Le rappeur, chanteur, musicien et auteur-compositeur haïtien Toby Anbakè propose, ce vendredi 15 août, son premier album rap intitulé « Rien À Perdre (RAP) », en deux versions : « Nothing to Lose et Still Nothing to Lose ». Cette sortie intervient après plus d’une décennie de carrière. À l’occasion de la sortie de son opus, il était de passage sur Chokarella dans une interview avec Carel Pedre pour évoquer les processus de création de ce projet, tout en se confiant sur son avenir musical.
De son vrai nom Owen Martinez Fava, Toby Anbakè est un artiste multi-instrumentiste né le 3 novembre 1990 à Port-au-Prince et ayant grandi au Cap-Haïtien. Dès son plus jeune âge, il baigne dans la musique. À l’école, il fait partie de la fanfare en tant que batteur et chanteur. Bien qu’il soit passionné de musique classique haïtienne, l’auteur de « Vibe sou Vibe » a été influencé par son frère aîné, feu St Fleur, qui écoutait du rap.
« Durant mon enfance j’écoutais des musiques classiques parce que mon père vendait des CD, d’ailleurs Richie est mon musicien préféré. Cependant mon frère aima écouter d’autres styles musicaux dont le ragamuffin. Et il fut un vrai fan de Original Rap Staff », se souvient-il.
Avant l’arrivée de cet album, sur lequel il a invité huit artistes dont Fatima, Freedom et Mechans T, Toby avait publié plusieurs projets à succès que l’on peut classer dans la catégorie variété, dont Migrasyon, un opus en duo avec la chanteuse Vanessa Désiré. Toutefois, il n’avait jamais proposé une compilation exclusivement rap.
« A priori je suis un rappeur, je me souviens lorsqu’un frère me disait que je chante bien, et pourquoi je veux offrir un album rap. Bien que je puisse faire tout type de musique mais le rap c’est le genre qui fait vibrer mon cœur, qui me fait avoir la chair de poule, déclare-t-il, de plus, j’étais l’unique rappeur de ma génération qui n’avait pas encore un album Rap ».
Pour lui, ce projet symbolise son identité, en tant que membre de la génération 90. « Il était nécessaire de produire un projet de cette envergure parce que c’est ce rap que j’aime, ce genre d’instru, entre autres, comme j’aime le dire c’est ça la culture. Je viens d’une génération qui a été bercée par la voix de Snoop Dogg, Eminem, Jay-Z, Youssoupha, Wu-Tang et C-Project… », explique-t-il.
Ce double album de vingt titres, produit par huit beatmakers dont Majesty, BBO et Dedstyl, se présente comme une lueur d’espoir pour le rap kreyòl. Selon Toby, le genre perd progressivement son originalité en Haïti en raison de l’évolution de la musique et des exigences du public. Aujourd’hui, la majorité des artistes qui s’étaient identifiés comme rappeurs explorent d’autres styles pour satisfaire le marché. Mais Toby, artiste polyvalent, souhaite rester fidèle à sa liberté créative et proposer ce qu’il ressent.
« Je suis une personne qui n’aime obéir aux normes, c’est pour cette raison les personnages me disaient que je suis une personne désordonnée, je n’aime pas lorsqu’on me dit ce que je dois faire et c’est pour cela je n’aime pas lire les commentaires des gens. Très souvent je délivre ce qui trotte dans ma tête, je m’en fous de mon entourage », raconte-t-il.
Selon lui, il ne cherche pas à entrer en compétition avec ses pairs, préférant profiter de sa créativité. « Imaginez-vous j’ai publié mon morceau Sa Plis Ke Love un dimanche gras en plein carnaval, c’était un 14 février, tous les gens bougent sur le rythme des meringues carnavalesques, je devrais être sur la même longueur d’onde mais non », raconte-t-il, avant de préciser qu’il ne se base pas sur l’aspect commercial pour produire ses œuvres.
Rien À Perdre rend hommage à la culture hip-hop et à son identité. À travers cet opus, l’artiste se met à nu pour exprimer ses émotions. « Je considère cet album comme l’histoire de ma vie, d’ailleurs je le vois comme une fiche technique qui peut me représenter, il y a des morceaux qui sont figurés là-dessus que j’ai écrit entre 14 et 15 ans quand j’étais à l’école, je les ai conservés », avoue Toby.
L’interprète de Survivor explique avoir mis plusieurs années pour finaliser l’album, et que ce n’était pas un long fleuve tranquille. « J’avais mis deux ans dans la production du projet car je suis exigeant envers moi-même, très souvent les gens me disent que c’est parfait mais je dois le ressentir d’abord », souligne-t-il.
Par ailleurs, l’artiste raconte qu’il avait perdu tous les premiers enregistrements, retardant la sortie prévue pour le 18 mai 2024. « J’étais obligé de retourner au studio pour enregistrer les sons et demander à Adams Beats de refaire quelques instrus », relate-t-il.
La production exécutive a été assurée par Sousbeat. « Il était toujours là avec nous dans le studio, pour avoir son service j’ai dû conduire pendant trois heures pour aller le chercher ensuite je faisais la même chose pour aller le déposer chez lui, lâche-t-il, parfois j’ai loué un studio pour une semaine, nous devions travailler sans relâche durant ce temps imparti afin de faire le maximum », détaille-t-il.
Après avoir enregistré toutes les chansons, Toby s’est retrouvé dans l’embarras du choix : avec plus de soixante titres, il devait en sélectionner vingt, exclusivement rap, pour composer l’album, diffusé en deux versions : Nothing to Lose et Still Nothing to Lose, respectivement onze et neuf morceaux. « Je comprends qu’en 2025 personne ne va pas écouter un projet rap de vingt titres et c’est là que je vois qu’il est important de le présenter ainsi », dévoile-t-il.
Enfin, Toby précise qu’il a d’autres vidéos et visuels à dévoiler prochainement et souhaite organiser un concert pour offrir à ses fans une performance live. « Ce que je fais dans le studio, je peux le proposer sans auto-tune sur la scène », conclut-il.
Regardez l’interview complète de Carel Pedre avec Toby Anbakè sur la chaîne YouTube de Chokarella ci-dessous :
Par Youbens Cupidon © Chokarella