“The Heroes of the Massacre River” projeté à Port-au-Prince

En partenariat avec Gwoup Konbit, Banj a organisé, le 9 août 2025, la première projection à Port-au-Prince du documentaire “The Heroes of the Massacre River” réalisé par Samuel Dameus. L’événement a rassemblé près de 70 participants et s’est prolongé par un débat conduit par Gwoup Konbit et le PDG de Banj, Marc Alain Boucicault. Modérée par Gladimy Jean, la séance a été marquée par des échanges nourris, notamment parmi les jeunes spectateurs attentifs au propos du film.

La veille, le 8 août, la conseillère municipale de New York, Rita Joseph, avait salué la même œuvre lors de sa première projection new-yorkaise au Brooklyn Children’s Museum, en remettant à son auteur des citations officielles reconnaissant sa portée culturelle et historique.

Réalisé par le photographe et cinéaste haïtien Samuel Dameus, The Heroes of the Massacre River retrace l’histoire d’Haïti à travers la rivière Massacre. Le documentaire montre les terres, cultures vivrières, modes de vie et scènes du quotidien des habitants. Le récit traverse plusieurs périodes, de l’époque coloniale et du massacre du persil de 1937, jusqu’au mouvement citoyen actuel autour du canal d’Ouanaminthe.

Anciennement appelée Guatapana, la rivière Massacre forme la frontière naturelle entre Haïti et la République dominicaine. Elle a été le théâtre de conflits depuis l’époque des flibustiers et boucaniers français, ainsi que de tragédies historiques comme le massacre de 1937. Aujourd’hui, elle est associée à des initiatives citoyennes telles que le chantier du canal d’Ouanaminthe.

Le documentaire est présenté comme le premier consacré au mouvement “Kanal la pa p kanpe”, lancé en 2023. Pour Samuel Dameus, il s’agit avant tout d’un travail de préservation de la mémoire collective : « Mwen te santi se te yon obligasyon moral pou m dokimante sa », a-t-il expliqué au micro de Carel Pedre, le 11 juillet dernier.

Fanfan Casimir, alias Dave Champion, membre de l’équipe de réalisation, revient sur le tournage : « Nous avons passé dix jours à filmer, entre Ouanaminthe et Port-au-Prince. C’est avec un sentiment de fierté et l’impression d’être pleinement vivant que j’ai participé à ce projet, qui montre qui nous sommes en tant que peuple. »

Pour Marc Alain Boucicault, la projection de Port-au-Prince a eu un caractère particulier : « Ce qui est particulier avec cette séance, par rapport à celle organisée à Washington, c’est l’émotion qui se dégage de ce public. L’histoire derrière la production de ce film est aussi importante que le film lui-même. Ne voulant pas rater ce moment historique, comme ce fut le cas pour le mouvement Kitanago, Samuel s’est investi corps et âme dans cette réalisation, cherchant notamment des fonds auprès d’internautes, un exemple supplémentaire de konbit. »

Etzer Emile, économiste et intervenant du documentaire, en retient un message clair : « Dès qu’il y a la volonté, on peut accomplir de grandes choses. »

Pour Rubson Brumaire, représentant de Gwoup Konbit et animateur du débat, ce film dépasse le cadre du documentaire : « C’est avec fierté que j’ai regardé ce film, qui va au-delà du documentaire classique, car il met en avant l’importance du konbit tout en soulignant un aspect anthropo-sociologique du peuple haïtien. Ce film compte parmi les travaux les plus marquants de cette génération, à l’image de l’opération Kitanago. »

Une spectatrice a souligné la dimension prospective de l’œuvre : « Ce film peut servir de tremplin pour aider des experts, économistes et sociologues, à réfléchir sur l’héritage de cette génération pour la suivante. »

La production a mobilisé Angie Ethanol (lead), Joseph Conventong (direction de la photographie), Ricky Compère (drone) et Fanfan Casimir (caméra).

Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella

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