John Wall Marc-Henley Augustin a plusieurs cordes à son arc. Graphiste, vidéaste, entre autres, il s’identifie surtout comme un passionné de photographie. Pour lui, la photo est bien plus qu’une simple image, c’est un témoignage vivant, un mélange subtil de sensibilité et de créativité. Dans une entrevue accordée à Chokarella, il revient sur sa passion, ses défis et ses projets d’avenir dans ce domaine.
« Wi non an anpil », plaisante-t-il en se présentant. Derrière cet humour spontané, Marc-Henley cache un parcours façonné par la passion, la persévérance et un regard unique sur le monde. Fils d’un bibliothécaire, il grandit entouré de mots, mais ce sont les images, comme des couvertures de Ticket Magazine, des photos de sport, des clichés chargés d’émotions, entre autres, qui l’envoûtent. Très tôt, il devient « le fotograf kay la », celui qui immortalise anniversaires et moments familiaux.
Pour lui, la photographie dépasse la simple capture. Elle projette sa vision, son âme et sa sensibilité vers l’extérieur.
« Chaque image est un témoignage vivant, une trace indélébile d’un moment qui ne reviendra jamais », confie-t-il. Sans le savoir, il façonne alors sa sensibilité artistique, aiguisant son regard pour raconter au-delà des mots.
Les débuts difficiles
Le chemin vers la photographie professionnelle n’est jamais linéaire. Pour Marc-Henley, les obstacles ont été nombreux : manque de matériel, doutes extérieurs, critiques acerbes. En parallèle de ses études, il rejoint Haïti Tempo comme graphiste, puis Tapin Haïti, où il devient photographe par nécessité. Cette expérience se transforme en révélation.
« Ma première déception ? C’était à mes débuts chez Loop Haïti, quand j’ai été critiqué par certains. Mais finalement, ces critiques ont été un vrai moteur », se souvient-il. Ironie du sort, c’est aussi chez Loop Haïti qu’il obtient ses premiers signes de reconnaissance, prouvant qu’il n’est plus seulement celui qui prend des photos, mais un œil capable de raconter.
Un moment inoubliable
S’il y a eu des déceptions, il y a aussi eu de grands moments de fierté. Pour Marc, l’un d’eux reste la capture de la star argentine Lionel Messi lors d’un match de l’Inter Miami.
« Mon premier grand succès ? Fè foto Messi, mezanmi ! », lance-t-il en riant.
Bien qu’il ne soit pas un fan inconditionnel, il reconnaît l’importance de ce cliché.
« Même si je ne suis pas particulièrement fan de lui, je sais que c’est un moment unique dans mon parcours, probablement l’un de mes plus grands succès », confie-t-il.
Immigration et nouveaux défis
Comme beaucoup de compatriotes, Marc-Henley a récemment immigré aux États-Unis. Ce déplacement est à la fois un défi et une opportunité.
« Mon intégration en tant que photographe aux États-Unis est un véritable défi. Le marché est vaste et compétitif. Mais je le vois comme une chance, car cela m’oblige à me dépasser et à affirmer mon identité artistique. Ici, certaines choses sont plus accessibles, comme l’achat de matériel ou l’accès à de grands événements », explique-t-il.
Il ne tarde pas à s’impliquer dans la diaspora haïtienne à travers Faces of Haïti et à obtenir des accréditations prestigieuses auprès de la CONMEBOL, de la CONCACAF et de l’Inter Miami.
« Collaborer avec Faces of Haïti me permet de m’intégrer à la communauté haïtienne aux États-Unis. Et obtenir ces accréditations me donne accès à des événements majeurs », se réjouit-il.
La photographie d’aujourd’hui et perspectives d’avenir
Dans un monde où la photographie est omniprésente, il est difficile de se démarquer. Pour Marc-Henley, la différence se joue dans l’âme derrière chaque image.
« Aujourd’hui, la photographie est partout et accessible à tous. Ce qui fait la différence, c’est l’âme derrière l’image. Je veux capturer non seulement l’apparence, mais aussi l’essence », explique-t-il.
Pour lui, la photographie est à la fois un art, une responsabilité, un héritage et un métier qui lui permet de vivre. En regardant vers l’avenir, il se fixe des objectifs ambitieux.
« Dans cinq ans, je souhaite diriger un studio créatif reconnu et collaborer sur des expositions thématiques. En tant que photographe sportif, j’aspire à couvrir de grandes compétitions internationales. Et dans dix ans, je veux transmettre mon savoir et ouvrir des portes aux jeunes talents de ma communauté », affirme-t-il.
Aux jeunes aspirants photographes, il laisse trois conseils : « Sois passionné, car la photographie n’est pas seulement un métier, c’est une vocation. Travaille ton regard, car la technique s’apprend, mais ta sensibilité fera la différence. Et sois patient et constant, car chaque cliché te rapproche un peu plus de ta vision et de ton identité artistique. »
Crédit photo couverture : KB Flash
Par Michelet Joseph © Chokarella