RèN Darah dévoile son deuxième EP : Dédicace à la petite fille que j’étais

La chanteuse haïtiano-canadienne RèN Darah, de son vrai nom Nadwine Darah Muscadin, a dévoilé le 22 août son deuxième EP, intitulé “Dédicace à la petite fille que j’étais“. Ce projet de sept titres s’inscrit, selon elle, dans un cheminement vers l’amour de soi et la guérison. En effet, l’EP associe Afrosoul et rythmes folkloriques haïtiens, dominés par la force des tambours.

Ainsi, dès le 13 août, l’artiste, sacrée Meilleure voix féminine lors de la 7ᵉ édition des Kilimandjaro Music Awards, avait présenté sur Instagram son nouveau projet. Elle écrivait en légende : « Avec mon projet Dédicace à la petite fille que j’étais, j’ouvre une fenêtre sur ma philosophie, ma vision, mes valeurs… tout en étant vulnérable. Ça coûte émotionnellement, j’espère vraiment qu’on se tiendra par la main à travers ce cheminement. »

Par la suite, une série de publications est venue détailler sa démarche, ses inspirations et la portée intime de ce second EP. En ce sens, elle confiait alors à son public : « C’est avec le cœur ouvert, sous une plume sensible et vulnérable que je vous dévoile mon deuxième EP titré Dédicace à la petite fille que j’étais. Cet EP est le début d’un cheminement d’une vie vers l’amour de soi et la guérison. »

Dès lors, ce nouvel EP apparaît comme le fruit d’un moment charnière. RèN Darah décrit en effet la lutte intérieure d’une femme et entrepreneure dans l’industrie musicale, marquée par le doute malgré une foi et une passion persistantes. Toutefois, elle explique avoir trouvé un tournant en choisissant de se confronter à ses blessures et de renouer avec l’enfant en elle : « Je suis allée vers elle pour l’écouter et la prendre dans mes bras, pour lui dire que ça va. Tout va bien. Écoute ton cœur, tu as raison, tu es différente comme tous les autres. »

De ce dialogue intérieur est donc né le titre du projet, conçu comme un hommage à la petite fille qu’elle fut, marquée par ses rêves, ses interrogations et sa singularité.

Par ailleurs, “Dédicace à la petite fille que j’étais” regroupe sept titres, chacun porteur d’une intention particulière.

Tout d’abord, l’EP s’ouvre sur “Ose“, produit par Milkywae, un appel à l’audace et à l’affirmation de soi. Ensuite, “Randevou“, signé par Enoch, explore la résilience face aux traumatismes et la nécessité de préserver sa lumière intérieure. De plus, “Li pa nòmal” (narration) interroge les expériences d’injustice et de vulnérabilité vécues dans l’enfance. Quant à “Dènye Kout Renmen“, en collaboration avec Zazoubeats et King H 509 et produit par Zazoubeats, il témoigne d’une ultime quête d’amour et de connexion humaine.

Avec “Liberté“, produit par NateB, l’artiste exprime une promesse de réappropriation de sa voix et de son identité. Puis, Tras la, en featuring avec Zaka aux tambours, plonge dans une dimension spirituelle et rituelle en mêlant sonorités afro-caribéennes et univers personnel. Enfin, l’EP se conclut avec Nadwine, un slam introspectif écrit et produit par RèN Darah elle-même, adressé directement à l’enfant qu’elle fut.

Ainsi, chaque morceau s’inscrit dans un parcours marqué par des thèmes universels tels que l’amour de soi, la guérison, la liberté et l’identité, mais toujours racontés à travers une voix personnelle.

En ce qui concerne le processus créatif, certains titres sont nés de la nécessité immédiate de s’exprimer, comme “Randevou ou Dènye Kout Renmen“. En revanche, d’autres sont issus d’expériences plus intuitives, parfois mystérieuses. À ce sujet, l’artiste raconte : « Se yon maten pandan m’ap benyen m ap prese pou m al travay. Mwen komanse chante mizik kouzen ki sou track sa, men mind you, I never heard this song before, m pa konn ki espri ki kouzen an a l’époque. Sauf que mwen wè m’ap chante yon bagay ke mwen pa konprann e mwen santi mwen pa ka kanpe tèt mwen from chante li. »

Ce n’est qu’après des recherches, ajoute-t-elle, qu’elle dit avoir identifié l’influence de l’esprit Kouzen Zaka, une découverte qui illustre la dimension spirituelle et intime de son processus créatif.

Originaire d’Haïti, RèN Darah y a grandi avant de s’installer à Québec à l’âge de 13 ans. Ce double ancrage culturel marque donc son identité artistique. Adolescente, elle participait déjà à des journées multiculturelles à son école secondaire Mont-Bleu, interprétant des chansons traditionnelles haïtiennes. À ce propos, elle confie : « L’énergie de la terre d’Haïti, ou du moins des esprits qui l’habitent, m’inspirent tout simplement. »

Son arrivée au Québec, en revanche, lui a permis de développer son art dans un environnement offrant davantage de ressources, tout en restant connectée à ses racines. De ce fait, sa musique se construit à la croisée des tambours haïtiens et des sonorités Afrosoul et soul.

Dans “Dédicace à la petite fille que j’étais“, le fil conducteur est donc le self love au féminin, une énergie spirituelle qui traverse l’ensemble des morceaux. Musicalement, l’artiste explore par ailleurs une large palette de sonorités, des chœurs aux harmonies vocales en passant par les rythmes traditionnels haïtiens, pour bâtir une fusion entre modernité et tradition.

À ce propos, elle affirme : « Je suis extrêmement fière de l’histoire que je raconte à travers le projet, mais aussi de la prise de risque sur certains sons comme Tras la, la direction artistique aux niveaux des sons aussi, ma voix aussi. Je trouve de plus en plus mon son, j’explore mon timbre. Faire tout cela m’a demandé du cran, de la confiance, le courage de faire face à ma peur d’être vulnérable. Ce n’est pas tout le monde qui reçoit la vulnérabilité avec douceur, d’autres ne la comprennent pas. Mais comme dit Erykah Badu, l’art est l’absence de la peur, et c’est ce que je commence à appliquer avec ce projet. »

Elle poursuit en effet : « Grosse fierté pour moi, d’avoir osé commencer à regarder à l’intérieur de moi et un début de cheminement pour essayer de comprendre qui je suis réellement. J’ai toujours mis ça un peu au second plan, parce que ça avait l’air complexe et lourd, mais c’est ce qui m’intéresse présentement et le faire est intimement lié à une nécessité pour la paix intérieure. »

De manière plus générale, pour l’artiste, ce projet porte également un message d’espoir et d’encouragement. « Je souhaite que ce projet soit un brin d’espoir dans tout ce chaos que vit le monde. Le plus grand message est dans la chanson Randevou : It’s okay to not be okay, men konnen yon jou Solèy va leve. Je souhaite aussi que mon témoignage de mon histoire en tant que femme inspire d’autres femmes à s’aimer, à s’accepter et à se prioriser dans leurs vies », explique-t-elle.

Une rencontre avec le public

Enfin, à l’occasion de la sortie de l’EP, RèN Darah se prépare à retrouver son public. En effet, deux dates sont déjà prévues : le 6 septembre au festival “Black Out Loud”, à la Maison de la francophonie, et le 19 septembre au festival “Créer au féminin”, organisé par Femme Phare.

Ces rendez-vous viendront ainsi prolonger l’expérience d’un projet pensé comme une traversée intime et spirituelle.

Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella

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