Carel in the Morning : Elikya Ngoma, une Haïtienne sur le chemin des sonorités caribéennes

Invitée de l’émission Carel in the Morning, ce mardi 12 août 2025, la journaliste, productrice musicale et artiste haïtienne Elikya Ngoma a partagé ses réflexions sur la diversité et les similitudes des musiques caribéennes. De son parcours personnel, marqué par une immersion précoce dans la musique au sein d’une famille d’artistes, à son intérêt pour le Konpa, le soca, le rara, le bouyon ou encore le carnaval, elle revient sur la manière dont ses expériences, ses recherches et ses créations se nourrissent des traditions culturelles de la région, tout en y apportant une approche contemporaine.

De son vrai nom Brenda Angomar, elle est née aux États-Unis dans une famille chrétienne imprégnée de culture musicale. Elle explique que son nom de naissance est d’origine africaine, mais qu’elle a adopté « Elikya Ngoma » comme nom de scène. Dès son plus jeune âge, elle baigne dans un univers musical, influencée notamment par son oncle, Adrien Altema, maestro reconnu au Cap-Haïtien.

« Il y a plusieurs membres dans ma famille qui jouent des instruments, il y en a même qui ont la capacité d’en jouer plusieurs. Moi, j’ai commencé à apprendre la musique à 5 ans. En faisant cette étude, je me suis plongée dans l’histoire des Noirs, en particulier l’histoire d’Haïti », explique-t-elle.

Dans ses œuvres, elle cherche à intégrer une approche historique. « Ils étaient déjà mariés, car la musique est l’expression d’une culture. Lorsque nous regardons cette expression artistique dans une certaine place, vous regardez également l’histoire. C’est une approche que nous pouvons faire aussi dans l’art culinaire ou d’autres choses liées à la culture. Mais je préfère la musique », confie-t-elle.

Elikya Ngoma débute comme pianiste avant de se tourner vers la production musicale, entre 2017 et 2019, lors de la création d’un hymne pour une organisation non gouvernementale. « J’étais membre de l’organisation The African People’s Socialist Party The Movement. J’ai travaillé avec quelqu’un sur la production d’un hymne pour la structure. Je devais expliquer à quoi doit ressembler le son. C’est à ce moment-là que je suis tombée amoureuse de la production », se souvient-elle.

À la suite de cette expérience, elle apprend le beatmaking et produit sa première instrumentale. « À travers le son que je voulais créer, j’essayais de produire quelque chose que les Caribéens peuvent écouter sans être gênés », précise-t-elle. En 2020, avec l’arrivée de la pandémie, elle consacre davantage de temps à sa passion, explore d’autres courants musicaux et sort son premier album, Freedom In The Mix.

« Je ne voulais pas faire un album commercial, mais plutôt chercher à devenir une artiste commerciale, et je voulais voir ce que je peux produire en tant qu’artiste. À travers cet opus, j’ai mélangé du gospel et du folklore simultanément. Il y a d’autres sons qui sont issus d’un mélange d’afrobeat et de soca, de compas et de salsa », poursuit-elle.

Bien qu’issue d’une famille chrétienne, Elikya explique avoir découvert la musique urbaine grâce à ses cousins et aux médias. Ce choix n’a pas été bien accueilli par ses parents, mais elle affirme l’importance que cette musique revêt pour elle. « La musique noire est spécifique, bien que toutes les musiques soient des musiques noires de toute façon. Les chansons caribéennes m’intéressent beaucoup, en particulier la musique haïtienne, car mes parents viennent d’Haïti et moi aussi je suis haïtienne », précise-t-elle.

S’appuyant sur son expérience, elle observe des ressemblances marquées dans les musiques de la région. « En écoutant les différents styles musicaux produits sur les îles de la Caraïbe, je remarque qu’il y a beaucoup de similarités. Ils utilisent les mêmes instruments, les rythmes sont similaires également. Il n’y a pas une différence, c’est juste une question de langue, mais elles sont vraiment fascinantes », note-t-elle.

Parallèlement à ses créations, Elikya Ngoma mène des recherches sur la musique caribéenne et rédige des documents qui, selon elle, s’inscrivent à la fois dans son processus d’apprentissage et dans la transmission des savoirs. Elle souhaite ainsi faciliter la compréhension de ces sonorités auprès de ceux qui s’y intéressent.

Regardez l’interview complète de Carel Pedre avec Elikya Ngoma sur la chaîne YouTube de Chokarella ci-dessous :

Par Youbens Cupidon © Chokarella

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