Le court-métrage haïtien “ABIZE” retenu au Toronto International Nollywood Film Festival

Le film “ABIZE“, réalisé par Luc Junior Ségur, poursuit sa trajectoire. Ce court-métrage haïtien figure parmi les finalistes du “Toronto International Nollywood Film Festival” (TINFF), qui se tiendra du 7 au 13 septembre 2025 au Canada. Le film sera projeté dans le cadre de cet événement et présenté en avant-première à Port-au-Prince.

Dans un communiqué daté du 17 juin 2025, l’équipe du film évoque « une reconnaissance exceptionnelle pour ce film intimiste, qui propose une plongée sensorielle dans les silences, les ruptures et les fragilités humaines », peut-on lire. Le réalisateur confie : « ABIZE est plus qu’un simple film, c’est une part de mon âme. »

Le film raconte l’histoire de “Ze”, un jeune homme qui entame une relation amoureuse avec “Abi”, une collègue. Les premières images baignent dans une atmosphère tendre, rapidement troublée par un élément symbolique et énigmatique. Ce détail vient fissurer l’équilibre du couple et installer une perte, une absence difficile à nommer.

Luc Junior Ségur, dans le communiqué, précise l’origine du projet : « Je ne pouvais pas parler. Il n’y avait rien à dire. Juste une douleur immense alors j’ai commencé à filmer. » Ce geste, explique-t-il, a servi de point de départ à une œuvre née d’une douleur personnelle qu’il souhaitait rendre universelle. Les personnages de “Ze et Abi” sont le fruit d’« une réflexion intime sur les relations amoureuses modernes, teintées de souvenirs personnels », explique-t-il à Chokarella, précisant qu’ils incarnent « un mélange d’émotions vécues, de moments marquants et d’observations sur la complexité des sentiments. »

Pour porter cette histoire à l’écran, le cinéaste a fait appel à Clorette Jacinthe, actrice et performeuse impliquée au sein de la Brigade d’Intervention Théâtrale d’Haïti (BIT-Haïti), dans le rôle d’Abi. Ze est incarné par Edmond Erthon, vu notamment dans “Kidnapping INC“, au Festival Quatre Chemins, ou encore dans Pèlen Tèt de Frankétienne. Ensemble, ils donnent vie à une histoire traversée par des regards, des silences et des attentes suspendues.

Diplômé du Ciné Institute, Luc Ségur a d’abord évolué dans la photographie documentaire. En 2024, il avait remporté le concours organisé à l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire. Il a notamment travaillé pour le Programme Alimentaire Mondial (PAM), documentant les communautés haïtiennes dans des contextes de crise. Avec “ABIZE“, il effectue un virage vers un cinéma personnel. « Ce film marque un tournant vers un cinéma plus personnel, plus assumé, où l’émotion prime sur le spectaculaire », indique-t-il.

Luc Junior Ségur

Le réalisateur présente “ABIZE” comme une œuvre minimaliste, portée par le ressenti. « L’amour, la perte, la nostalgie et les silences douloureux qui sont des émotions universelles », affirme-t-il. Luc Ségur espère que le public haïtien reconnaîtra dans cette œuvre l’authenticité des émotions qu’il y dépose : « J’aimerais qu’ils sortent du film avec le cœur serré, mais les yeux ouverts. Qu’ils se souviennent qu’aimer, c’est aussi risquer. Et que parfois, les silences en disent bien plus que les mots. »

La sélection d’ABIZE au Toronto International Nollywood Film Festival marque une étape importante dans le parcours de son réalisateur. Luc Ségur évoque « un rêve qui se réalise ». Le festival se clôturera par une soirée de gala le 13 septembre 2025 au Pearson Convention Center à Brampton, en Ontario. Plusieurs projets sont également en préparation, dont un long-métrage de suspense psychologique autour d’un personnage pris au piège de ses propres mensonges. « Je continue aussi de développer des histoires courtes, très humaines, centrées sur les émotions », annonce-t-il.

Avant son passage à Toronto, ABIZE sera présenté en grande première à Port-au-Prince. Selon l’équipe du film, cet événement attire déjà l’attention des cinéphiles, des critiques et des jeunes créateurs haïtiens. « La grande première du film a lieu à Port-au-Prince, dans le cadre d’un événement qui suscite déjà l’intérêt de la scène cinématographique haïtienne et des jeunes créateurs », souligne le communiqué.

Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella

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