mCo. signe « multiCo », un premier album entre mémoire, pluralité et quête intérieure

Le chanteur et artiste pluridisciplinaire haïtien mCo, de son vrai nom Collinx Mondésir, a dévoilé ce jeudi 31 juillet son tout premier album intitulé « multiCo ». Un projet désormais disponible sur l’ensemble des plateformes d’écoute. Pour l’artiste, il ne s’agit pas d’un simple produit musical : « Ce n’est pas un produit, c’est une offrande. Une trace. Une main tendue. »

À travers cet album, l’artiste offre une plongée dans ses paysages intérieurs. Il y rend également un hommage personnel à son père, décédé deux ans plus tôt d’un cancer du poumon. La date de sortie n’est donc pas anodine : elle symbolise une continuité, une filiation, une mémoire encore vive.

« Mon père est mort il y a deux ans, un 31 juillet, d’un cancer du poumon. Il est partout dans « multiCo ». dans les silences, dans les respirations, dans les mots que je n’ai pas su lui dire », explique-t-il lors d’un entretien accordé à Chokarella. La couverture de l’album constitue un hommage explicite : « Une manière de lui murmurer : je me souviens, je ne t’oublie pas, et je m’accomplis en ton nom. »

Touché profondément par cette disparition, le chanteur affirme qu’il donne vie à son père dans tout ce qu’il entreprend. Il ne considère pas ce deuil comme un frein, mais comme un moteur : « Cette perte m’a ouvert les veines de l’urgence : chanter la vie avec gravité, aimer plus fort, honorer la mémoire et transformer la douleur en lumière. « multiCo ». est aussi un dialogue avec lui, avec l’absence, avec l’héritage invisible que la mort laisse derrière. »

Ce premier album est pour lui davantage qu’un projet musical. Il y voit un espace de résonance intime, un support d’expression multiple : « C’est un miroir éclaté, une constellation d’états d’âme, d’identités multiples qui cohabitent, se heurtent, se tendent la main. Il porte tous mes noms, ceux que j’ai choisis, ceux qu’on m’a imposés, ceux que j’invente encore. C’est une tentative de rassembler les fragments, sans les recoller. » Il ajoute également que l’album se veut « une ode à la dissonance, à la pluralité, à l’indéfini. »

Composé de dix titres en français et en créole haïtien, « multiCo ». dresse un autoportrait personnel et introspectif de l’artiste. Bien que centré sur sa propre expérience, il souhaite que l’œuvre puisse toucher les autres : « J’ai voulu faire un autoportrait de moi qui est fermé sur lui-même bien que les sujets soient universels. Cependant, j’ai proposé cet opus dans le but d’inviter tous mes auditeurs à se raconter à leur tour en puisant de l’inspiration dans les morceaux qui figurent sur ce projet, dont Madame, Pale et Ale. »

L’intention est de créer un espace de reconnaissance partagée : « J’ai voulu que cet album soit un espace où l’on se sent moins seul avec ce qui palpite en silence. Un outil pour aider à nommer l’indicible et redonner du sens à ce que nous avons vécu. »

Sur le plan musical, « multiCo ». se déploie à travers plusieurs esthétiques artistiques : soul, néo-R&B, compas, ballade, pop sensible, orchestration cinématique, et jazz. Par cette diversité, l’artiste revendique son droit à la multiplicité : « Revendiquer ma multipotentialité en tant qu’une richesse non pas comme un fardeau. » Il appelle également à affronter les contradictions personnelles : « Je souhaite également que les gens affrontent leurs destins sans les fuir, tout en faisant la paix à leurs contradictions. »

L’album est conçu comme un parcours : « C’est un album-carte. Un voyage intime qui, je l’espère, résonne dans d’autres corps-mondes. « multiCo ». est un espace de métissage organique, de fusion émotionnelle. Chaque morceau a son propre ADN, sa propre température intérieure », explique-t-il, avant d’ajouter : « La musique, chez moi, épouse toujours l’état émotionnel. C’est une affaire de justesse, pas de genre. De vérité, pas d’étiquette. »

Le chanteur parle d’un style qui se développe en spirale, une boucle ouverte : « Une spirale qui revient, tourne, explore en cercles jamais refermés. » Il souhaite que les chansons soient perçues comme vivantes, texturées, portées par une dimension poétique. « Il parle autant au ventre qu’à l’âme. Il ne cherche pas à séduire mais à révéler. À révéler ce qui palpite sous la peau, ce qui se tait depuis trop longtemps », confie-t-il.

