Connu sous le nom de scène Dumano Haïti, Anderson Dumano, chanteur haïtien actif sur la scène musicale depuis plusieurs années, a récemment intégré le groupe Klasik basé à Boston. Cette intégration, annoncée en juillet par la formation via les réseaux sociaux, a également été confirmée par l’artiste, ancien membre du groupe Alezi #1, lors d’un entretien accordé à la rédaction de Chokarella.
Originaire de Miragoâne et issu d’une famille chrétienne, Anderson s’est passionné dès l’enfance pour deux instruments : la guitare et sa propre voix. Très jeune, on le retrouvait muni de son instrument, participant à divers événements dans les rues et les quartiers. Ses premières compositions enregistrées en studio, « Baby ou manke m » et « Ou chanje vi mwen », diffusées entre 2017 et 2018, l’ont fait connaître dans la région des Nippes.
En 2019, après sa participation au concours Podium Quartiers, organisé par la RTVC et Real Production, Dumano rejoint brièvement le groupe K-dans dirigé par Jude Jean. Son intégration fait suite à un stage qu’il dit avoir réussi. Cependant, il ne montera sur scène avec ce groupe qu’à une seule occasion, avant de se tourner vers une carrière solo, freinée par la situation sécuritaire et sanitaire en Haïti, qui avait rendu les prestations du groupe difficiles.
Il rejoint ensuite Alezi #1, un groupe de Pétion-Ville, avec lequel il évolue jusqu’à son départ pour les États-Unis. Aujourd’hui, il met sa voix au service du groupe Klasik de Boston.
Dans son entretien à Chokarella, Anderson Dumano revient sur son arrivée aux États-Unis en juin 2024. Il explique avoir envisagé plusieurs options professionnelles dans le milieu musical. « C’est un choix qui n’était pas facile, parce que j’avais à opter soit pour Disip ou Djakout #1. Vu les conditions, au final j’ai dû choisir Klasik de Boston pour continuer à faire ce que j’aime au sein de cette équipe », déclare-t-il.
Le chanteur revient également sur son parcours dans la musique. « Le début de ma carrière est à la fois facile et difficile, avoir l’opportunité d’élever dans une famille chrétienne où mon père était un musicien, qui jouait de la basse, le chemin de la musique était tracé pour moi. Ma maison était remplie de guitares, et tout petit j’apprenais à jouer la guitare, avant même de chanter », raconte-t-il.
À la maison, les sorties nocturnes étaient limitées. Son père l’accompagnait régulièrement lors des prestations. Peu à peu, les demandes se multiplient pour le jeune artiste, qui commence à se produire dans les écoles, les églises et les activités culturelles locales.
L’étape décisive de Podium Quartiers en septembre 2019 reste marquante malgré son élimination. « Ça m’a permis de savoir qu’on peut être un champion sans trophée, car moi-même j’étais un champion. Cette expérience m’a motivé pour ne pas laisser tomber la musique et devenir plus mature », affirme-t-il.
Après cette visibilité, sa carrière solo se précise. En octobre 2020, il publie un vidéoclip intitulé Distans, dans lequel il évoque une relation à distance. « Distans bò kote mwen, Manvi w bò kote mwen, Pou vin dolote mwen la la la la le (bis), Sim te ka vole al jwenn ou, Antre san viza san paspò, Sim te ka vole vin jwenn ou, Antre san malèt san paspò », chante-t-il. Le vidéoclip est diffusé sur plusieurs chaînes haïtiennes et cumule aujourd’hui environ 35 000 vues sur YouTube.
Anderson Dumano évoque aussi son bref passage dans K-dans. Il se dit insatisfait de la durée de cette collaboration, tout en affirmant ne pas regretter les moments partagés avec Jude Jean : « Je n’ai pas regretté de partager microphones et scènes avec Jude Jean, l’un des plus grands chanteurs haïtiens. » Concernant Alezi #1, il affirme que cette expérience lui a permis de progresser. « Avec Alezi #1 je me retrouvais mieux dans le compas, ça m’a apporté plus de fans, une habileté scénique, et beaucoup plus de disciplines. »
Installé désormais aux États-Unis, le natif de Miragoâne souhaite continuer à évoluer dans le compas, un genre musical qu’il considère comme sa passion. Il évoque son attachement à cette musique, source de stabilité émotionnelle et économique. À son public, il demande de rester attentif : « Y ap jwenn yon new vibe, yon lòt look nan men atis yo a », déclare-t-il. Il évolue désormais au sein de Klasik de Boston, sous la direction de celle qu’il appelle « Manager Betty ».
Par Frantz Junior Petit-Frère © Chokarella