Trois auteurs haïtiens présélectionnés au Prix Théâtre RFI 2025

Trois auteurs haïtiens, Smeralda Jean Philippe Tanis, Rolaphton Mercure et Jamie Moon Dayiti, figurent parmi les douze auteur·rice·s présélectionné·e·s pour le Prix Théâtre RFI 2025. La liste a été rendue publique le vendredi 11 juillet par les organisateur·rice·s, via une annonce diffusée sur le site officiel de RFI.

Cette année encore, des écrivains haïtiens se distinguent dans ce concours en portant à la scène des textes engagés et ancrés dans les réalités sociales du pays. La sélection a été établie à l’issue d’une analyse rigoureuse menée par le comité de lecture du Collectif À mots découverts, composé pour cette édition d’Élise Blaché, Françoise Cousin et Christine Gagnepain. Trois pièces haïtiennes, signées par Smeralda Jean Philippe Tanis, Rolaphton Mercure et Jamie Moon Dayiti, ont été soumises à l’appréciation du jury du Prix Théâtre RFI.

« Cette année, nous avons lu 143 pièces provenant de 22 pays différents. Douze ont été choisies pour constituer la liste des finalistes soumise au jury du Prix RFI Théâtre 2025. Parmi ces douze, cinq ont été écrites par des autrices, lesquelles, nous le constatons, contribuent de plus en plus activement à construire le discours politique de la dramaturgie francophone et plus particulièrement africaine », peut-on lire sur le site de Radio France Internationale (RFI)

Dans leurs textes respectifs, les auteurs haïtiens interrogent les réalités sociales et politiques de leur pays à travers des récits où la violence, les luttes sociales et le poids du patriarcat occupent une place centrale. Les œuvres abordent ces thématiques en plongeant le lecteur au cœur du quotidien haïtien.

Le comédien, dramaturge et metteur en scène haïtien Rolaphton Mercure propose “Furieuse“, une pièce qui raconte L’histoire de Gerthie et de Myriam narrée par trois déesses vaudou. Gerthie, malgré son éducation chrétienne, est irrésistiblement attirée par Myriam. Elle qui, à 35 ans passés, vit toujours chez ses parents, découvre la sensualité et la puissance d’être désirée et aimée. Mais Myriam est fiancée au magnétique Fall. Cet amour restera secret et sans suite, car Myriam succombe sous les coups de Fall quand la rumeur court qu’elle vit une relation incestueuse avec son père Black. Dans un monde où l’on est jugé coupable des crimes dont on est victime, comment vivre libre ?

Un drame coup de poing qui, dans une langue lyrique, met en lumière les violences faites aux femmes et la puissance du qu’en-dira-t-on.

De son côté, la poète cayenne Smeralda Jean Phillipe Tanis présente “Epine“, un texte dans lequel l’autrice met en scène une jeune femme qui observe son image dans le miroir et y reconnaît les traits de sa grand-mère. Que faire de l’héritage des bourreaux, telle est la question. Qui plus est si le bourreau est une femme. Comment briser le silence qui entoure la violence féminine et enferme les héritiers.

Une écriture fine pour un sujet brûlant : celui des femmes bourreaux sous les régimes de dictatures, ici les Duvalier. Un propos juste et sensible sur une réalité tue et difficile.

Pour sa part, Jamie Moon Dayiti signe « Traduit du Délire », une pièce qui met des mots sur la violence des gangs en Haïti. L’histoire suit le parcours de Ti Paul Par-O Carnage, membre du gang le Nouveau Dubaï dans un quartier de Port-au-Prince.  Il a participé à la dernière tuerie sur le territoire d’un autre gang rival. Ricardo, son ami homosexuel, y a été exécuté sous ses yeux et avec son assentiment. Alors que les ruines du marché fument encore, Madan Pierre qui l’a bien connu enfant vient à lui : se rappelle-t-il qu’il voulait devenir poète et qu’il a aimé son fils Ricardo ? Le remords l’amènera à se venger et à reprendre la plume, pour faire face à ses propres tabous et retrouver son humanité.

Un polar politique écrit dans un mélange subtil de français et de créole. Une dénonciation fine et nuancée de la corruption du pouvoir, de l’implication de la communauté internationale et de l’homophobie des gangs.

Enfin, il convient de noter que le nom du ou de la lauréat(e) du Prix Théâtre RFI 2025 sera révélé le 28 septembre prochain. La remise du prix se tiendra dans le cadre du festival Les Zébrures d’Automne, à Limoges.

Par Youbens Cupidon © Chokarella

Note de la rédaction :
Nous informons nos lecteurs qu’il n’a pas été possible de trouver une photographie de Jamie Moon Dayiti pour illustrer la couverture de cet article. Cette absence n’est en aucun cas intentionnelle.

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