Chanteuse et compositrice d’origine haïtienne, Geena Titus s’impose progressivement sur la scène musicale montréalaise en cultivant une identité sonore mêlant rythmes créoles, soul, jazz et R&B. Dans un entretien accordé à Chokarella, l’artiste revient sur son parcours, les fondations de son art et annonce la sortie prochaine d’un morceau de style konpa, accompagné d’un vidéoclip.
Née en Haïti, arrivée au Canada à l’âge de trois ans, l’autrice-compositrice-interprète grandit entre deux cultures qu’elle revendique aujourd’hui dans sa musique. Installée à Montréal, Geena mêle les rythmes créoles à des influences soul, jazz et R&B, tout en restant attachée à ses origines. « Mon art est le reflet de mes racines, de mes luttes intérieures et de ma mission : transmettre de l’émotion, briser les tabous et aider les gens à se reconnecter à eux-mêmes », confie-t-elle.
La musique s’impose très tôt dans sa vie. Un refuge d’abord, puis un engagement. « Je chante depuis toute petite. J’ai toujours été fascinée par la musique, par sa capacité à transmettre des émotions que les mots seuls ne peuvent pas exprimer. » C’est à travers les épreuves et les doutes qu’elle comprend la nécessité d’en faire plus qu’une passion. « J’ai compris que la musique faisait partie intégrante de qui je suis. J’ai décidé de suivre cette voix-là, la mienne. »

Geena Titus construit un univers personnel, mêlant le français, le créole et l’anglais dans une écriture qu’elle qualifie de « douce mais intense ». Ses chansons, ancrées dans l’émotion, s’adressent aux corps et aux âmes. « C’est l’univers d’une femme en quête d’alignement, qui veut inspirer les autres à aimer leur corps, leur voix et leur vérité », précise-t-elle.
Au fil de son parcours, elle a signé plusieurs morceaux, parmi lesquels Je te veux, Se ou sèl en collaboration avec William Osias, Somebody, Pas prête ou encore Dans son jeu. Elle a également publié un premier EP, Tendre Obsession, où elle aborde des thèmes qu’elle juge essentiels : « La guérison, l’amour de soi, l’amour et l’amitié sont des thèmes qui reviennent souvent. »

Ses influences musicales vont de Lauryn Hill à Arly Larivière, de Whitney Houston aux chants traditionnels haïtiens. Un héritage musical qu’elle complète d’une admiration assumée pour certaines figures féminines. « J’ai une grande admiration pour les femmes résilientes qui transforment leur douleur en art. »
Parmi les étapes marquantes de sa trajectoire, sa participation à la neuvième saison de La Voix, au Québec, reste décisive, bien qu’aucun fauteuil ne se soit retourné lors de son audition. Une expérience qu’elle considère néanmoins comme déterminante. « Cette expérience a été une véritable victoire personnelle. C’était l’aboutissement de tout un parcours, de courage, de passion et de persévérance. J’ai offert ma vérité, ma voix, mon âme, sans retenue. » Pour elle, cet épisode agit comme un déclencheur. « Il m’a renforcée, m’a rappelé pourquoi je fais de la musique, et m’a donné encore plus de feu pour continuer à avancer, créer, et toucher les cœurs. »
Geena Titus ne suit pas de méthode précise lorsqu’elle compose. « Mes chansons naissent d’une émotion brute. Je peux être en train de marcher, de rêver, ou même de pleurer, et une mélodie me traverse. » Dans un cadre intimiste, parfois à la lueur d’une bougie, elle laisse surgir des morceaux qui, selon elle, évoquent « la guérison, l’amour de soi, l’amitié et le désir », avec une conviction : « Vous avez le droit d’exister tel que vous êtes, sans filtre. »

Aujourd’hui, elle se trouve à un moment clé de sa carrière. « Je suis dans une phase d’expansion. Mon style s’affirme, mon audience se précise, et je prends le temps de bâtir des fondations solides. » Elle annonce ainsi la sortie prochaine d’un morceau en créole, de style konpa, et d’un vidéoclip à venir. Un projet qu’elle décrit comme sensuel et engagé. « Ce sera un projet personnel, mais ouvert sur le monde, avec une narration subtile qui parle autant à l’âme qu’au cœur. »
Pour Geena Titus, le véritable tournant s’est opéré ailleurs que sur scène. « Le moment où j’ai arrêté d’attendre l’approbation des autres pour créer. J’ai compris que mon art avait de la valeur, même s’il ne rentrait pas dans les cases. » Hors du studio, elle cultive un intérêt pour le bien-être holistique, le développement personnel, la mode inclusive et l’entrepreneuriat créatif, des domaines qu’elle relie à sa démarche artistique. « Ils sont tous connectés à la même mission : aider les gens à se reconnecter à eux-mêmes. »
Refusant la quête de perfection ou la recherche d’une reconnaissance immédiate, Geena Titus se veut fidèle à elle-même. « Si mes chansons peuvent aider quelqu’un à se sentir un peu plus vivant, alors j’ai accompli ma mission. »
Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella