Médecin et chanteur, Jovans Lorquet suit une trajectoire où se croisent engagement social, héritage familial et ouverture musicale. Né à Miami et élevé à Port-au-Prince, il incarne une génération d’artistes capables de conjuguer rigueur académique et passion créative, tout en restant ancrés dans leurs racines haïtiennes. Ses spécialités musicales incluent le Konpa, le R&B, le zouk et l’Afrobeat.
Issu d’une famille profondément liée à la foi et à la musique, Jovans Lorquet a toujours évolué entre deux univers : la médecine et l’art. « Je me considère avant tout comme un humaniste. La médecine et la musique sont deux langages que j’utilise pour aider et inspirer. Si la première guérit le corps, la seconde soigne l’esprit », explique-t-il. « Je suis un artiste haïtien animé par deux passions : la musique et la médecine. Je chante depuis mon plus jeune âge, mais je suis aussi médecin de profession. Mon objectif est de créer un pont entre l’art et le service à la communauté, en montrant que l’on peut soigner les corps tout en nourrissant les âmes. Mes spécialités musicales sont le konpa, le R&B, le zouk et l’Afrobeat. »
Son parcours illustre cette conviction. Après avoir grandi dans la capitale haïtienne, fréquenté l’école Sainte-Trinité et intégré la chorale Laël Gospel de l’Église Évangélique Communautaire de Santo, il poursuit ses études secondaires au Nouveau Collège Bird. Aux États-Unis, il obtient un doctorat en médecine à la Florida International University avant de se spécialiser en médecine d’urgence. « Depuis petit, j’ai vu des proches souffrir par manque d’accès aux soins. Cela m’a donné le désir profond d’apprendre à intervenir, sauver des vies et être utile là où on a le plus besoin de moi. »
L’éveil musical de Jovans remonte à l’enfance. À cinq ans, il joue déjà du violon, de la flûte, du piano et de la guitare. L’influence de son père, Joël Lorquet, chanteur évangélique, est déterminante. Les activités scolaires et religieuses lui permettent d’affiner son talent, jusqu’à devenir chanteur principal de Laël Gospel. « Je chante depuis mon enfance, mais j’ai commencé à composer sérieusement à l’adolescence, en cherchant à raconter mes propres histoires et celles des gens autour de moi », raconte-t-il.
Sa première expérience officielle remonte à la chanson Jezi sou lavi, enregistrée avec Laël Gospel. Plus tard, il lance sa carrière solo avec Demen, suivi de quatre albums : Zouk/Kompa Vol. 1, Zouk/Kompa Vol. 2, Vini Avè M et Oui. « La musique m’a soutenu dans les moments difficiles, surtout lorsque j’étais sous forte pression à cause de mes études. C’était ma première thérapie », se souvient-il.
Entre influences et identité sonore
Le style de Jovans Lorquet combine rythmes haïtiens et sonorités modernes, avec une touche soul et R&B. « J’aime que mes chansons portent un message, qu’elles puissent à la fois faire danser et transporter dans un autre monde », dit-il.
Ses influences sont variées : Mikaben, Tantan, Luther Vandross, Anita Baker, Sade, Michael Jackson, Usher. « Chaque artiste que j’admire m’inspire différemment. Mikaben pour le rythme, Luther Vandross pour la voix, Michael Jackson pour la créativité », précise-t-il.
Le titre Si m pa konn gouye marque un tournant, élargissant son public au-delà de la diaspora. « J’ai reçu des messages de gens en Europe, en Afrique, même en Nouvelle-Calédonie. Cela m’a confirmé que la musique pouvait voyager sans passeport », raconte-t-il.
En juin 2025, il publie Farinen, une chanson d’amour qui illustre sa passion pour la fusion des genres. « Elle raconte l’histoire d’un homme qui veut convaincre la femme qu’il aime de rester à l’abri de la pluie pour partager un moment intime avec lui », explique-t-il.
Jovans collabore aussi avec des figures de la scène urbaine et caribéenne, comme Niska sur Lucky Man ou J. Perry sur Losing My Mind. « Ces collaborations me permettent d’élargir mon horizon musical, tout en restant fidèle à mes racines haïtiennes », ajoute-t-il. Pour lui, la musique est un outil citoyen : « Je veux transmettre de l’espoir, de la fierté et de l’amour pour nos racines. Ma musique, c’est comme lire un roman d’amour, mais c’est aussi un moteur de changement social. »
Engagement social et projets futurs
Au-delà de la musique et de la médecine, Jovans Lorquet s’investit dans le social via la Fondation Lorquet, fondée par son père. « Nous travaillons dans l’éducation, la santé, et même dans des projets liés au tourisme. Mon objectif est d’utiliser mes connaissances et mon art pour contribuer, à ma manière, au développement de mon pays », souligne-t-il.
Actuellement, il prépare un EP qui explorera différents styles tout en restant ancré dans ses racines haïtiennes. « Cet EP contiendra à la fois des chansons festives et des titres plus introspectifs. Je souhaite que chaque morceau raconte une histoire, qu’il fasse danser tout en faisant réfléchir », précise-t-il.
Jovans prévoit également de se produire à l’international, en Europe et aux États-Unis. « Même loin de chez nous, je veux que les gens ressentent l’énergie, la culture et l’âme d’Haïti à travers mes chansons », insiste-t-il.
Son rapport au public reste central : « Chaque écoute, chaque message, chaque commentaire positif me motive à continuer. Je me sens vraiment soutenu par mes fans, et cela m’encourage à aller plus loin dans ma musique. À ceux qui me découvrent aujourd’hui, je vous invite à embarquer dans ce voyage musical et humain avec moi. La meilleure partie de cette aventure, c’est de la vivre ensemble. »
Pour Jovans Lorquet, la musique est aussi un moyen de connexion et de partage. « Quand je crée, je pense à comment chaque chanson peut toucher quelqu’un, apporter un sourire, un moment de réconfort ou simplement faire danser. Mèsi anpil pou lanmou nou, e m’ap kontinye travay pou nou. Chaque projet que je réalise est une manière de vous remercier pour votre confiance et votre soutien. »
Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella