’Haïti, a ainsi porté cette thématique.
De plus, CARIFESTA, considéré comme le plus grand rendez-vous culturel de la région, a réuni musiciens, danseurs, comédiens, peintres et artisans venus de divers pays. La Première ministre de la Barbade, Mia Amor Mottley, a rappelé sur le réseau X l’esprit de cohésion que représente ce festival : « C’est notre chance de raconter notre histoire au monde et de nous affirmer en tant que peuple caribéen uni. » Elle a ajouté : « Il n’y a pas de plus grand sentiment que celui de voir la famille caribéenne rassemblée. »
Le 30 août, plusieurs artistes haïtiens se sont produits devant le public barbadien. Ainsi, la chanteuse Charline Jean-Gilles, accompagnée du groupe Nanm Vodou, a livré une prestation mêlant percussions, guitares et voix. En outre, des troupes comme 21 Nanchon et Nègès Fla Vodou ont animé la scène avec leurs rythmes et danses. Ces présentations ont pris tout leur sens dans un contexte où Haïti est confronté à la violence des gangs, aux déplacements massifs et à l’insécurité alimentaire.
De surcroît, la manifestation a ravivé la mémoire de la 12ᵉ édition de CARIFESTA, organisée en août 2015 en Haïti, où des délégations avaient été accueillies à Port-au-Prince, Jacmel, Les Cayes et au Cap-Haïtien.
« Haïti est force, racines et lumière », a écrit Erol Josué sur Facebook durant le festival. « Haïti au CARIFESTA – rythme, couleur, énergie, tambours, danse, chant et tradition… Haïti ne périra pas. »
En outre, l’événement a permis de renforcer les liens entre artistes haïtiens et caribéens, favorisant la collaboration et ouvrant de nouvelles perspectives sur les marchés internationaux.
Pourtant, la participation d’Haïti avait suscité un débat sur l’opportunité d’envoyer une délégation dans un contexte de crise. Finalement, le gouvernement a opté pour une présence allégée mais représentative. Laurent Saint-Cyr, président du Conseil présidentiel de transition (CPT), a salué cette démarche.
« Cette participation coordonnée a mis en lumière la vitalité et la richesse de la culture haïtienne », a-t-il déclaré le 30 août, en hommage aux artistes, artisans et créateurs.
De son côté, le MCC a insisté sur le rôle central de la culture en dépit de la situation actuelle : « Même en temps de crise et d’instabilité aggravée par la montée des violences armées, sa culture reste intacte. »
En définitive, les participants ont souligné que le festival a renforcé les réseaux entre les délégations caribéennes et qu’il ouvre davantage de perspectives internationales. De cette manière, il contribue à la transmission et à la continuité du patrimoine culturel haïtien.
Par Ravensley Boisrond, éditeur en chef de Chokarella