Dans un environnement numérique où les contenus circulent à grande vitesse, les adolescents sont exposés chaque jour à des vidéos, des publications et des messages issus de multiples plateformes. Cette surconsommation d’informations s’accompagne d’un enjeu essentiel : apprendre à analyser et comprendre ce qui est vu, lu et partagé.
C’est l’objectif de l’éducation aux médias, une démarche qui consiste à accéder, évaluer, décrypter et produire des contenus sous différentes formes. Elle dépasse la simple détection des fausses informations et interroge la manière dont les médias influencent les comportements, les opinions et parfois même les systèmes démocratiques.
Voici cinq raisons pour lesquelles cette éducation devrait figurer parmi les priorités, tant à l’école qu’au sein des familles et des communautés.
1. Tout ce qui circule en ligne n’est pas forcément vrai
Face à la multiplication des fausses informations et contenus trompeurs, il devient nécessaire de savoir distinguer le vrai du faux. Les adolescents doivent pouvoir repérer une rumeur infondée, un titre accrocheur sans fondement ou une vidéo manipulée. L’éducation aux médias les aide à vérifier l’origine d’une information, à croiser les sources et à se poser les bonnes questions avant de relayer un contenu.
Un exemple : lorsqu’un message viral attribue des propos controversés à une célébrité, il s’agit de vérifier le contexte, les sources officielles et la crédibilité des diffuseurs avant de tirer des conclusions.
2. Mieux comprendre comment les médias influencent l’image de soi et les cultures
Les médias jouent un rôle structurant dans la manière dont les jeunes perçoivent leur environnement et eux-mêmes. Publicités, clips, contenus viraux ou réseaux sociaux contribuent à façonner des normes et des stéréotypes. L’éducation aux médias invite à analyser ces représentations, à questionner les clichés et à observer comment certains discours occupent davantage l’espace public que d’autres.
Par exemple : pourquoi certaines images du corps ou certains profils sociaux sont-ils davantage valorisés dans les publicités ou sur les réseaux ? Pourquoi certaines opinions sont-elles plus visibles que d’autres ?
3. Développer un esprit critique et actif
À l’heure où les contenus défilent en continu, l’éducation aux médias encourage à ralentir et à s’interroger : qui est l’auteur d’un message ? Quel est son objectif ? Qui tire profit de sa diffusion ? Ce travail de questionnement permet de forger des opinions éclairées et d’adopter des usages numériques plus responsables.
Cette capacité critique s’avère utile bien au-delà des écrans, qu’il s’agisse de décoder une publicité politique, d’évaluer une campagne publicitaire ou de comprendre les intentions derrière une vidéo virale.
4. Se protéger face aux risques en ligne
Les jeunes internautes sont régulièrement exposés aux arnaques numériques, à la cyberintimidation ou aux violations de leur vie privée. Maîtriser les usages médiatiques permet de reconnaître ces dangers et d’adopter des comportements prudents. Apprendre à différencier un concours fiable d’une tentative de fraude, ou savoir repérer une tentative de piratage, est devenu essentiel.
Cette vigilance contribue à préserver leur identité numérique et à réduire les risques liés à la fréquentation des espaces en ligne.
5. Utiliser les médias pour s’exprimer et agir
De plus en plus d’adolescents se saisissent des médias pour porter des revendications et engager des débats, qu’il s’agisse d’environnement, de droits humains ou de santé mentale. L’éducation aux médias leur fournit les outils nécessaires pour structurer leurs messages, vérifier leurs informations et atteindre efficacement leur public.
De nombreux mouvements sociaux récents sont ainsi nés de simples hashtags, mobilisant des milliers de personnes autour de causes communes.
Une nécessité dans le monde numérique
Dans un contexte où les contenus viraux pèsent parfois davantage que les faits établis, former les adolescents à la lecture critique des médias apparaît comme une nécessité. Cette compétence contribue à en faire des citoyens plus informés et plus conscients des enjeux numériques qui les entourent.
Par Ravensley Boisrond, éditeur en chef de Chokarella