Le chanteur haïtien Oja Désun a publié, le dimanche 3 août, le vidéoclip de sa chanson « Soufri » sur les plateformes de streaming. À travers ce morceau aux sonorités afro-caribéennes, l’artiste évoque la souffrance sentimentale, qu’il décrit comme indissociable de l’expérience amoureuse.
Pour Oja Désun, l’amour est un sentiment ambivalent, à la fois source de joie et de douleur. Dans Soufri, il interroge ses propres expériences affectives. « Cette chanson parle de la douleur que peut engendrer l’amour, même quand il est sincère. Elle montre que l’amour n’est pas toujours doux, qu’il peut aussi être cruel, silencieusement destructeur », explique-t-il dans un entretien accordé à notre rédaction.
Né à Port-au-Prince le 4 août 1999, Oja a passé son enfance à Delmas, dans une famille monoparentale, avant de quitter Haïti après le séisme du 12 janvier 2010. Il raconte avoir été très tôt attiré par les différentes formes d’expression artistique. « Cette graine artistique qui a été semée en moi est due, sans aucun doute, à l’amour et aux sacrifices immenses de ma tendre mère, Cardinal Zèthe. Elle a toujours été présente face à mes difficultés, pour faire de moi ce que je suis aujourd’hui, malgré l’absence tragique de mon père », affirme-t-il.
Bien que sensible à plusieurs disciplines artistiques, c’est la musique qui s’impose progressivement comme son principal moyen d’expression. Il développe alors un projet baptisé « Fanmi Abèy », une plateforme socio-artistique mêlant rythmes caribéens, sonorités modernes et récits personnels. « Aujourd’hui, je travaille à développer un univers socio-artistique appelé “Fanmi Abèy”, entre rythmes caribéens, sonorités modernes et textes profonds qui racontent mes vécus, mes pensées, mes rêves et mes combats », explique-t-il. Il espère également accompagner d’autres jeunes dans la valorisation de leurs talents.
Ses compositions s’inspirent en grande partie de ses souvenirs d’enfance : les musiques écoutées à la maison, les fêtes de quartier, les bruits ambiants, les voix des aînés. Ces éléments nourrissent son univers musical et poétique. « Cet environnement à la fois riche culturellement, bien que difficile parfois sur le plan social, a marqué mon enfance d’une manière simple et précieuse », affirme-t-il.
C’est en 2006 qu’il commence à s’investir sérieusement dans la musique, rédigeant d’abord des textes poétiques. « À cette époque, j’étais en pleine recherche de moi-même, et écrire des textes m’a aidé à canaliser mes émotions. C’est devenu un besoin vital, puis, peu à peu, une passion, et enfin, une vocation », confie-t-il. Il se souvient de ses débuts, entre freestyles entre amis et premières compositions personnelles. « Au départ, je faisais des freestyles entre amis, puis j’ai commencé à écrire mes propres chansons correctement. »
À travers ses morceaux, Oja dit livrer des fragments de sa propre histoire. Il constate néanmoins que de nombreuses personnes se reconnaissent dans ses textes. « Des gens me disaient que mes textes les touchaient, qu’ils s’y retrouvaient. C’est là que j’ai compris que j’avais quelque chose à apporter, et que je devais aller plus loin. »
Son univers musical s’ancre dans un mélange de genres, à la croisée du rap, du compas, de la musique racine et des influences afro-caribéennes. Il revendique une volonté de rester fidèle à lui-même tout en explorant différentes formes musicales. « J’essaie toujours de rester authentique dans mes textes, tout en jouant avec les rythmes et les émotions. Mon style est en constante évolution, à l’image de mon parcours », précise-t-il.
Sa culture musicale, il la construit en écoutant aussi bien Coupé Cloué, Tropicana d’Haïti, que l’Orchestre Septentrional, pour la force de leurs paroles, ou encore Wyclef Jean pour sa portée internationale. Son objectif, dit-il, est de produire une musique qui suscite réflexion tout en étant accessible. « Créer une musique qui parle à la fois à la tête et au cœur. Je veux que mes sons soient profonds, mais aussi accessibles. Pour moi, la musique doit porter du sens, refléter la réalité, mais aussi proposer de l’espoir, une énergie nouvelle. »
L’artiste cite également des musiciens africains comme Omah Lay, Olamide, C Kay et Goya Manor, qui, selon lui, lui ont montré que poésie et authenticité peuvent cohabiter dans un même style. « Ils m’ont appris que l’authenticité et la poésie peuvent coexister dans mon style musical afro-caribéen », observe-t-il.
Il décrit aujourd’hui son écriture comme « mature mais également vulnérable ». Le vidéoclip de Soufri, selon lui, marque une étape importante dans sa trajectoire artistique. « J’aimerais que ceux qui écoutent cette chanson se sentent compris dans leur souffrance, qu’ils sachent qu’ils ne sont pas seuls à ressentir ces contradictions », déclare-t-il.
Dans les semaines à venir, Oja Désun prévoit de poursuivre ses explorations artistiques, notamment dans le domaine de la production musicale. « Les jours à venir seront donc consacrés à la mise en œuvre de mes ambitions et à l’exploration de nouvelles opportunités créatives. »
Il se produira le 23 août en première partie du concert de l’artiste nigérian BNXN au Royal Boston. Il annonce également la sortie prochaine de son nouveau projet, “Imajine“.
Par Youbens Cupidon © Chokarella