L’Espace Culturel Vertières prépare Zantray 2025 autour d’Anacaona

L’organisation montréalaise Espace Culturel Vertières annonce la deuxième édition de « Zantray », un spectacle immersif intitulé « Anacaona : mémoire autochtone et identité créole », qui sera présenté le 25 octobre 2025 à la Cinquième Salle de la Place des Arts, dans le cadre du Mois créole à « Montréal ». Le spectacle est conçu et mis en scène par Paul-Harry Grégoire, metteur en scène et directeur artistique de l’Espace.

L’édition précédente, « Zantray 2024 », avait été conçue pour favoriser le dialogue interculturel, célébrer la diversité et promouvoir la mémoire collective par le biais de la création artistique. Cette année, l’événement revient avec une nouvelle thématique centrée sur Anacaona, figure féminine emblématique de l’histoire caribéenne. « Espace Culturel Vertières est fier d’annoncer la tenue de la deuxième édition de Zantray, un événement artistique d’envergure qui, cette année, mettra en lumière la figure d’Anacaona, reine taïno, poétesse et symbole de la résistance autochtone », peut-on lire dans le communiqué de l’organisation.

Ce projet artistique se veut profondément multidisciplinaire. Il combine théâtre, chant, danse, musique, performance et poésie scénique. Sur scène, une vingtaine d’artistes issus des communautés afrodescendantes, autochtones et créoles interpréteront une version réimaginée de l’histoire d’Anacaona, à la croisée de la mémoire et de la création contemporaine. Le spectacle est dirigé par Paul-Harry Grégoire, qui affirme travailler depuis plus de vingt ans « à la croisée des formes artistiques et des mémoires collectives », tout en portant « une attention particulière aux voix marginalisées, aux récits de la Caraïbe et aux formes d’expression engagées ».

Anacaona, poétesse et dirigeante politique taïno, fut l’héritière du royaume de Xaragua, situé sur l’île d’Ayiti. Connue sous le surnom de « Fleur d’Or », elle demeure une figure centrale de la résistance autochtone dans les Caraïbes. Sa mémoire, à la fois politique et poétique, continue d’alimenter des réflexions contemporaines sur la dignité, la transmission et la souveraineté. Paul-Harry Grégoire justifie ainsi son choix : « Anacaona est un personnage historique. C’est une voix, une intelligence, une mémoire vive. Elle incarne la résistance, la beauté, la dignité. Nous voulons offrir au public une expérience sensorielle, intime, où chaque geste, chaque mot, chaque note de musique participe à la transmission d’une histoire ancienne et actuelle à la fois ».

Selon le metteur en scène, la figure d’Anacaona résume les croisements entre les histoires, les luttes et les identités. « L’histoire d’Anacaona est celle de plusieurs peuples. Elle est au croisement du monde taïno, du monde africain, du monde créole en devenir. Cette figure féminine, poétique et politique, est une passerelle entre les mémoires », précise-t-il. Il envisage la scène comme un lieu de réappropriation : « C’est pourquoi la scène deviendra un espace sacré, où les arts vivants sont convoqués pour donner forme à une mémoire partagée ». Le travail de Grégoire s’inscrit dans une démarche plus large, orientée vers l’exploration de la mémoire coloniale, de la spiritualité, de l’identité et de la poésie du corps. Pour lui, le spectacle vivant constitue « une forme de résistance, un rituel, un moyen de reconnecter les communautés à leur passé et de leur permettre d’imaginer un avenir commun ».

Zantray 2025 se présente comme un projet à la fois artistique, éducatif et politique. Il entend valoriser les mémoires autochtones, africaines et créoles à travers des formes contemporaines, encourager la participation active des communautés historiquement marginalisées à la vie culturelle, et offrir des espaces d’expression, de création et de représentation. Le projet vise également à sensibiliser le public aux liens entre les luttes du passé et les enjeux actuels, qu’il s’agisse de justice sociale, de décolonisation, de réappropriation culturelle ou de féminisme.

L’équipe artistique porte également une ambition de réparation symbolique, par la mise en lumière d’héritages souvent oubliés ou négligés. « Nous voulons que ce spectacle soit un acte de mémoire mais aussi un acte de solidarité. Qu’il permette aux jeunes des communautés autochtones et afrodescendantes de se reconnaître dans une histoire de force et de beauté. Qu’il crée des ponts, des complicités, des filiations nouvelles entre les peuples », affirme Paul-Harry Grégoire.

La distribution artistique est composée de figures venues d’horizons divers. Parmi elles, la chanteuse Rebecca Jean, active sur la scène haïtienne au Québec, la troupe EKSPRESYON spécialisée en danses afro-caribéennes contemporaines, le chef d’orchestre Dickens Princivil, connu pour ses arrangements musicaux, ainsi que l’ensemble musical Oktoecho, engagé dans les croisements culturels. Rebecca Jean revient sur sa participation : « Lorsqu’on m’a approchée pour faire partie de la distribution de Zantray, j’ai ressenti un appel électrisant. Ce projet est exceptionnel, car il nous rappelle que nous avons cheminé côte à côte ».

L’événement inclura également des étudiants du Cégep Gérald Godin et d’autres établissements scolaires, qui partageront la scène avec des artistes professionnels. Une manière pour les organisateurs d’inscrire le projet dans une dynamique intergénérationnelle, où l’échange de savoirs et d’expériences vient renforcer la mémoire collective.

Basé à Montréal, l’Espace Culturel Vertières est un organisme à but non lucratif œuvrant à la valorisation des cultures caribéennes, afrodescendantes et autochtones. Il propose des plateformes dédiées à l’éducation, au dialogue interculturel, au développement durable et à la célébration collective. L’objectif affiché est de contribuer à une société plus inclusive, en multipliant les projets éducatifs, artistiques et communautaires.

L’organisation affirme placer la diversité au cœur de ses valeurs, qu’elle considère comme un fondement essentiel du multiculturalisme. À travers ses activités, elle entend offrir non seulement des moments de création et de réflexion, mais aussi des espaces où les récits multiples peuvent être entendus, transmis et transformés collectivement.

Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella

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