Le musicien et entrepreneur haïtien Alex Abellard, invité ce mardi 22 juillet 2025 à l’émission « Carel In The Morning » animée par Carel Pedre, est revenu sur son parcours, évoquant son engagement dans la musique et les médias numériques. De ses débuts dans le groupe Zin au lancement de plateformes comme Telemix ou encore l’application Mix+, il a raconté les différentes étapes de son cheminement.
Bien avant l’essor des réseaux sociaux en Haïti, Alex Abellard avait déjà entamé un travail d’innovation avec la mise en place de Haiti Net Radio, une plateforme conçue pour favoriser les échanges entre les membres de la diaspora haïtienne. « À cause de la multitude des plateformes numériques en ce moment, il y a beaucoup plus d’interaction entre les gens qui supportent une même cause. Mais il y avait un début et nous étions là dès le commencement, par ailleurs, c’est quasiment la même chose. Toutefois, il y avait beaucoup plus de modérateur dans les forums autrefois qui empêchent les gens à dire n’importe quoi dans la communauté, c’est ça la différence », observe Alex Abellard.
Fondée à New York au début du XXIe siècle, Haiti Net Radio proposait à ses utilisateurs un large éventail de contenus, notamment des programmes radiophoniques en ligne. Par cette structure, Alex cherchait à valoriser la musique haïtienne dans toute sa diversité, tout en diffusant des informations et du divertissement. Il affirme qu’il ne s’attendait pas à un tel engouement pour son initiative. « Je suis une personne qui ne peut pas être passive, certes j’aime la musique. Si je ne suis pas en train de faire de la musique, je dois m’engager dans quelque chose qui peut coexister avec la musique », dit-il. « C’est dans cette optique que j’ai développé ce projet. J’avais eu le soutien de plusieurs personnes, dont mon frère Juno et Axel Abellard. Ces derniers m’aident dans la structuration de la plateforme à ce qui a trait à la programmation notamment », indique-t-il.
Selon lui, à cette époque, Stéphanie assurait à elle seule la présentation de tous les programmes, y compris les spectacles télévisés. Le manque de concurrence sur le marché haïtien du numérique offrait à l’équipe de gestion une certaine marge de manœuvre. « Ce qui était intéressant, en faisant des promotions, l’argent coulait à flot durant cette période, malgré que je ne l’avais pas pris au sérieux au commencement. De plus, les gens avaient l’opportunité de choisir les musiques qu’ils veulent », souligne-t-il.
Cette position d’entrepreneur dans les médias numériques, combinée à son rôle de musicien au sein du groupe Zin, lui a valu quelques tensions. Il raconte avoir été critiqué pour ne pas avoir mis en avant les chansons de son propre groupe sur la plateforme. « Parfois, les gens ont eu des doutes sur mon professionnalisme. Même les musiciens du groupe Zin me critiquaient parce que je ne mettais pas les chansons de mon groupe au-devant sur la plateforme. En revanche, je les ai dits toujours que nous n’avons pas besoin de cela, parce que je connais notre capacité », assure-t-il.
Alex Abellard évoque également la mémoire de la plateforme, dont il conserve encore les archives. « Dernièrement, je regardais quelques informations sur la plateforme. J’ai des anciens textes poétiques qui sont toujours disponibles. Si je pouvais entrer en contact avec les auteurs, je serais ravi de faire un travail en commun avec eux en ce moment », confie-t-il.
Après le séisme du 12 janvier 2010, il met fin à l’aventure Haitinet Radio, constatant un désintérêt progressif du public. Toutefois, il ne quitte pas le secteur. Il lance Haïti Mediatech, qu’il présente comme une première étape transitoire de son nouveau projet. « À travers Haïti Mediatech, nous faisons de la publicité. En rentrant dans cet univers, j’ai fait connaissance avec beaucoup de gens qui évoluent dans ce milieu, tels que Reginald George, Graphcity, qui réalisent des travaux hors pairs », se souvient-il. Il mentionne aussi ses collaborations avec Bicha sur des campagnes publicitaires pour le rhum Bakara.
C’est à ce moment qu’il découvre une passion pour la vidéographie. Cette expérience le conduit à fonder Telemix, une nouvelle entreprise de production audiovisuelle. « Haïti MediaTech a développé mon amour pour la vidéographie. Comme j’excelle déjà dans le milieu médiatique à travers Haitinet Radio, je me suis dit pourquoi pas dans la télé et la production maintenant. À l’époque, il n’y avait pas tous ces marasmes socio-politiques en Haïti. La production est quasiment impossible dorénavant », souligne-t-il.
Poursuivant dans cette voie, il fonde par la suite Mix+, une plateforme qui se veut un espace sécurisé pour conserver et valoriser les productions locales. « On a eu de jeunes talents, médecins, maquilleuses, entre autres, grâce aux productions que nous faisons à Telemix. Mais j’estime que ces contenus ne doivent pas être laissés à l’abandon. C’est là que l’idée de créer Mix+ m’est venue à la tête. C’est une plateforme qui ressemble un peu à Netflix mais qui se diffère grâce à nos productions qui s’orientent vers la production locale », avance-t-il.
Aujourd’hui, Telemix est accessible à la fois en ligne et via la chaîne 77 de Télé Haïti. Alex Abellard affirme que c’est son attachement profond à la culture haïtienne qui lui a permis de mener ces projets à terme. Malgré les contraintes financières, il dit poursuivre son engagement sans relâche.
Regardez l’interview complète de Carel Pedre avec Alex Abellard sur la chaîne YouTube de Chokarella ci-dessous :
Par Youbens Cupidon © Chokarella
