B13 signe “Rekò-Man-C”, un EP introspectif sur son parcours et son milieu

Le rappeur haïtien Celian Vagueur, plus connu sous son nom de scène B13, a présenté le 28 juin dernier son nouvel EP baptisé “Rekò-Man-C“. À travers ce projet composé de sept titres, l’artiste amorce un tournant dans sa carrière et affirme avoir changé de regard sur son approche artistique.

Dans une interview accordée à notre rédaction, B13 explique sa volonté d’adresser un message différent à son public. « Je voulais que ce projet soit différent de mes productions musicales précédentes. En fait, pour atteindre cet objectif, j’ai proposé beaucoup plus de produits à caractère social afin de donner beaucoup plus de conseils aux jeunes qui m’écoutent et j’essayais de ne pas aborder trop les thèmes qui sont liés à la violence », confie-t-il.

Celui qui définit le drill comme « un style qui est vraiment brutal » rappelle que « les mélodies de ce style, dérivé du rap, ont toujours porté des récits de rues, du ghetto et l’histoire des gens qui sont emprisonnés ». Dans cette optique, “Rekò-Man-C“, produit sous la direction du label Ventura, se veut un exercice d’introspection. B13 y évoque son propre vécu et celui de ses pairs, tentant de lever le voile sur la réalité du milieu dans lequel il évolue.

Parmi les morceaux proposés, Lè m pa t gen sandal et M Pa Panm Fè Lèd occupent une place particulière. À travers ces titres, l’artiste livre sans détour ses ressentis et les raisons de sa résilience.

Natif de Saint-Marc, Celian Vagueur est né le 23 janvier 2003 à l’hôpital Déchappelles. Passionné de musique depuis son plus jeune âge, il se souvient avoir bénéficié d’une attention particulière de la part des aînés de son entourage en raison de son tempérament calme. « Je suis une personne vraiment disciplinée, c’est pour cela que j’aime les endroits où il y a beaucoup de principes et d’amour », affirme-t-il.

Parallèlement à son goût pour le football, il a fréquenté le Collège Canado de Saint-Marc avant de poursuivre sa scolarité dans d’autres établissements privés et publics de la ville. Issu d’une famille modeste au caractère strict, B13 confie avoir connu une enfance difficile. « Bien que je n’aie pas été turbulent à proprement parler, cependant, j’étais obsédé par la musique et travailleur de nature », admet-il.

Le désir de se faire une place dans le paysage musical haïtien remonte à l’enfance. Il affirme s’être fixé pour objectif d’y parvenir avant même d’achever ses études secondaires. « Chose qui est faite, j’avais eu le support de mon entourage, en particulier mes amis, jusqu’à transposer mon rêve en réalité », raconte-t-il.

Pour décrire sa relation avec la musique, il évoque une comparaison bien connue. « Moi et la musique, c’est comme Juliette et Romero, je n’arrive pas à vivre sans les mélodies », dit-il. Selon lui, la musique dépasse le simple cadre d’un métier. « Elle m’aide beaucoup dans mon quotidien, chaque jour j’apprends de nouvelles choses grâce à elle. Outre cela, je ne peux pas m’en passer, si je ne suis pas en train d’écouter un morceau, je suis en train d’en écrire un, soit pour mes projets personnels, soit pour donner à une autre personne afin qu’elle puisse véhiculer un message fort », poursuit-il.

Bercé par les morceaux du rappeur Mechans-T, B13 raconte l’origine de son pseudonyme de scène. « Dans mon bled, tous les gens qui m’ont connu avant que je sois devenu un artiste m’appellent Billy. J’ai enlevé le B dans mon prénom afin de le combiner avec le 13 du film B13 pour créer mon pseudo », explique-t-il. Il ajoute que certains de ses proches trouvaient qu’il avait des traits de ressemblance avec les acteurs de ce long-métrage. « Pour mon intelligence, on disait souvent que je fonctionne au rythme des mafias de ce film, et j’ajoute le Dankanni pour le Drill qui est un style sauvage », précise-t-il.

Depuis la sortie de son premier single Foli Gang avec son groupe DBA Music, B13 affirme avoir pris sa carrière au sérieux. Il estime que pour percer dans cet environnement concurrentiel, « vous devez être un combattant et, pour mener une bataille, vous devez avoir le caractère d’un vrai guerrier ». Il se dit conscient des difficultés à se faire un nom à Port-au-Prince. « Il est vraiment difficile de faire un nom dans la musique, c’est ce qui m’a poussé à prendre mon parcours artistique au sérieux », souligne celui que l’on connaît aussi pour le morceau GOD.

Le rappeur admet avoir appris de ses aînés, notamment Mechans-T, qu’il considère comme une référence. « J’écoute énormément ses sons parce que je me retrouve dans ses flows et je kiffe ses stratégies tant sur le marketing que sur le plan musical », confie-t-il.

Rekò-Man-C représente, selon lui, le symbole de sa résilience. « Justement, ce projet me procure beaucoup de joie et j’en tire pas mal de leçons en grandissant dans ce milieu. Et c’est pour cela que j’ai opté pour ce titre », indique-t-il. Il en précise le sens : « Rekò désigne le succès que j’ai déjà accompli avec mon groupe et les impacts qu’auront les morceaux qui figurent sur ce projet. Le Man, quant à lui, je l’utilise pour mes potes qui partagent le groupe avec moi, et enfin le C, pour tous les coups que nous avons dû supporter. »

Parmi les sept morceaux, deux lui tiennent particulièrement à cœur : Sa m Pral Di Manman m et Lè m pa t gen Sandal. « Ces deux morceaux, ce sont mes coups de cœur sur le projet parce que je chante ma vérité et celle de beaucoup d’autres rappeurs. Puis ma collaboration avec Tony Mix, c’est ma plus grosse collaboration depuis le lancement de ma carrière, et je souhaite réaliser son visuel afin de toucher un public plus large », déclare-t-il.

Pour produire cet EP, B13 explique avoir consacré un mois et demi, avec le soutien constant de son label. « J’ai sorti le projet sous la direction de mon label Ventura, qui m’a accompagné dès la genèse du projet. Ils ne se sont pas reculés devant les obstacles, et je tiens à témoigner mes plus sincères sentiments de gratitude pour eux », assure-t-il.

Il précise également que la production n’a pas été sans difficulté. « Lors de la production de mon EP, j’avais perdu mon appétit, mon sommeil, avec beaucoup d’autres trucs que je ne souhaite pas révéler », confie-t-il.

Bien qu’il n’ait pas encore récolté le succès escompté pour son projet, B13 poursuit son parcours. « Pour le moment, je suis en train de préparer un nouveau EP qui pourrait avoir cinq à huit morceaux et j’envisage d’élargir ma discographie en collaborant avec d’autres artistes », conclut-il.

Par Youbens Cupidon © Chokarella

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