Il précise : « Mon style, c’est l’accident maîtrisé, la fragilité qui devient force, le silence qui devient mélodie. Une musique avec du vécu, brut, sans filtre. Quelque chose de nu, d’organique, qui n’a pas peur d’être vrai. Une musique de la vie, avec ses tremblements, ses replis, ses élans. »

Le message central qu’il souhaite transmettre est clair : « Vous avez le droit d’être vous. Même si ça déborde. Même si ça change. Même si ça ne rentre dans aucune case. » Pour lui, l’enjeu de l’album est de proposer « la liberté d’être, d’oser se dire en entier, être flou, pluriel, vulnérable. « multiCo ». est une permission, une main tendue dans le noir. »

À travers l’album, il traite de thématiques qu’il juge essentielles pour stimuler une réflexion personnelle chez l’auditeur. « Ces thèmes ne sont pas des choix intellectuels, ce sont des nécessités vitales ; l’acceptation de soi, c’est le point de départ de toute guérison. La mémoire, c’est notre ciment, nos racines, nos cicatrices. La spiritualité, c’est mon langage secret avec ce qui me dépasse. Et la connexion, c’est le but : me relier à l’autre, à l’univers, à l’instant. »

Il évoque ainsi les « piliers invisibles » de son existence, qui l’ont guidé dans la réalisation de cet album. L’objectif n’était pas de produire un album dans le sens classique du terme. « Je n’ai pas voulu faire un album à proprement parler. J’ai composé ces chansons dans le but de partager mes douleurs et celles des autres, avec leurs profondeurs comme point commun. »

« Celle des autres me traverse sans filtre, en fracas. Je suis hypersensible. Je vois, je ressens, je vis amplifié. Tout devient matière : un regard, un silence, une absence. La douleur est mon encre. »

Son processus de création s’est articulé autour d’un élan difficile à contenir. « Un matin, je ne pouvais plus résister. J’ai composé et produit tous les morceaux en une semaine. Ensuite, j’ai pris le temps de sculpter, de tailler les contours sans trahir l’élan initial. J’ai produit plus d’une quinzaine de morceaux. J’en ai gardé dix, ceux qui disaient l’essentiel avec justesse. »

Même si l’écriture et la composition ont été rapides, la finalisation a fait l’objet d’un travail d’ajustement avec ses collaborateurs. Le projet a été peaufiné en moins d’un mois, avec réenregistrement de certaines voix. « Je dis souvent que ça m’a pris toute une vie… parce que chaque chanson est le fruit d’années de silence, de douleurs non dites, d’observations, de décalages ressentis. L’album a jailli vite, oui, mais il portait des siècles intérieurs. »

Parmi ses collaborateurs, il cite : Jerry Jn Camille Joseph, Handy Beaubrun, Browns Louis-Charles, Rodberry Jacques, Styves Phanor, Dezobri, entre autres. Il souligne également le rôle déterminant de « l’équipe invisible » qui a permis la réalisation de l’œuvre.

Le titre « multiCo ». lui-même est porteur de sens. Il combine son prénom Collinx et les multiples « co » de sa vie : collaborations, couches d’identité, compagnons d’âme. Parmi les chansons de l’album, « NOU ∞ » occupe une place particulière. « Parce que c’est la chanson du lien. Une prière vibrante pour rappeler que nous ne sommes ni au centre, ni au-dessus. Que nous sommes un souffle dans le flux, un battement parmi d’autres. C’est un chant d’humilité, d’interdépendance et de beauté simple. Elle me traverse encore, même après l’avoir écrite. »

L’artiste confie également qu’il ne se projette pas immédiatement sur scène. « Pas pour l’instant. La musique, chez moi, n’est pas une fin, c’est un prétexte. Un langage parmi d’autres. Ce qui m’appelle, profondément, c’est l’humain. Aller vers l’autre. Créer des espaces d’expression, d’écoute, de mise en sens. Donner aux gens la permission de se dire, de déposer, de se reconstruire par la parole, par l’art, par la vibration. »

Pour lui, la suite logique de « multiCo ». consiste à aller à la rencontre, là où le besoin de parole se fait sentir. « La suite logique de cet album pour moi, c’est la rencontre, d’aller là où ça fait mal, là où ça manque d’espace, et d’y ouvrir une brèche. Offrir du souffle. Je rêve de cercles, d’ateliers, de projets communautaires où chacun pourrait se reconnecter à sa propre puissance créative. »

Il termine son propos en exprimant une reconnaissance sincère à toutes les personnes qui l’ont accompagné dans cette démarche. « Je remercie et m’excuse auprès de tous ceux qui m’ont supporté d’une façon ou d’une autre. « multiCo ». n’est pas un produit, c’est une offrande. Une trace. Une main tendue. »

L’album est disponible en écoute sur Apple Music via ce lien

Par Youbens Cupidon © Chokarella

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